2.1 - Comment ?

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Ma lettre postée, j'étais retournée chez moi avec un espoir presque surhumain de trouver le lendemain une réponse dans ma boîte au lettre. Mais, alors que je rentrais du travail, il n'y avait absolument rien dans cette boîte. Rien, le vide, le néant. Je n'étais pourtant pas triste, je me rappelle avoir haussé les épaules, comme si cette absence de lettre était normale. Et elle l'était.

Et puis, ce soir là, il y avait aussi le vide. Ce vide nouveau qui avait pris place dans mon petit appartement. En plus de me quitter, elle avait pris le peu d'affaires qui lui restait chez moi. Sa brosse à dent n'était plus à côté de la mienne, ses vêtements n'étaient plus dans la penderie et ses chaussures n'étaient plus dans l'entrée. Au moins, rien ne me rappelait son ancienne présence. Mais il y avait ce vide.

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris quand j'ai écris cette lettre, je ne sais pas pourquoi j'ai écris sur ce papier. Je m'attendais à avoir aucune réponse et Clarke m'avait dit de ne pas la contacter. Et pourtant, pourtant j'ai repris un bout de papier, ce même bout de papier. Cette fois cependant j'avais écris ma lettre d'une seule traite. Les mots s'étaient enchaînés avec facilité. Tout me semblait claire, lisible et précis. Tout était parfait. Alors j'avais recommencé encore une fois. J'avais glissé ce bout de papier flétri dans une enveloppe et j'avais pris la route en direction de cet appartement maintenant abandonné. Je ne sais même pas pourquoi j'y allais. Je ne frappais pas à la porte, je me contentais de glisser simplement cette lettre dans la boite comme si c'était normal.

Les jours se suivaient et se ressemblaient tous. Une semaine puis deux sont passées et je recommençais, sans arrêts. Chaque jour j'écrivais une nouvelle lettre, chaque jour elles étaient différentes puis chaque jour je les postais. Je n'ai jamais su qu'elle en était le but. Évidemment, je n'ai jamais reçu de réponse.

Le 15 août, comme tous les soirs après le travail, je m'installa à cette table avec un nouveau papier et de nouvelles idées. Mais ce jour là, la routine s'est finalement cassée. Après de nombreux jours passés sous silence, un appel me dérangea, celui d'Octavia.

Octavia était une de mes meilleures amies. Je n'avais même pas pensé à la contacter. Elle qui a connu Clarke avant moi. La seule qui connaît Clarke autant que moi, la seule. Et pourtant, je n'ai pas eu l'audace de la contacter. La peur certainement, l'oubli aussi. A cette période, en quelques heures seulement je n'étais plus moi. Toute ma personnalité a changé. Mes sourires se sont transformés en larmes et mes rires en sanglots. Je ne me reconnaissais plus. Pourtant au travail personne ne le remarquait. Grande PDG d'une entreprise à la mode, je jouais les durs et les guerrières devant les yeux de tous. C'est ce que je renvoyais. Et pourtant, au fond j'étais complètement brisée.

Posé sur la table, mon téléphone avait vibré dévoilant le surnom que je donnais à ma meilleure amie, corbeau. Après tout c'était son nom.

J'avais décroché d'une main fébrile à peine assurée. Je n'avais plus de force. Je ne me rappelais plus de mon dernier vrai repas, peut-être hier, ou peut-être avant. Je ne savais plus rien. Je ne rappelais plus non plus ma dernière véritable nuit. Je ne dormais plus. J'attendais que Clarke revienne, j'attendais désespérément qu'elle revienne. Au fond j'avais espoir, mais je savais que je ne devais pas, il ne fallait pas.

Mon doigt appuyé sur le bouton vert, je le relâchais avec peur et angoisse. Un mois qu'on ne s'était pas parlé.

Octavia a toujours adoré bouger. Aussi loin que je m'en souvienne elle était toujours au quatre coins du globe à se pavaner sur les plages, dans les forêts ou sur les montagnes les plus hautes. Et quand elle revenait aux États-Unis, elle ne manquait pas de nous appeler pour nous voir. Ce jour là en faisait parti.

Mon téléphone à l'oreille j'étais incapable de prononcer un quelconque mot. J'avais entendu qu'elle parle ce qu'elle fit aussitôt. Octavia était un moulin à paroles. Encore aujourd'hui elle l'est toujours. Elle parle sans s'arrêter, sans faire de pauses. J'ai toujours adoré ce côté là, avec elle on ne s'ennuie jamais. Mais cet appel devenait pénible pour moi. En décrochant elle n'avait pas arrêté de parler encore et encore. Elle racontait son dernier voyage au Cambodge encore plus impressionnant que le dernier. Et puis enfin elle s'était tu. Elle m'avait posé une question « Sinon comment tu vas toi ? Et Clarke ? Elle me répond pas quand je l'appelle elle est au travail ? » et alors mes larmes s'étaient mise à couler inévitablement.

Au téléphone, j'étais incapable de parler. Octavia n'a pas cherché à comprendre ce jour là. Elle n'a pas raccroché et a fait aussi vite qu'elle pouvait pour venir me rejoindre chez moi. Il était assez tard pour un jour de semaine mais elle s'en fichait.

Arrivé chez moi, elle est rentrée sans frapper et m'a prise dans ses bras. Je crois que j'en avais besoin. Son étreinte était rassurante et chaleureuse, comme j'en avais besoin. Elle a réussi à me calmer, à calmer mes pleurs, et alors j'ai fini par tout lui raconter.

Mes mots butaient. Je me rappelle avoir longuement bafouillé. Je me rappelle aussi avoir ravalé quelques larmes. Et une fois l'histoire fini, le coup de massue c'est également abattu sur Octavia. Elle était comme moi, ahurie et complètement perdue.

Puis il y a eu le déni. Elle ne me croyait pas. Elle n'arrivait pas à croire que tout cela soit possible. Alors je lui avais montré la lettre que j'avais soigneusement conservé. Elle l'a lu et relu. Comme moi elle a essayé de la déchiffrer, de résoudre une énigme mais rien ne nous donnait d'indice.

Alors après il y a eu la colère. Elle lui en voulait, elle la détestait de lui faire ça. Je crois que moi aussi je la détestais de me faire ça.

Et elle a fini par appeler les parents de Clarke. Personne n'a décroché. Ni son père, ni sa mère. Elle a appelé tous nos amis. Tout le monde fut étonné. Elle a appelé tout le monde, tous ceux qui la connaissait, qui l'adorait. Personne n'avait de réponses.

Ce soir là elle est restée dormir avec moi. Elle en avait autant besoin que moi je crois.

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Et voilà la suite de l'histoire !
J'espère qu'elle vous plait toujours autant.
L'histoire se met doucement en place alors je suis désolé si cela ne va pas assez vite pour vous 😅

Chère ClarkeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant