16. Survivre

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       Rita cessa d'hurler quand elle entendit le bruit des bottes s'estomper et la porte menant aux étages supérieurs se refermer lourdement. Elle tapa du poing contre les barreaux de granite. Ils ne bougèrent pas, demeurant inflexibles à ses coups. Puis un silence glaçant se perdit en écho dans la cellule. Une horrible impression de vide s'écrasa sur ses épaules. La jeune femme eu l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Une brusque contraction fit tressaillir ses muscles. Les larmes trop longtemps retenues lui montaient maintenant aux yeux. Larmes de dépit, de rage, mais surtout d'injustice devant un jugement qui frisait le ridicule.

Rita se laissa glisser au sol, ses jambes ne la portaient plus. Une immense fatigue s'était abattue sur ses épaules. La tension nerveuse de sa capture et l'incroyable angoisse qui la tenaillait se fondaient en un irrépressible tremblement. Elle était incapable de maîtriser ses nerfs.

Des larmes d'impuissance et de découragement coulèrent sur ses joues, les premières depuis son arrestation par les soldats de la marine. Ils l'avaient entrainée dans cette cellule ; sans répondre aux questions qu'elle avait multiplié, ils l'avaient enchainée, poussée dans ce cachot. Tout cela, elle l'avait supporté avec courage, aidée peut-être par le fait qu'elle n'avait pas encore bien réalisé la situation. A présent que les minutes s'écoulaient dans le bruit glaçant du silence, elle sentait s'effriter sa résistance nerveuse. Alors qu'elle aurait eu besoin de toutes ses forces pour résister encore et toujours, l'angoisse et la peur la rendait fébrile.

Son regard se porta sur ses poignets entravés par des chaînes. Le fer lui scillait la chair et une grimace de douleur marqua son visage lorsqu'elle voulut bouger ses bras. Elle n'en pouvait plus, son moral était au bord du désespoir. Ne pas savoir où elle se trouvait, pourquoi le gouvernement lui en voulait, être menacée de mort : toutes ces incertitudes pesaient lourdement sur son esprit. Elle était innocente, bon sang. La Marine se méprenait ! Elle aurait voulu crier, mais les mots ne vinrent pas, noyés sous son chagrin. Comment avait-elle pu en arriver là ? Comment le Gouvernement pouvait-il autant la haïr au point de la condamner à mort alors qu'elle n'avait commis aucun crime ? Etait-ce seulement à cause de son amour pour l'ancien corsaire ? C'était de l'amour, pas une déclaration de guerre !

Mais ce qui par dessus tout la faisait trembler d'effroi c'était l'idée que le petit être qui grandissait dans son ventre ne voit jamais le jour. Une larme coula sur sa joue. Mihawk n'était même pas au courant...

Jamais elle ne s'était sentie autant au bord du désespoir.

         Depuis deux heures, elle demeurait cloitrée dans le silence glacial de la cellule. Assise contre le mur de pierre, les yeux ouverts, elle tentait de retenir les larmes qui menaçaient de couler inlassablement. Toute la naïveté de Rita, ses illusions s'étaient heurtées à la réalité. Elle avait rêvé d'évasion et de liberté autrefois, mais elle avait oublié que le prix à payer en ce monde était celui de la vie.

Au fond de cette cellule qui avançait droit vers la mort, elle en arrivait à regretter de ne pas avoir insisté pour que Mihawk reste auprès d'elle. Seulement, elle savait qu'elle n'aurait jamais pu le retenir, et quand bien même, l'inévitable se serait produit. Elle savait au fond d'elle que ce jour arriverait tôt ou tard, la Marine avait décidé de la traquer et ils ne lâcheraient pas l'affaire avant de la voir morte. Dans deux jours elle serait sur l'échafaud. Deux lances dans le dos et ce serait la fin.

Pouvait-elle espérer sans sortir ? Viendrait-on l'aider ? Elle n'en savait rien, mais elle redoutait que ce délai soit bien court, trop court. Les pensées se mêlaient dans son esprit. Tour à tour, d'un instant à l'autre, elle passait de l'espoir le plus insensé à la plus sombre tristesse. Mihawk savait-il seulement qu'elle était ici ? Peut-être que Shakky se rendrait compte de sa disparition, elle le remarquerait sûrement, mais qu'en elle le réalisera il serait peut-être trop tard...

Une femme - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant