Chapitre XVIII

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Ma belle-sœur, devant moi, à Sicile.

Je pousse un râle et sous son regard intense, je me force à m'écarter de la porte pour la laisser entrer dans l'appartement.

Une fois quand je ferme la porte, je m'avance à pas lourd dans sa direction avec des milliers questions mais je n'ai qu'une envie, la renvoyer chez elle pour qu'elle me laisse tranquille.

— Elina t'as cinq putains de secondes pour me dire qu'est-ce que tu fous ici. C'est Santos qui t'a envoyé ? Je t'ai manqué ? Car pour moi, ce n'est pas réciproque, je lance avant de m'affaler sur un canapé.

La rousse me lance un sourire presque bienveillant mais je sais que son sourire est aussi faux que son cul en plastique. D'une manière élégante, elle s'assoit en face de moi en grimaçant de douleur. J'arque un sourcil mais ne dis rien.

— Santos croit que je suis partie rendre visite à ma mère en Grèce mais--

— Aah... je comprends mieux ! Tu as un amant à Sicile et tu viens jusqu'à moi pour me demander de garder ton secret ? Et pourquoi ta mère vit en Grèce, t'es pas espagnole d'origine ?

Elina laisse entendre un rire.

— Si tu étais intéressée par moi, tu saurais que je ne suis pas espagnole.

Je roule des yeux en poussant un soupir presque insolent et fixe mon regard sur ma belle-sœur, attendant impatiemment sa justification. Si Santos ne sait pas qu'elle est ici avec moi, alors qu'est-ce qu'elle fout ici ?

Ce n'est pas que je m'inquiète pour elle mais si Santos sait qu'elle est venue en Italie, elle va passer un sale quart d'heure.

— Plus sérieusement, je voudrais te parler du même sujet de l'autre fois. Celui que tu m'as empêché d'en parler et je sais que tu as beau me détester, Sara, mais jamais je te laisserai tomber dans le panneau de ton parrain. Carlos t'as sûrement envoyé une lettre, non ?

Je fronce mes sourcils et la lettre qu'Enzo m'a donnée me revient dans la tête.

Je hoche la tête, méfiante.

— Elle est toujours là et je n'ai toujours pas ouvert.

— Dieu merci, pousse-t-elle, soulagée. Sara, ne l'ouvre jamais.

Bon déjà, depuis quand elle me donne des ordres ? Et depuis quand elle s'intéresse à ma mission ?

— Et je pourrai savoir pourquoi ? je demande faussement calme.

Elina regarde de droite à gauche comme si nous étions filmées. Je lève les yeux au ciel et lui fais signe de continuer dans ses explications.

— Dans cette lettre il y a une liste de personnes que tu dois tuer et je pense que tu dois tenir à cœur ces personnes-là. Sara, je vis presque deux ans à la villa et je t'assure qu'il y a quelque chose qui se passe en ce moment---

— Comme quoi ? Carlos et Santos ont-ils parlé d'une alliance ?

Le froncement de sourcil d'Elina me prouve le contraire.

— Non, enfin je sais pas, m'avoue-t-elle en baissant la tête. Mais il y a quelques jours de ça, j'ai entendu une conversation entre ton frère et Carlos. C'était à propos de toi. Selon eux, tu n'es pas prête de prendre le relais de ton frère et ils supposent que...

Elle s'arrête et je pousse un râle.

— Ils supposent quoi, Elina ?!

— Ils supposent qu'il est temps que ton père revienne et prenne ta place, chuchote-elle presque honteusement.

J'ouvre la bouche et laisse un cri de stupéfaction sortir de celle-ci.

Pardon ?!

Mon père va revenir à la maison ?

J'ose à peine imaginer que mon parrain et Santos puissent me faire un truc pareil ! Santos déteste plus que moi l'homme qui nous sert de père et Carlos... il n'a jamais apprécié mon père !

Mais le pire dans tout ça, je sais que ces deux enfoirés sont capables d'élaborer des plans à mon insu. Pendant ces quatre ans à l'étranger, je n'ai pas eu de retour sur leurs motivations.

— Comment je pourrais te croire, Elina ? Qui dit que tout cela est vrai ?

Elle m'adresse un regard sérieux.

— Je dis la vérité, Sara ! J'envisage de quitter ton frère à cause de ses manigances. Il a tellement changé en quatre ans et ça c'est à cause de Carlos. Ton parrain m'a surpris en train de les écouter et il m'a fait ça.

Elle soulève sa robe noire pour me montrer un énorme hématome sur sa cuisse.

Non... Carlos n'est pas capable de lever la main sur une femme. C'est impossible.

— Où vas-tu y aller quand tu quitteras mon frère ? Il te traquera.

Elina garde le silence et détourne sa tête avec les larmes aux yeux.

J'ai l'impression qu'elle me dit vrai. Si elle quitte réellement Santos, alors peut-être tout ce qu'elle me dit n'est pas faux.

Santos et Carlos me cachent beaucoup de choses et s'il s'avère ce qu'elle m'a dit est bien vrai, alors ces deux enfoirés vont bien m'entendre. Savent-ils quelque chose sur cette alliance ? Ou sur Cristian Romano ?

— J'ai une cousine qui vit au Mexique, elle pourra sans doute m'aider, me dit-elle finalement. Sara, fais attention, tu ne sais pas ce que ton frère et ton parrain sont capables de faire. Ils connaissent un tas de choses que tu ne connais toujours pas.

Elle se lève en prenant son sac à main.

— Et sais-tu quels sont les noms inscrits sur cette liste ?

Elle me sonde d'un regard avant de soupirer.

— Enzo Aledosi et pleins d'autres.

Je sens mon visage perdre ses couleurs.

J'accompagne Elina jusqu'à la porte, la tête dans les nuages jusqu'à ma belle-sœur se tourne dans ma direction.

— Heureusement que ta tante est à la maison. Elle arrive à mettre les bâtons dans les roues de ton frère, m'informe-t-elle. Prends soin de toi, Sara.

Elle pose une main maternelle sur mon épaule et je commence à regretter mon comportement envers elle. Je hoche la tête avec les lèvres pincées et elle me sourit une dernière fois avant de disparaître.

Je m'appuie contre le mur près de la porte d'entrée pour faire le tri dans ma pensée.

Mon enfoiré de père va revenir à la maison, après tant d'années et si ma mère était encore vivante, elle le tuerait sur le champ.

Et quant à Carlos et mon frère... s'ils me mentaient depuis tout ce temps, alors qui croire finalement ?

Si Angelo avait raison ? Si cette alliance existe vraiment ? Si son père n'a pas tué ma mère ?

Mon cœur se tord de douleur et je prends une grande inspiration pour me calmer. Je pars dans ma chambre pour récupérer cette fichue lettre qui était cachée dans mes piles de vêtements.

Une fois quand je l'ai dans mes mains, je cours jusqu'à la cuisine pour récupérer une boîte d'allumette. J'approche la lettre près du feu et la laisse ensuite tomber dans l'évier. Elle brûle, elle n'existe plus. C'est ma mission, donc c'est moi qui décide et je n'ai pas l'intention de tuer qui que ce soit !

Si Elina dit vrai, alors Santos et Carlos vont amèrement le regretter.

Je prends mon téléphone et envoie un message à ma cousine pour qu'elle vérifie si mes doutes sont bien vrais mais au fond de moi, j'espère que tout cela soit faux.

Deux Identités Pour ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant