Don't break the rules

XXV

[Magnus]

Assis sur la chaise de mon bureau, mon ordinateur allumé sur les chalets qui ont été réservés pour les fêtes de fin d'année en Haute-Savoie. Je suis surpris de voir le nom de Louis s'affichait sur l'écran de mon téléphone. Sans hésiter, je décroche inquiet d'un éventuel problème avec Alexander. 

_ Louis ? Que puis-je faire pour toi ? Je calme les tremblements de ma voix ne voulant pas l'alarmer sur ma soudaine inquiétude. 
_ Bonjour Magnus. Maryse et Alec sont partis passer l'après-midi au cimetière, me sentant pas encore à ma place, je préfère les laisser seuls et donc… Accepterais tu que nous passions l'après-midi pour faire connaissance ? 
_ Alexander connais ton programme ? Je lui demande dubitatif. 
_ Grand dieu non ! S'il le sait, il serait capable de m'enfermer à double tour dans notre chambre jusqu'à son retour. 

Je lâche un petit rire, mon regard bifurque vers ma fenêtre où, pour une fois depuis mon retour, la neige à cesser pour laisser place au soleil. 

_ Très bien. J'accepte ta proposition. Je viens te chercher dans une heure. Ils ne seront plus là. Dis-je en fermant mon ordinateur sans pour autant quitter la page des réservations. 
_ Comment tu le sais ? 

Un long silence s'installe entre nous, je me pince les lèvres, devrais-je lui informer que la visite d'une après-midi entière sur la tombe de Max fait partie de leur tradition pendant la semaine de Noël ? Et que chaque année, étant toujours seul, je les accompagnait. 

_ Oublie, c'était une question ridicule. Il ne me parle jamais de toi, j'oublie que vous avez établi un lien pendant de très longues années. 
_ Écoute, si tu es mal à l'aise, on peut oublier de passer l'après-midi ensemble. 
_ Non ! Sa voix se fait plus forte mais il se reprend vite. _ Je veux dire, n'annulons pas pour des broutilles pareil ! Et puis j'aimerais mieux te connaître. 

Je réfléchis quelques instants, pourquoi vouloir autant me connaître ? Je n'ai rien d'exceptionnel et puis si Alexander apprend que nous avons passé une après-midi complète ensemble, il risque de s'imaginer que j'ai créé ce stratagème pour me rapprocher de lui alors que ce n'est pas dans mes intentions. 

La voix grave de Louis me sort de mes pensées lorsqu'il me confirme qu'il m'attend dans une heure. Il raccroche, il est si… Joyeux et Alec semble si… Éteins que je me demande comment font-ils pour que leur couple tienne. Je repose mon smartphone sur mon bureau à côté de mon Mac et descend annoncer mon " rendez-vous " avec le petit copain de mon ex. À cette perspective, un rire sardonique s'échappe de mes lèvres à l'instant même où je croise ma mère dans le couloir qui mène au jardin d'hiver. 

_ Qu'est-ce qui se passe ? Me demande-t-elle intriguée. 
_ Je vais passer l'après-midi avec Louis Maltais. Le copain d'Alexander. 
_ C'est génial mon chéri. C'est un bon début pour qu'Alec te fasse à nouveau confiance. 
_ C'est plutôt ironique tu veux dire. Je vais devoir passer une après-midi entière avec un mec qui a réussi à rendre heureux Alexander en 15 jours alors que je n'ai pas su le faire en plus de dix ans. 
_ Arrête de dire des âneries. Dit-elle exaspérée. _ Si tu ne le rendais pas heureux, il aurait cessé votre amitié, il serait encore moins tombé amoureux de toi. Elle réfléchit quelques instants avant de reprendre son explication. _ Tu as merdé le jour où vous avez compris votre attirance mutuelle. Tu as tellement paniqué que tu n'as pas su gérer les événements à venir, c'est seulement la, que tu l'as rendu malheureux. 
_ Merci maman, tu m'aides beaucoup.

Je m'éloigne d'elle quand un éclair de lucidité me traverse l'esprit et fige ma trajectoire. Je me retourne et pointe du doigt.

_ Tu es en partie responsable de mon erreur. Tu ne m'as JAMAIS soutenu à cette époque. J'avais besoin d'aide pour que je comprenne ce qui m'arrivait, j'avais besoin de conseil et tout ce que toi et papa avaient trouvé à faire c'est de m'enfoncer encore plus en me faisant croire qu'une carrière dans l'architecture aller me rendre plus heureux qu'Alexander lui-même.