Chapitre 18

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Cameron

J’ouvre les yeux pour tomber sur deux prunelles grises qui me fixent. Aucun de nous ne parle, je vois dans son regard une multitude d’émotions passer, la plus présente étant la honte.
Toujours en silence, je passe ma main dans ses cheveux et fini par poser ma paume sur sa joue, je rapproche ma tête de la sienne jusqu’à coller mon front au sien. Ses yeux se ferment et une larme s’échappe, glissant sur sa joue pour atterrir sur l’oreiller.
 
« Ne pleure pas. »
 
Lui dis je dans un chuchotement. J’embrasse son front et me recule légèrement pour la regarder.
 
« Qu’est-ce qui a bien pu te passer par la tête pour ne pas nous parler de ce qu’il t’arrivait ma belle ? »
 
Je parle d’une voix basse et calme, afin de lui indiquer que je ne suis pas en colère après elle.
 Parce que non, je ne le suis pas, j’ai eu toute la nuit pour y réfléchir, je suis certes, déçu qu’elle ne m’ai pas fait confiance, mais je connais Milly par cœur, je pense savoir ce qu’elle a ressentie, elle a pensé à notre bien, ne ce doutant pas que partir nous ferait plus de mal que d’affronter la maladie main dans la main.
Elle a pensé au bien des autres avant de penser au sien, alors que c’est elle qui avait le plus besoin de soutien. Personne ne devrait être seule dans des moments pareils, je ne veux même pas imaginer ce qu’elle a du vivre. Mais encore une fois, elle nous prouve à quel point elle est forte et déterminée, elle a vaincu la maladie sans nous et juste pour ça, je lui tire mon chapeau.
 
Elle bouge et s’installe assise, le dos contre la tête du lit. Comme j’aimais le faire avant, je pose ma tête sur ses cuisses et ses mains viennent automatiquement jouer avec mes cheveux, elle se racle la gorge et je sais qu’elle va m’expliquer ce qu’il c’est passé.
 
« Le week-end avant que je ne te quitte, nous étions dans ta chambre au club et tu m’expliquait à quel point tu aimerais être papa et que tu avais hâte de me voir avec un ventre tout rond. Sauf que quelques jours avant, j’avais passé des examens, je n’en avais pas parlé, je voulais attendre d’avoir les résultats. Je les ai eus la veille de notre discussion, le verdict était sans appel, cancer des ovaires. Le médecin m’a expliqué la marche à suivre, l’idéal pour être sur que le cancer ne se propage pas était l’opération, il fallait me retirer les ovaires, les trompes et l’utérus. Quand tu m’as parlé de ton rêve, j’ai paniqué tout simplement, je me voyais te retirer ce que tu voulais le plus au monde, alors mon cerveau tordu a manigancé la scène que je t’ai fait quand tu a débarqué à l’université. Je n’ai jamais couché avec le type que tu as vue, quand il t’as ouvert la porte et que j’ai vue ton regard, j’ai eu tellement mal ! J’ai eu envie de te crier la vérité puis je me suis souvenue que si je restais avec toi, je te priverais de ce que tu voulais, alors je n’ai rien dit, et je t’ai laissé partir. Je suis partie en Californie le week-end suivant, d’une parce qu’il y avait l’un des meilleurs chirurgiens là-bas et de deux, parce que je devais m’éloigner de toi, je n’aurais jamais pu rester ici et faire semblant. »
 
Sa main est toujours dans mes cheveux, je prend une grande inspiration  et décide de prendre la parole à mon tour.
 
« Je n’ai jamais cru a ta mise en scène, quand ce mec a ouvert la porte alors qu’il ne portait que son caleçon et toi son tee-shirt, j’ai eu envie de le frapper, mais ton regard m’en a empêché, j’ai compris qu’il ne c’était rien passé, tu semblais tellement triste ! Alors j’ai tourné les talons et je suis resté dehors à attendre. C’est trente minutes plus tard que le gars est apparu, il a été surpris de me voir, mais surtout il avait peur, je lui ai dit que je savais que vous n’aviez pas couché ensemble, il m’a seulement répondu qu’il ne savait pas ce qu’il t’arrivait mais que tu étais mal, puis il est parti. Je suis remonté pour te parler, mais en arrivant devant ta porte je t’ai entendu, tu pleurais, je me suis assis et je t’ai écouté, tu a pleuré toute la nuit. Je suis partie le matin quand je t’ai entendu bouger pour te préparer, je suis rentré au club, je me suis dit que tu avais besoin de temps et que nous parlerions quand tu rentrerais le week-end, mais tu n’es jamais rentrée. Quand tes parents m’ont dit que tu étais partie en Californie j’ai eu envie de disparaître ! J’étais en colère, vraiment, je me suis senti trahie. Tu m’as fait mal Milly, comme personne ne l’avait fait avant. »
 
Je me redresse et la regarde droit dans les yeux, puis poursuit.
 
« Mais je te connais, je savais qu’il c’était forcément passé quelque chose, tu n’as rien dit à personne, tu n’as donné aucune explication. Quand j’ai reçu le carton avec mes affaires, j’ai d’abord pensé que tout était vraiment fini, mais il y a une chose que je n’ai pas trouvé. »
 
Je passe ma main sous son oreiller pour en sortir mon tee-shirt qui ne ressemble plus à grand-chose aujourd’hui.
 
« Il représente le commencement, c’est ce que tu disais toujours, j’ai compris que si tu ne me l’avait pas rendu, c’est que tu avais toujours des sentiments pour moi. Je veux que tu sache que je t’aime plus que tout, tu es la femme de ma vie, ma force et ma faiblesse, tu es ce que j’ai connu de mieux, jamais je ne t’aurais abandonné parce que tu ne peux pas avoir d’enfants, jamais je ne me serais forcé à rester avec toi et jamais je n’aurais eu pitié. Je veux des enfants Milly, c’est un fait, mais jamais je n’en aurais si ce n’est pas avec toi ! On verra par la suite, on a le temps, mais avoir des enfants ne veux pas forcément dire que tu dois les porter, il y a pleins d’autres solutions, mais cette aventure il n’y a qu’avec toi que je veux la vivre. »
 
Son visage est baigné de larmes et son regard est rempli de tendresse pour moi.
 
« Je suis tellement désolée de t’avoir fait souffrir, je t’aime tellement Cam ! Toi aussi tu es l’amour de ma vie, je pensais te protéger en partant alors que c’est tout le contraire qui c’est produit. Je te promet que plus jamais je ne te cacherai des choses, ces cinq années ont été les plus longues de toute ma vie. »
 
Je n’attends plus et font sur ses lèvres dans un baisé qui je l’espère lui transmet tout mon amour. Nos corps se collent, je veux la sentir près de moi le plus possible, mais comme à notre habitude, nous ne pouvons pas être tranquille et c’est le bruit de la porte d’entrée suivie d’une grosse voix qui nous coupe.
 
« Monkey ? Cameron ? Vous êtes là ? »
 
Milly se détache de moi et rit tout comme moi.
 
« Tu crois qu’un jour on ne sera pas interrompu ? »
Me demande t elle.
 
« Je crois qu’il va falloir que l’on parte sur une île déserte pour ça. »
Je lui répond puis ajoute
 
« On est dans la chambre Butcher ! »
 
J’entends ses pas se rapprocher puis la porte s’ouvre pour laisser place à son immense carrure, il nous regarde, un léger sourire aux lèvres.
 
« J’ai amené de la bouffe, vous venez ? »

« On arrive Butcher. »
 
Lui répond Milly alors qu’il a déjà tourné les talons. Ma belle se lève du lit et je la regarde.
 
« Butcher est un mec bien. Je l’aime bien. »
Je lui dit.
 
« J’en ai jamais douté, j’ai toujours su que si vous veniez à vous rencontrer, ça collerait entre vous. »
 
Je m’habille et nous rejoignons notre montagne qui a déjà servi le café.
 
« On rejoint les autres chez Crow d’ici une heure. »
Nous dit Butcher alors que Milly fronce les sourcils.
 
« D’une, il faut que tu parle avec eux Monkey ! De deux, tu ne te demande pas comment Mandypute a su pour ton cancer ? »
 
« Mandypute ? Décidément tu as un don pour trouver des surnoms ! »
Lui dit Milly, puis il reprend.
 
« Mais le plus important Monkey, c’est que ton ex qui accessoirement sert de président aux Eagles est un putain de connard bien pire que l’autre psychopathe  d'Eddy, il te veux et Cameron le gène, il va faire une connerie,  c’est pour ça qu’on va voir les autres. Les Hawks, ton père, Presley, Jack, Track et les trois petits jeunes. »
 
« Euh ok. Tu sais que je te fais confiance et que je me fis toujours à ton jugement Butcher. »
 
« Si c’était le cas, y a longtemps que tu serais revenu ici Monkey, mais non, mademoiselle n’en fait qu’à sa tête ! T’as récupéré ton homme, ne merde pas encore une fois ou je te jure que je m’occupe de ton cas personnellement ! »
 
Milly avale difficilement sa salive et hoche la tête, alors qu’un sourire vient étirer mes lèvres.
 
Nous terminons de déjeuner et partons en direction de la maison de Crow, tout le monde est déjà sur place.
 Nous nous saluons tous, quand vient le tour de Crow, il sert la main de Butcher ainsi que la mienne, il se tourne vers Milly, lui envoie un regard noir et tourne les talons.
 
« Papa. »
Dit elle d’une petite voix, mais un signe de main de Crow la stoppe.
 
« On a des choses plus importantes a voir, ta culpabilité peut attendre encore un peut ! »
 
Tous le regardons avec de grands yeux face au ton froid qu’il vient d’employer, pas de doute à avoir sur le fait que Crow est extrêmement blessé. Milly retient ses larmes un maximum tout en hochant la tête.
 
Je sens que la journée va être très longue !

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