Je suis dans le train qui me conduit chez mes parents pour fêter leur noce d'or. Pour des parents qui prônent le mariage avant que les choses soient sérieuses, ils ont quand même eu mon frère en dehors des liens sacrés ! Maman a eu Jean-Baptiste à vingt ans et il ne se sont mariés que trois ans après. Papa n'était pas très présent avec la marine, ils ont joué sur ce tableau là à l'époque. Comme par hasard ! C'est grand-père qui me l'a dit. Nous étions très proche, malgré l'écart de génération. Parfois, je le trouvais plus jeune que mon propre père. J'ai d'ailleurs appris à faire du vélo et du roller avec lui. Mon premier tir, c'était à la chasse, une carabine semi-automatique. Pendant une semaine j'ai eu un bleu à l'épaule gauche changeant de couleur au jour le jour. Puis il m'a apprit à tirer sur des cibles en carton, toujours plus loin. Si le commandant avait su ça, il ne m'aurait pas autorisée à entrer à l'école de tir. Pour apaiser leurs craintes, j'avais choisi l'arbalète. Ce qui ne m'a pas empêchée de continuer à m'entrainer avec grand-père, et obtenir de très bons résultats avec le fusil d'assaut, le Famas, que l'armée préconise.
« La vie est dure, mais quand tu trouves un chemin escarpé, ne te détourne pas, donne-lui sa chance, car tu finiras peut-être par trouver le raccourci que beaucoup cherche encore ». Il me disait souvent cela et pour le moment je trouve que le raccourci s'éloigne de plus en plus de moi et que je m'enlise dans les sables mouvants.
Pierre-Jean est déjà arrivé et s'est empressé de me raconter par texto les histoires de chacun pour que je ne sois pas perdue. Je suis abonnée aux comptes Instagram, Snapchat et autres Facebook de mes neveux et nièces. Non pas que je n'aime pas ça, je suis génération réseaux et portable. Comme nous avons tous une vie mouvementée, dans des villes différentes aux quatre coins de la France, je garde le contact comme je peux. Les photos sont encore ce que je préfère, même si parfois sur Instagram, les faux semblants sont trop faciles. Qui nous dit que derrière une photo de jeune femme au ventre plat, ne se cache pas simplement une femme comme tout le monde. Elle rentre le ventre à fond, retenant sa respiration, se cambrant à l'extrême pour paraitre plus belle. De même que les mises en scènes pour capter le plus de « likes » possible. L'armée, a elle aussi recours à ces méthodes pour faire de la publicité auprès des jeunes, leur permettant ainsi d'avoir un premier pas dans le recrutement. Le pouvoir des photos qui donnent envie, envie d'engagement, envie aussi de sauver son pays.
Mes parents, à leurs retraites ont préféré rester en bord de mer, la côte Bretonne. Apparemment papa n'a toujours pas fait d'overdose de la mer et de ses embruns, laissant le sel parsemer son visage lors de sa balade matinale au bord de l'eau. Mon frère ainé n'est pas loin de Brest et termine sa carrière à l'école navale. Sa femme coiffeuse attend juste de pouvoir partir en retraite avec lui. Pour le moment, elle joue son rôle de grand-mère auprès de sa fille. Oui, ma première nièce est maman avant moi. J'ai eu le droit a beaucoup de réflexions lors de l'annonce de sa grossesse. Parfois je me sens plus proche des enfants de mes frères et sœurs. Leurs âges correspondant plus au mien. J'ai trente-cinq ans et ma nièce la plus âgées a eu vingt-six ans et la plus jeune à douze ans. Famille nombreuse, famille heureuse ? Je pense que dans un sens c'est vrai, nous avons réussi à trouver un équilibre pour nous voir et rester unis. Nous n'avons qu'une famille, parfois deux quand on compte l'armée. Je me demande maintenant si avoir autant d'attaches partout est la raison pour laquelle je ne trouve ma place nulle part. Faustin, pendant un temps, s'est rapprocher le plus de ce qu'on peut considérer comme l'encre qui m'a liée à lui et aux autres. Il était très apprécié au sein de mes familles. Son absence aujourd'hui va se remarquer, cela va sans dire, et je vais devoir expliquer, le pourquoi, le comment et voir à nouveau le regret dans leurs yeux !
— Arrivée en gare de Quimper, terminus...
J'ai déjà repéré mon frère sur le quai. Il habite Paris comme moi, mais s'est octroyé un jour de congé de. Plus que moi, sinon nous aurions fait le voyage ensemble. Il ne reste que trente minutes de trajet pour arriver enfin à la maison familiale, à Plozévet. Une charmante commune en bord de mer avec sept kilomètres de côte et de plage de sable fin. Non loin de la pointe du Raz et la pointe Évet. Mes parents sont bien ancrés dans ce village où presque tout le monde se connait. C'est le cas de notre famille, elle est tellement grande. Ils ont tous les deux soixante-douze ans et font partie de quelques clubs. Attention, pas celui du troisième âge, car là c'est maman qui va être en colère. C'est vrai mes parents font plus jeunes, l'air marin sans doute. Papa a appris le Biniou et fait aussi du chant de marin. Alors là, je pense que j'aurais pu m'en passer. Maman, quant à elle, a préféré quitter ses claviers et cordes à cause de son arthrose. Elle fait du Tai chi, dont je respecte le calme olympien qui l'accompagne lorsque qu'elle pratique. Cela ressemble presque à une chorégraphie. Elle chante à la chorale, ne pouvant pas abandonner la musique même si ses doigts ne peuvent plus caresser les touches de son piano. Lors de l'achat de la maison, le coin et les environs se sont vus répertoriés par papa, ne voulant rien laisser au hasard. Le calcul programmé et contrôlé. Plozévet, possède, des commerces alimentaires, des bars et restaurants tout comme des coiffeurs et médecins. Ils ont choisi cette demeure pour y finir leurs jours, ensemble avec maman. Le patriarche ayant manqué à ses enfants ne pouvait pas en dire autant pour ses petits-enfants. Carole-Anne -la troisième- et son mari Thomas -professeur d'histoire géographie- habitent avec leurs quatre enfants à Quimper. Des adolescents maintenant, mais qui ont passé de nombreuses vacances auprès de leurs arrières-grands-parents. Je les trouve très complices comme j'ai pu l'être à une époque avec mon papou.
Bonjour les lectrices
J'espère que vous passez de bonne fêtes de fin d année. Là fin du chapitre.
Joyeux noël et bonne année.A bientôt
Vinie
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L'espoir blanc
RomanceMarie-Jeanne connaissait les dures conditions de travail, pourtant elle n'a pas hésité à s'engager bénévolement auprès de Médecins Sans Frontière. Sa famille, ses amis disent d'elle que c'est une femme courageuse volontaire et déterminée. Elle dira...