Chapitre XXXIX

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PDV Angelo

J'entre à nouveau au manoir sous le regard inquiet de Fabio. Celui-ci a voulu m'aider à marcher et bordel de merde, je ne suis pas un putain de gosse !

Je supporte à peine la présence de mon bras droit.

Il n'est pas la cause de mon humeur de chien mais après tout ce que j'ai vécu il y a quelques jours, j'ai besoin d'être seul.

Chaque pas que je fais me tiraille de douleur. Je souffre encore mais cette douleur n'est pas comparable à celle qui torture mon cœur.

J'arrive à mon bureau et je me laisse tomber sur le fauteuil et Fabio m'apporte un verre d'eau.

— Bois un peu, t'en as besoin, me conseille-t-il.

Je lui adresse à peine un regard et bois d'une traite le verre avant de la balancer sur le fauteuil.

— Tu as besoin de quelque chose ?

— Je veux que tu me laisses tranquille, je siffle en fermant les yeux. Remplace-moi pour les prochaines semaines, je ne suis pas prêt à reprendre le boulot.

— Angelo, ne laisse pas cette femme t'avoir...

— La porte, Fabio.

J'entends mon bras droit soupirer avant de s'en aller. Je prends ma tête entre les mains en pestant des insultes.

Ne laisse pas cette femme te hanter... elle ne mérite pas.

Mais elle est toujours là et je repense encore à ce qu'elle m'a dit à l'hôpital. Elle m'aime et elle a des sentiments pour moi.

Mais comment la croire ? Elle m'a dupé depuis le début. Je n'arrive plus à distinguer du vrai et du faux... Daniela s'est jouée de moi.

Daniela ou Sara, peu importe... elle m'a menti droit dans les yeux.

Je dois l'oublier.

Difficilement, je me lève et titube vers le mini bar et ouvre tous les tiroirs avant de prendre une bouteille de whisky.

Je m'adosse contre le meuble et me sers un verre avant de le boire cul sec. Je reste ainsi pendant de longues secondes avant de me resservir un autre verre. Le liquide me brûle la gorge mais je demande davantage.

La seule manière pour l'oublier, c'est l'alcool.

Deux, six, dix, quinze verres, je demande encore plus. Pourtant, je la pense encore. Je vois encore son magnifique visage souriant mais elle m'a menti.

Je ne supporte pas son visage. Je la hais tellement !

Sa voix, son rire, je les entends toujours, bordel !

Je balance mon verre contre le mur et elle s'explose en mille morceaux.

Une haine brûle à l'intérieur de moi et je n'arrive pas à supporter cette rage. Elle me fait tellement mal.

Je prends une autre bouteille et ne prends pas la peine de prendre un autre verre. Je porte la bouteille à ma bouche et bois des grandes gorgées. Je titube sur mes jambes et tombe à la renverse. L'alcool se renverse sur moi et j'éclate de rire en essayant de me relever.

Il m'a fallu trois tentatives pour me lever du sol. Ma tête tourne et putain, j'adore cette sensation. J'ai l'impression de nager dans le bonheur. J'attrape la télécommande et quelques secondes plus tard, une musique de jazz résonne dans le bureau.

Je ne me contrôle plus et me laisse bercer par la musique. Je me mets à danser en buvant une bouteille de vodka cette fois-ci.

Je suis dans une euphorie mais j'ai conscience que cette euphorie n'est qu'éphémère.

Pourquoi les femmes nous font souffrir ? Qu'est-ce que j'ai demandé pour que cette femme me fait tant souffrir ?

J'éclate encore de rire et me dirige vers la porte. Je sors du bureau et pars au jardin. Je laisse mes pas me guider et je m'arrête au milieu des roses.

Je ne sais pas comment expliquer, mais poussé par la colère, je verse toute la vodka sur ces roses rouges avant de balancer la bouteille au fond du jardin.

C'était son endroit préféré... Je la pense encore.

Je me laisse tomber sur les dalles et tourne ma tête vers les rosiers avant d'en arracher une rose. Je la serre entre mes doigts et apprécie la sensations de l'alcool.

Je ne sais pas combien de temps je suis dans cet état. Je suis soit dans mon bureau ou soit dans le jardin.

L'alcool est devenu mon ami et je n'arrive plus à me séparer.

Mais elle ne m'empêche pas de penser à cette Sara !

Elle est toujours là, bordel !

Je décide de retourner au bureau afin de me servir un autre verre.

— Putain Angelo !

Fabio apparaît dans mon champ de vision et m'arrache le verre. Une colère déforme mon visage et il semble qu'il a remarqué.

Comment il ose ?

Je l'attrape par le col mais il ne se laisse pas faire. Il me pousse et je chancelle.

— Espèce d'enfoiré ! Comment tu oses ! je hurle hors de moi.

— Angelo, tu n'es pas dans ton état normal...

— Je suis le chef, j'ai le droit de faire ce que je veux !

Je me rue sur lui mais Fabio m'esquive avant de m'infliger une droite dans ma mâchoire. Sous l'effet de l'impact, je me cogne durement contre le coin du bureau.

Le choc me fait voir les étoiles pendant quelques secondes. Je pose ma main sur mon arcade et sens un liquide visqueux glisser entre mes doigts. Je m'effondre sur le parquet avec la vue brouillée.

Mais qu'est-ce que je suis en train de foutre...

— Laisse-moi voir...

Fabio écarte ma main de mon visage et observe ma blessure. Une mine inquiète est sur son visage et je comprends que j'ai dépassé la limite.

— Ça se voit que j'ai mal ?

Fabio reporte son attention sur moi.

— Beaucoup.

— Je n'arrive pas à l'oublier...

— Parce que tu l'aimes toujours et tu croyais que c'était la femme de ta vie. Ce n'est pas en buvant des litres de whisky que tu l'oublieras. Elle doit s'en réjouir de ton état, siffle-t-il avant de s'asseoir à côté de moi.

Non... Daniela ou Sara n'est pas comme ça. Ses dernières paroles repassent encore dans ma tête. Malgré son rôle, je sais qu'elle a été honnête quand elle m'a avoué ses sentiments.

Je m'adosse contre le bureau, à côté de mon bras droit. L'alcool ne fait plus d'effet sur moi. C'est comme si j'étais immunisé.

Je fouille dans ma poche et sors ce petit objet, le symbole de mon amour.

Je l'ai toujours avec moi.

— J'ai besoin d'aide, j'annonce avant de serrer l'objet dans ma main.

Fabio se tourne dans ma direction et je continue :

— J'ai l'impression que je ne peux pas vivre sans elle... mais je dois l'oublier. J'ai un rôle à tenir mais je me laisse aller.

— Je serai toujours auprès de toi. Je suis ton pilier, Angelo.

Je ferme les yeux pour contenir mes larmes.

Je dois aussi tourner la page. Sans elle.

Deux Identités Pour ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant