9. L'imposture jamais ne dure

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   La reine Oriam se trahit le jour-même. Elle arriva bruyamment dans la salle du trône de fort bonne humeur, parée à exiger la main du prince Jazmin. Quand elle aperçut Ali', elle entra dans une colère noire et hurla qu'elle ne devrait pas être ici. Puis un garde remarqua qu'elle portait les bijoux volés à ma maîtresse. Alors qu'elle tenta de nier son implication, une de ses servantes, celle qui avait été bien traitée par Alijah la veille, tenta le tout pour le tout et la dénonça. La reine entra dans une rage folle, l'insulta et la gifla ! Elle fut accusée de complicité pour trahison et d'organisation d'enlèvement et, n'appartenant pas à l'État d'Arabie, ne put être arrêtée et fut priée de quitter le pays, le continent, et de ne jamais revenir. Hors d'elle, elle se jeta aux pieds du prince, lui déclara tout son amour, le supplia de la suivre et accusa l'ancien vizir de toute cette conspiration. Les gardes l'éloignèrent difficilement. 

Ses appartements furent retournés et ses affaires négligemment entassées dans ses malles. Elle fut accompagnée, avec sa suite, jusqu'aux portes de la cité et les soldats surveillèrent son trajet et veillèrent bien à ce qu'elle ne fasse pas demi-tour.


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Pendant ce temps, au palais, c'était l'effervescence ! Tout le monde s'affairait pour préparer les fiançailles royales. Le prince et la princesse furent séparés pour être apprêtés. Des dizaines de servantes emmenèrent Alijah dans une suite spacieuse, la débarrassèrent de sa robe abîmée, la plongèrent dans un bon bain tiède et lui nettoyèrent délicatement chaque parcelle de peau avec de petites brosses douces. Elles lui massèrent les épaules, le dos, les cuisses et le cuir chevelu. Puis elles la placèrent sur une petite estrade ronde entourée des quatre grands miroirs et tournoyèrent autour d'elle en lui présentant des modèles de robes, de tissus, de matières, de bijoux, de voiles de toutes les couleurs. Heureusement qu'elles étaient réactives entre elles et qu'elles avaient bon goût, car Ali' avait l'air ailleurs, complètement dépassée par ce qu'il lui arrivait, et se laissa faire sans rien dire. On lui apporta du thé et des plateaux garnis de douceurs mais elle n'y toucha pas. 

Elle sortit de sa torpeur lorsqu'elle aperçut le soleil se coucher à l'horizon. Et elle était prête : elle portait un costume deux pièces mauve tout en tulle, au pantalon bouffant et au corset parsemé de papillons brodés. Elle avait des bagues argentées à chaque doigts, les ongles brillants, d'énormes boucles d'oreilles en or et un bijou de tête fait en diamants. Après l'avoir encore félicitée pour ses épousailles, les servantes s'en allèrent en s'inclinant et la laissèrent seule. Alijah se regarda dans l'un des miroirs et ne se reconnut point. Et pour cause : elle voyait Alla Dounia, princesse de Bah, future reine d'Arabie, prochaine Sultane. Pas Alijah la mendiante, la scélérate. Elle n'arrivait pas à sourire. Alors plusieurs clones de ma personne apparurent pour former un orchestre et jouèrent à sa réussite :

- Bravo championne ! Atteindre ton objectif en à peine une journée ! Quel exploit ! Je suis fier de toi ! Maintenant, libère-moi !

(je n'ai pas évidemment pas dit les trois derniers mots, mais je les pensais fortement !)

Mais elle ne me jeta qu'un bref regard et s'assit sur un divan, coudes sur les genoux, poings sous le menton. J'étais désappointé. Mais j'avais d'autres tours en tête. Je m'approchai et vint me coller à elle en gloussant :

- Alijah, dis-moi : maintenant que tu as volé le cœur du prince et embrasé son âme, quelle est la suite ?

Elle m'ignora une seconde fois. Nobu l'éléphant nous fit des signes avec sa trompe depuis les fenêtres. Je les fermai d'un claquement de doigts.

Alijah et la lampe merveilleuse  🧞‍♂️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant