❄️ 1 3 D é c e m b r e ❄️❄️

65 10 59
                                    

❄️

ShE

-literharry

❄️

Il pleut

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Il pleut. Elle soupire, elle aurait préféré de la neige. Malheureusement, il ne fait pas assez froid pour pouvoir voir des flocons. Elle repasse du plat de la main sa jupe rouge pour retirer un pli. Elle prend une des coupes de champagne qu'on lui propose.

Elle n'avait pas envie de venir. Un sapin de Noël scintille dans un coin. Elle est venue pour lui. Elle espère qu'il ne tardera pas trop. Elle repasse encore une fois sa main sur un pli invisible, sur son pull cette fois. Une maille s'effiloche sur le bout des manches, elle tire sur un morceau de laine. Elle se sent perdue, elle se sent stressée, alors elle se raccroche à cela. Ce misérable bout de laine qui devient son point de repère.

Elle trouve qu'il y a trop de monde. Elle fait tourner le champagne dans le verre tout en se glissant parmi les convives afin d'atteindre un bout de la salle avec moins de monde, avec plus de place. Moins de pression, moins de bruit, plus d'air. Elle se positionne face à une photographie. Elle survole le nom de l'artiste, lit que la photo a été prise en Norvège. Matin boréal. C'est le nom du cliché. Les teintes de bleu foncé, de rose, de vert se mêlent aux étoiles. Le jour se fond dans la nuit. L'obscurité converge avec la lumière. Sa respiration éparse arrive enfin à se calmer.

Elle continue de s'aventurer vers l'extrémité de la salle, là où les conversations ne sont que des murmures, où la musique de fond laisse place à la pluie qui frappe la toiture. De sa main qui ne tient pas la coupe, elle continue de triturer le fil. Ses doigts qui touchent sa paume lui rappelle qu'elle est effectivement ici, qu'elle vit cela, qu'elle est en vie et que la crise de panique est passagère. Ce petit contact lui rappelle le moment présent.

Elle ferme les yeux avant de les rouvrir et d'être projetée en Arctique. Des pingouins marchent en file indienne. Le blanc infini l'apaise. Elle essaie de se convaincre qu'elle a bien fait de venir, puis elle l'a fait pour lui. Il sera là d'une minute à l'autre. Elle espère qu'il ne tardera pas. Pour le moment, elle est seule. Elle ferme de nouveau les paupières, compte jusqu'à quatre, retient sa respiration sur sept secondes et expire pendant huit. Cette technique lui permet de se concentrer sur sa respiration et, quelques instants, ne plus penser qu'elle est seule dans cette pièce.

Elle a toujours eu peur d'être seule. Elle travaille beaucoup sur ça. Elle travaille sur beaucoup de choses, d'ailleurs. C'est compliqué pour elle de gérer tout ce qu'il se passe dans sa tête. Les pensées fusent en permanence et elle en oublie parfois de respirer. C'est tellement fort certains jours qu'elle se met à pleurer pour rien, ou plutôt pour trop de choses qu'elle n'arrive ni à trier ni à formuler. Sa tête est en bordel depuis des années. Elle travaille à ranger ses pensées. Mais elles ne lui laissent jamais de répit, comme une course perdue d'avance. Comme si quoiqu'elle fasse, ce seront elles qui gagneront, toujours. Mais, parfois, les pensées se mettent en sourdine pour un moment. Un petit moment mais qui lui permet de souffler un peu puis de tenter de les apprivoiser. C'est quand il est là qu'elles se taisent. Il fait taire l'angoisse avec sa présence, sa voix, sa main dans la sienne, ses baisers. Il l'aide à les dompter, à les apaiser.

Penser à lui la soulage. Il sera bientôt là et, dès qu'il arrivera, il viendra la chercher. Elle continue de parcourir les photos et se dirige à pas lents vers le sapin illuminé. Quatre, sept, huit. Quatre, sept, huit. Quatre, sept, huit. Elle respire profondément et observe l'arbre de Noël. Les boules sont paillettés et la lumière qui vient les taper projettent comme des étincelles sur le sol. Quelques guirlandes clignotent. Elle inspire profondément le parfum forestier du sapin, se sentant projeter loin d'ici. Quatre, sept, huit. Quatre, sept, huit. Quatre, sept, hu-

Il est là. Juste derrière elle. Il l'observe. Sans se retourner, elle le sait. Elle se tourne, lentement. Il place doucement sa main dans la chute de ses reins. Tant de délicatesse pour ne pas l'effrayer. Elle sourit. Les deux mains autour de sa coupe de champagne, elle ne se tourne pas entièrement. Juste de côté. Elle place sa joue sur son torse, il pose son menton sur le haut de son crâne. Elle sourit plus fort. Il est là. Tout simplement. Il dépose un baiser sur son front et elle se replace face au sapin.

Il passe son bras autour de sa taille. Elle a son dos contre son torse. Il embrasse à nuque. Sa respiration s'apaise, elle est enfin bien, enfin là où il faut. Elle n'est plus seule. Il est là. Toujours là. Elle fixe le sapin.

« C'est beau.

- Très beau. » il répond.

Il ne l'a pas lâchée du regard. Elle ne le voit pas mais elle le sait. Elle le connait si bien. Elle sourit encore plus. Il est sûr qu'elle rayonne. Il entend son coeur qui s'apaise. Elle ne joue plus avec sa manche, elle pose juste sa main sur la sienne, sur son ventre. Elle mêle leurs doigts. Elle est enfin bien.

Plumes de DécembreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant