Recueil de nouvelles et d'OS qui se déroulent en décembre afin de patienter jusqu'au réveillon tou.te.s ensemble.
Prenez un plaid, une boisson chaude et venez lire.
Calendrier de l'Avent collaboratif - édition 2020
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Il y avait eu Daisy, puis Rose, puis Violette, Anémone, Pimprenelle, Lilas, Jasmine, Capucine, Iris, Hortense, Vanille et, maintenant, Cannelle. Elle s'appelle Cannelle. Narcisse avait entendu une de ses amies l'appelait dans la cafét' bondée en cette heure de déjeuner.
Cannelle avait les cheveux rose. Cannelle avait une multitude de tâches de rousseurs sur ses joues et cela ressemblait à une constellation. Cannelle sentait la vanille (et, d'ailleurs, Vanille sentait la cannelle. Narcisse le sait car il adorait son parfum qui lui rappelait une douce époque). Cannelle portait toujours des hauts trop grands ; celui qu'elle aborde en ce jour de décembre est un pull bleu à col roulé avec de grosses mailles. Cannelle lui avait souri dans le couloir, un jour où rien allait et ça avait éclairé sa journée. Ce jour-là, une mèche rose tombait sur ses yeux noir, le rose de ses cheveux contrastait avec le teint hâlé de sa peau. Elle avait les dents mal alignées, des lèvres pleines qui avait donné à Narcisse l'envie de les croquer.
Il l'avait recroisée plusieurs fois depuis septembre, ceci dit la couleur de ses cheveux fait qu'elle est reconnaissable. Ils n'étaient pas dans les mêmes cours, hormis le mercredi de dix-sept heures à dix-neuf heures, où ils étaient dans le même amphi pour leur cours sur « L'écriture de la jeunesse ». Tous les mercredis, Narcisse s'arrangeait pour être quelques rangs derrière elle. Bien que l'écriture et notamment celle qui vise la jeunesse l'intéressait, redessiner la nuque et les coiffures de la jeune femme l'intéressait bien plus. La courbe de son cou n'avait plus aucun secret pour lui. La seule fois où il n'avait pas pu dessiner Cannelle, du moins sa nuque, c'est le jour où elle est arrivée en retard et qu'elle s'est assise près de lui. Ce jour-là, il découvrit qu'elle sentait la vanille et que ses putains de sourires étaient plus beaux de près.
Quand le cerveau de Narcisse assimila que Cannelle était la jolie métisse aux cheveux rose, il faillit s'étouffer avec le sandwich au fromage de la cafétéria, qui d'ailleurs n'avait pas tellement de goût. Il toussa un peu, ses amis le regardaient sans un mot. Il croisa les yeux de Cannelle, la quinte de toux repris. Il aurait dû s'en douter, il avait une sorte de malédiction depuis toujours.
Ses parents tenaient la plus belle boutique de fleurs de tout Paris. Narcisse s'était toujours demandé pourquoi ils n'étaient pas partis vivre à la campagne. « La Ronde des Fleurs » était le rêve de ses parents, du moins de sa mère, son père préférait faire des gâteaux. Alors, pour concilier leurs deux passions, ils inventèrent un nouveau concept. La boutique vendait des fleurs, des bouquets, préparait les plus jolies sculptures florales et se chargeait de décorer les salles pour les événements ; sa mère adorait préparer les salles pour les mariages. L'arrière-boutique, quant à elle, était aménagée en pâtisserie. Pas n'importe quelle pâtisserie, ceci dit, non !, une pâtisserie spécialisée dans la confection de gâteaux à partir de fleurs, et uniquement cela.
