Don't break the rules

XXVIII

[Magnus]

Je suis l'homme le plus chanceux au monde. Qu'ai-je bien fait au ciel pour qu'il m'accorde la rédemption que je ne croyais plus obtenir ? 
En chantonnant des musiques de Noël, je décore l'immense sapin qui trônait nu dans le salon. Plusieurs coups viennent s'accorder au son de la musique mais je ne m'alarme pas, je reconnais ce signal, je l'ai entendu tellement de fois que je serais presque capable de sentir sa présence avant même qu'il ne frappe. 

_ Bonjour, bonjour. S'annonce Alexander dans un français parfait et gaiement. 
_ Bien le bonjour cher acolyte. Que m'avez-vous donc apporté ? Je le questionne en regardant le carton qu'il tient dans les bras. 
_ Ma mère se souvient parfaitement de la décoration froide de Noël qu'a ta mère. La mienne en a beaucoup trop, elle a décidé de vous en faire cadeau en signe d'un nouveau départ. Je regarde derrière lui en fronçant les sourcils perdus. 
_ Où est Louis ? Alec hoche simplement les épaules. 
_ Sûrement encore en train de bouder dans notre chambre. 
_ Quoi ? Dit-je surpris. _ Pourquoi ? 
_ Il trouve que je suis bien différents depuis que je t'ai pardonné et donné une deuxième chance à notre amitié. Il se laisse tomber sur l'immense canapé d'angle noir. _ Je le comprends pas, il m'a encouragé depuis notre arrivée à faire table rase du passé et quand je le fais, ça ne lui plaît pas. M'explique Alec agacé. 

Je le rejoins sur le canapé et lui donne un vague sourire. 

_ Laisse lui du temps. Il a sûrement été pris au dépourvu que nous soyons à nouveau proche d'un coup. 
_ Mais il sait que notre relation est forte ! 
_ Oui mais il ne s'imaginait pas à ce qu'elle revienne du jour au lendemain. Toi et moi savons que notre lien peut être déroutant. Laisse faire le temps, il finira par s'habituer et redevenir l'adorable Louis qui essaie de stopper le moindre conflit. Même quand ça ne le concerne pas. 
_ Tu as raison. Il me claque la cuisse en se levant. _ Bouge ton cul Bane, les décos ne vont pas se mettre toute seule comme par magie. 

Je rigole et me lève à mon tour pour l'aider à enlever les décorations que j'avais déjà installé pour pouvoir mettre les nouvelles, au véritable couleur de Noël. Ce soir c'est la veille de Noël, c'est la première fois que je décore le sapin aussi tardivement. Cette année est bizarre, bien différente des autres. 

Alec trottine jusqu'à l'extérieur pour aller chercher les deux autres cartons dans le coffre de sa voiture. Je ne peux m'empêcher de rire, cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu aussi lumineux. Même lorsque nous étions ensemble il n'était pas ainsi. Peut-être que sa vie c'est ça, lui et moi de simples meilleurs amis en couple avec un autre homme. Pourtant, lorsque je visualise l'avenir pour ma propre histoire, je le vois bien plus qu'en ami et c'est ça qui est le plus douloureux. Un amour à sens unique. Je suis coupé dans mes pensées maussades quand il revient avec les cartons sous chaque bras, je dois sûrement avoir une drôle de tête au vu de sa mine qui se ternit en me voyant. 

_ Qu'est-ce qui t'arrive ? Me questionne Alexander perdant sa bonne humeur. 
_ Rien. Dit-je en souriant. _ Je ne me souvenais plus que tu étais aussi lent qu'un escargot. 
_ Si tu avais eu le courage d'affronter quelques secondes le froid extérieur pour m'aider avec ces cartons, je serais revenue plutôt. 

Je lui donne une petite tape à l'arrière du crâne, il simule une douleur et fait une mou adorable, je ne peux m'empêcher de lui donner un baiser sur cette fausse douleur, il se fige instantanément tandis que je me recule gêné de mon geste. 
Il s'accroupit pour ouvrir le premier carton, je met un peu de temps avant de retrouver mes esprits. J'ai l'impression que cette gêne est plus profonde qu'il ne paraît. 

Deux bonnes heures plus tard, le sapin est entièrement décoré tout comme le salon. Fier de lui, Alec regarde son œuvre les mains sur les hanches. Je m'approche de lui, je passe un bras autour de ses épaules, il me regarde timidement en me donnant un vague sourire.