Chapitre 5 : La photo

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Jenelle avait profité de cet imprévu pour s'éclipser et remonter à l'étage. La lumière du salon émanait encore en haut des escaliers, ce qui ne plongeait pas encore tout à fait ce premier couloir dans l'obscurité. Elle retrouva assez facilement son chemin, parcourant cette étendue de moquette foncée. Elle bifurqua et tout fut plongé dans un silence total. Elle tira sur le bout de ses manches, non rassurée de se retrouver dans une certaine obscurité. Ses yeux parcouraient les innombrables portes, toutes identiques. N'étaient-ils vraiment que quatre ici ? Elle remarqua alors qu'une d'entre elles n'était pas verrouillée. Peut-être était-ce juste un manque d'attention de la part de l'un des garçons ? Mais était-ce encore une de ces gigantesques chambres qui se cachait derrière ? Elliott serait peut-être content de savoir qu'elle avait un peu exploré les lieux, histoire de 'se rassurer' ?

Aussi doucement qu'elle était venue, elle se rapprocha de la dite porte. Elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Ce n'était pas comme si James lui avait dit de ne pas se promener à sa guise dans les couloirs... Arrivée devant la porte en bois, les yeux de la jeune femme passèrent discrètement dans l'entrebâillement. Tout était sombre à l'intérieur, et de là où elle était elle pouvait apercevoir un cadre photo posée sur une commode. Elle distinguait vaguement les contours des personnes présentes dessus mais elle pouvait facilement en compter cinq. Elle poussa légèrement des doigts la porte jusqu'au moment où un vacarme monstre résonna, semblant provenir des escaliers plus loin. Jenelle sursauta. Les voix des garçons s'élevèrent. Elle replaça la porte et se mit à trottiner rapidement sur la pointe des pieds à l'opposer du bruit. Elle eut juste le temps de rejoindre le couloir menant à sa chambre que de la lumière émanait du précédent. Elle détourna les yeux, espérant ne pas s'être fait prendre. Ou même si ils l'avaient vu, qu'elle n'inspirait aucun soupçon.

Elle tira sur ses manches et releva la tête. Et sursauta. L'épaule contre la porte de sa chambre, les mains dans les poches, Hunter la fixait de ses yeux verts perçants. Comment se pouvait-il qu'il se trouve déjà là ? Au loin, les paroles qu'échangeaient les autres garçons entre eux semblèrent se rapprocher.

- Désolée. S'empressa-t-elle de dire en déglutissant. Je ne t'ai pas entendu arriver.

Le jeune homme aux cheveux noirs se contenta de la fixer, sans même ciller. Le vert de ses yeux était si intense que c'était l'une des choses qui ressortait le plus de cette obscurité. Ce vert... Elle n'en avait plus revu de similaire depuis... Depuis lui. Qu'attendait-il ainsi ? L'avait-il suivi et ainsi vu fouiller dans leurs affaires ?

Hunter se décolla du bois sans la quitter des yeux pour s'approcher d'elle doucement. Elle tira sur ses manches et il se plaça juste à côté d'elle. Elle détourna le regard. Tout de lui ressortait du mystère. Elle le sentit se pencher vers oreille.

- C'est parce que j'étais déjà là.

Un frisson la parcourut alors que les prunelles vertes du brun observaient quelques instants en silence son cou. Là, les voix des garçons ne furent qu'à quelques mètres. Aussi silencieusement qu'il était venu, il s'en alla par là où Jenelle était elle-même arrivée. Elle prit le temps d'inspirer profondément, avant de se diriger rapidement vers la porte de sa chambre. Si elle devait encore avoir d'autres rencontres de ce genre cette nuit, autant ne pas croiser le reste de la bande. Au moment où sa main se posait sur la poignée, les garçons firent irruption dans le couloir en riant.

- Attendez les gars ! Retint l'un d'eux (Louis ?). Allons dire bonne nuit à notre invitée tout de même.

Les autres approuvèrent et déjà ils se dirigèrent vers elle en l'appelant doucement. La châtain ferma les yeux, encore tournée vers la porte. Mais pourquoi n'avait-elle pas été plus rapide ? Maintenant, ils n'allaient certainement plus la lâcher.

- J'allais justement y aller. Fit-elle en se retournant vers eux, forçant un sourire.

- Bouge pas, on va te border.

Le sourire charmeur que lui lança Louis fit encore moins passer sa plaisanterie. Elle déglutit, tandis que sa main tournait bien malgré elle la poignée de la porte. Elle pénétra dans la pièce, les garçons sur ses talons. Toute une bande envahit bientôt les lieux. Heureusement que cette chambre était grande finalement. Elle put même voir la tête aux cheveux noirs de Hunter qui, visiblement, avait rejoint le reste du groupe. Ils s'échangèrent tout les deux un regard, bien vite coupé par Louis qui se jetait dans le fauteuil le plus proche accompagné d'un grand soupire.

- J'oubliais à quel point cette chambre était douillette.

- Certainement l'une des plus confortables, c'est sûr. Rajouta James dont les yeux parcouraient le lit.

Cela n'échappa pas à Jenelle qui se tenait entre le bout du lit et la grande penderie. Elle vit les yeux bleus du blond passer et repasser sur les draps encore intactes. Que pouvait-il bien avoir en tête ? La jeune femme commençait déjà à tripoter son pendentif, lorsque ses yeux se posèrent sur le reste des garçons. Elle se rendit vite compter que tous avaient tournés leurs regards sur le lit suite à la remarque de James. Ce qui coupa la respiration de la châtain.

Ce fut Dylan qui coupa ce silence.

- Ok, les gars. Je crois que Jenelle aimerait juste se reposer maintenant.

Il n'avait pas l'air très à l'aise. Louis s'était totalement avachi sur le fauteuil et avait déjà fermé les yeux, feignant une fatigue.

- Tu verras, Jenny, lança-t-il, le lit est très confortable.

Il ouvrit un oeil en direction de la concernée. Elliott n'apprécierait pas ce surnom... Un large sourire se dessina sur les lèvres du châtain.

- Rien de mieux pour passer une bonne nuit après ta longue journée.

Il s'était voulu rassurant, mais Jenelle ne le fut pas.

- Au fait, intervint James, ton ami et toi êtes venu du chemin d'Huntington ou par la route de Colombia ?

Jenelle se figea. Bon Dieu, quelles étaient ces routes ? Elle n'en savait absolument rien. Face à son mutisme, Louis reporta son attention sur elle en souriant doucement.

- Histoire de savoir comment on pourra vous aider. Demain.

Elle déglutit, ses doigts intensifiant leur prise sur son collier. Réfléchir, et vite. Elle pouvait pas dire d'où elle venait; son compagnon ne voudrait sûrement pas. Elle ne se souvenait hélas pas d'avoir croisé quelconque panneau.

- Huntington... Répondit-elle. Je crois. Je n'ai pas vraiment fait attention, désolée.

James haussa les épaules.

- Bah, ça fait rien.

Un bruit dans son dos fit sursauter Jenelle. Elle n'avait pas remarqué Hunter se diriger vers les fenêtres au fond de la pièce, et était en train de tirer les larges rideaux. La chambre comportait deux fenêtres touchant presque le plafond, parées de lourds rideaux épais. Son téléphone se remit à vibrer. Elliott.

- C'est Elliott. Fit-elle en sortant son téléphone. Je dois répondre.

Louis tourna directement un regard semi étonné en direction de l'appareil.

- Oh... Le petit copain jaloux.

- Sortons. Intervint Hunter de sa voix grave. Laissons-la régler le problème.

Le jeune homme aux cheveux noirs passa à côté d'elle sans un regard, incitant ainsi les autres garçons à rejoindre la sortie. Jenelle serra son téléphone contre elle, regardant tour à tour les individus quitter la pièce.

- Hey ! Appela James, le dernier à sortir en attrapant la poignée de la porte. N'oublie pas de dormir.

Jenelle acquiesça par un sourire, et le blond referma la porte derrière lui. La pièce fut ainsi plongée dans un silence.

The ManorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant