La nuit n'est pas assez longue. Les heures ne s'étendent pas suffisamment pour me permettre de me repaître du corps de Maé. Les minutes ne sont que des grains de sable me rappelant que ce moment finira bien trop tôt à mon goût. Les secondes... Oh mon dieu les secondes ne sont que vestiges de mes fantasmes.
Dès que nous avons mis les pieds dans cette chambre agréable, mais impersonnelle, tout a été naturel. Comme si nous avions l'habitude de nous retrouver dans un hôtel. Les baisers et les caresses m'ont paru n'être qu'un prolongement de nous. Une discussion sans le moindre mot.
J'ai voulu prendre mon temps. Le découvrir centimètre par centimètre. Appréhender cette nouveauté avec délectation. Profiter de cette parenthèse dans ma vie et en garder chaque souvenir. Je savais que rien de ce qui se passait dans ce lit ne se reproduirait et cette affirmation me tordait l'estomac.
Cependant Maé ne semblait pas enclin à être patient. Il voulait tout, tout de suite et surtout moi. Après m'avoir mis en confiance en un claquement de doigts, il m'a appris, m'a guidé, m'a compris... Nous avons fait qu'un comme je le désirais. Et ce, à quatre reprises.
Je n'ai jamais vécu une nuit pareille. Je ne me connaissais pas si endurant, si performant. Je n'avais jamais été mécontent de mes compétences dans ce domaine, sans être un surhomme bien entendu. Je prenais toujours mon pied et sans prétention, mes partenaires ne semblaient pas en reste.
Mais aujourd'hui, avec Maé, j'avais eu l'impression d'être un superhéros. Un Ironman capable de l'honorer jusqu'à la fin de nos vies. Alors que je lui faisais à nouveau l'amour, cette sensation restait ancrée en moi, tel un tatouage. Telle une cicatrice profonde qui vous rappelle à l'infini ce moment où votre vie a basculé.
Le mien, c'est lorsque mes yeux se sont posés sur le dos de Maé. Ma vie n'a plus jamais été la même. Pour le meilleur ou pour le pire, je l'ignore. Toujours est-il qu'agripper ses hanches pour m'enfoncer plus profondément en lui est un pur délice. Tout comme ses soupirs sous moi.
Mes doigts frôlent le creux de ses reins et recouvrent son dessin. L'arbre de vie. Il est enfin là, à portée de main. Si nos positions le permettaient, je crois que je l'embrasserais. À la place, mon allure s'accélère lui tirant des gémissements qui vont crescendo.
— Encore !
La pureté de sa voix m'excite autant que le fait qu'il soit à genoux devant moi ou les mèches blondes collées dans sa nuque. Il est une pure œuvre d'art de la Grèce antique. Un dieu vivant qui s'offre entièrement à moi. Il s'accroche à la tête de lit et m'ordonne d'aller plus vite. Ma main va se caler sur son épaule et je m'exécute bien que je sache que ce soit synonyme de fin.
Après cet orgasme, il n'y aura pas d'autres danses. Le soleil commence à se lever et ses rayons caressent le dos transpirant de Maé comme pour me narguer. Pour m'indiquer que notre temps est compté. Dans peu de temps, je devrais me rendre au cabinet et défendre des criminels. Tout ça ne sera plus qu'un souvenir. Rien ne pourra plus jamais égaler ce que j'ai ressenti en Maé. Rien.
Le temps s'arrête tant que dure la grâce.
J'aurais aimé me dire que nous sommes venus en même temps. Que nos corps ont été d'une synchronisation incroyable. Cependant, je n'ai pas eu la résistance nécessaire. Mais alors que l'orgasme s'étend dans chacun de mes muscles, je ne ralentis pas les mouvements frappant ce minuscule endroit qui semble tant plaire à Maé.
Son dos s'arque. Son grognement retentit. Ses articulations blanchissent à serrer le bois entre ses doigts. Puis l'abandon. Il se laisse tomber contre le matelas, m'entrainant avec lui. Ma tête trouve immédiatement sa place entre ses omoplates et mes mains remontent ses bras jusqu'à tenir les siennes.

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Peep-Show
KurzgeschichtenPeep-show : Établissement qui propose la location de cabines individuelles où l'on peut voir, à travers une vitre, un spectacle érotique. Charles n'est pas du genre pudique et encore moins prude mais jamais, il n'aurait pensé être l'un des spectateu...