Lorsqu'elle immergea, la douce lumière que prodiguait l'extérieur l'éblouit un court instant. Tout fut d'abord flou puis les objets autour d'elle devinrent plus nets. Elle reconnut immédiatement le plafond légèrement voûté de la chambre qu'elle occupait précédemment. Aucun doute sur le fait que, non, elle n'avait pas quitté le manoir.- Bonjour, la Belle au bois dormant.
Elle émit une plainte, braquant ses yeux sur la provenance de la voix. Louis se trouvait assis dans un fauteuil non loin du lit, tournant le dos aux fenêtres dont les rideaux avaient été ouverts. Ses jambes étaient croisées et il avait posé sur elle des yeux bleus dans lesquelles une lueur de malice dansait. Malgré son visage enfantin, son sourire semblait bancal.
- Alors comme ça, tu fouilles dans nos affaires ?
Jenelle se rappela soudain leur précédente rencontre. Il avait pratiquement voulu la tuer, n'est-ce pas ? La jeune femme se redressa sur le lit avec difficulté, sa tête se mettant soudain à tourner. La châtain l'observa se tenir la tête de douleur, faisant preuve d'un calme olympien.
- Vilaine fille.
La jeune femme préféra ignorer son sourire pervers. Elle porta un regard qu'elle espérait discret en direction de la porte de la pièce. Elle était close. Mais était-elle verrouillée ? Peut-être que si elle courait assez vite, elle pourrait sans doute réussir à sortir ?
- C'est inutile. Intervint Louis. N'y pense même pas.
Elle baissa la tête, ses dents se serrant de rage.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Tu as aimé la photo ? Fit-il en faisant abstraction des paroles sèches de la jeune femme. C'est Hunter qui a eu l'idée.
Jenelle fronça les sourcils d'incompréhension, tandis qu'il inclinait la tête sur le côté. Ses yeux la scrutèrent sans gêne.
- Tu ne portes plus mes vêtements ? J'avoue que je suis déçu...
- Où est Elliott ? Coupa-t-elle. Pourquoi vous faites ça ?
- Pour être honnête, tu m'as épaté. Je ne pensais pas que tu réussirais à t'enfuir. Du moins, pas à sortir du manoir... Tu as fait mal à Dylan.
Jenelle ne comprenait rien. Venait-il réellement de la gronder quant à l'état de l'autre homme ? Face à la nonchalance de son interlocuteur, elle secoua doucement la tête. Tout était impossible. Comment les coïncidences pour qu'elle se retrouve ici avaient-elles pu se former ainsi ?
- C'est impossible... Souffla-t-elle avant de reprendre plus fortement. C'est impossible que vous ayez...
Sa voix s'évanouit alors qu'elle baissait à nouveau la tête. Louis la regarda calmement, liant ses mains entre elles qu'il posa sur ses jambes croisées. Il plissa les yeux, observant attentivement ses mouvements. Il avait davantage l'air d'un psychothérapeute.
- La coupure de journal ? Le vêtement ?
Jenelle releva lentement ses yeux vers le châtain. Ses yeux clairs la fixaient sans ciller, un air à présent impassible sur le visage.
- ...La photo ?
L'image en question lui revint en tête brusquement. Cinq jeunes adultes, dont quatre se trouvaient dans ce manoir et qui les avaient vraisemblablement fait prisonniers. C'était ce qu'ils étaient maintenant, pas vrai ? Louis se pencha légèrement en avant vers elle.
- Tu es sûre que tu n'as rien à me dire, Jenelle ?
Ses yeux s'encrèrent dans ceux de la jeune femme qui n'osa plus bouger. Il semblait soudain si sérieux, si autoritaire. Menaçant. Etait-il au courant de quelque chose ? Elle n'était pas sûre de vouloir le découvrir. Un rayon de soleil passa et se refléta sur le pendentif de la châtain, provoquant un halo argenté sur la joue de Louis. La jeune femme rompit brusquement leur contact visuel en se déplaçant rapidement sur la couverture. Anticipant son geste, le jeune homme se leva et lui empoigna les épaules, la stoppant dans tout geste éventuel. Il la maintint légèrement inclinée en arrière de sorte à pouvoir se pencher vers son visage.
- Tu sais exactement ce qui est en train de se passer dans ce manoir. Susurra-t-il lentement, si proche qu'elle n'esquissa plus un geste.
Il la fixa encore un instant avant que ses prunelles ne dévient sur son pull. Il poussa un soupire discret, mais la jeune femme ne réussit pas à déchiffrer pourquoi.
- Le blanc te va bien. Fit-il simplement.
Il la relâcha soudain, si bien que Jenelle, dont la seule force qui l'avait retenu jusqu'ici était celle des mains de Louis, tomba à la renverse sur le lit. Elle se retrouva ainsi dans sa précédente position, allongée sur le lit.
- Ne t'en fais pas. Reprit-il alors qu'elle l'entendait s'éloigner. On va bien s'occuper de toi.
Jenelle déglutit, préférant laisser son regard posé sur le lustre au plafond. Elle se concentra sur les pas du jeune homme qui se dirigeait vers la porte.
- C'est à partir de maintenant que tu peux vraiment paniquer, trésor.
Lorsqu'elle risqua un regard dans sa direction, Louis tenait d'une main la porte ouverte. Le sourire plein de malice qu'il lui envoya lui glaça le sang.
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The Manor
Mystery / Thriller" - On est vraiment désolé, s'empressa de dire mon compagnon de voyage. On s'est perdu, et la pluie... On est complètement trempé. Je ne pus m'empêcher de déglutir. Si ils ne nous trouvaient pas assez convainquants, nous étions bons pour continuer n...