Introduction

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Ce que je me demande souvent c'est : « Comment j'en suis arrivée à là ? » ; « Est ce que j'aurais pu faire quelque chose pour ne pas être là où j'en suis aujourd'hui ? ». Mais j'ai beau y réfléchir, je ne trouve pas de réponses. Je trouve pas à quel moment j'ai merdé. À quel moment j'ai fait quelque chose qui ne fallait pas faire.
Ah si. Bien sûr que si.
Je regarde sa petite bouille et j'attrape ses petites joues potelées. Ça j'aurais pas du le faire mdr. Mais je ne le regrette pas le moins du monde.

J'aimerais des réponses à ces questions alors je vais vous raconter mon histoire, ma vie, pour que vous puissiez m'en donner.
Je vais vous placer le contexte.
Laisser moi vous raconter mon passé, au présent.

Je m'appelle Anissa, j'ai dix-sept ans et je suis comorienne. Je viens d'un quartier dans lequel j'ai grandi depuis bébé. J'ai une grande soeur de vingt-sept ans, Hawa, et un grand frère de vingt-trois ans, Ismaïl. Ils habitent chacun chez eux avec leurs moitiés respectives. Moi, j'habite avec ma mère et mon petit frère Djaffar, huit ans.
J'avais un père, mais il est mort. Pour moi du moins. Car à mes treize ans, il est parti du jour au lendemain sans me donner aucune explication, zéro. Il m'a abandonné sans me donner de nouvelles pendant des mois. Et quand il m'a enfin appelé après des mois, je n'ai pas voulu répondre. Je lui en voulais beaucoup trop. Depuis qu'il est parti, je ne l'ai vu que quelques fois car il revient des fois je sais pas pourquoi. Il reste quelques semaines et il se casse. Et sur toutes ces rares fois où il venait, j'ai dû lui parler qu'une seule fois. C'était une brève discussion. Bref. La plupart du temps quand il est là, je l'esquive au maximum. Je ne veux plus le voir. Il m'a brisé d'une façon. Faut savoir que lui et moi avant on avait une relation tellement fusionnel. Il était tout mon monde, mon monde entier, mon pilier, mon repère. Il n'y avait que lui et moi et personne d'autre. Alors quand il est parti je me suis retrouvée perdue, seule face à des inconnus, orpheline. Face à des inconnus c'est à dire Hawa et Ismaïl car je n'ai jamais était proche d'eux, je ne les connaissais pas et il était trop tard pour qu'on puisse se rapprocher. Je pense pas qu'ils en avaient l'envie de toute façon. Maintenant, je parle avec Hawa normalement, on pas une relation folle mais ça va. Elle est gentille et elle est là quand j'ai besoin, même si c'est rare que je lui demande quoi que ce soit de toute façon. Elle et moi on travaille dans le même hôpital. Elle en tant qu'infirmière et moi en tant qu'ASH le week-end et pendant les vacances scolaires. Pour Ismaïl, c'est autre chose. J'ai un peu plus de mal avec lui. Il est constamment sur mon dos, dès qu'il peut me dire quelque chose, il le fait. On dirait que je lui ai fais quelque chose. En plus il va toujours dans le sens de ma mère et ça me dégoûte.
Ma mère. Alors là. C'est la personne qui me fait regretter chaque souffle de vie tout les jours depuis quatre ans. Depuis que mon père est parti, je suis devenu son souffre-douleur. Coups, insultes et humiliations pour tout et pour rien. Je hais ma vie à cause d'elle. Quatre ans que je subis ça et peu de gens le savent. Elle aussi je ne la considère plus comme ma mère, c'est pour ça que je me dis orpheline. Hawa intervient quand elle peut mais elle n'est pas constamment chez moi donc bon. J'attends ma majorité pour partir parce qu'autrement, d'après les nombreuses recherches que j'ai faites, c'est très compliqué de quitter son foyer en étant mineur. Trop compliqué.
Si je réussis à tenir un minimum, c'est grâce à Djaffar. Mon petit bébé, le soleil de ma vie. Mais malgré ça, j'ai plusieurs fois tenté d'en finir.
Quatre putains d'années que je n'ai plus l'impression de vivre mais de survivre.
Combien de temps je vais encore tenir ?



Bonne lecture

K, sois ma paixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant