Chapitre 10

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Quelques minutes passent avant qu'on arrive au quartier. Elle se gare et quand j'ouvre la porte pour sortir, je tombe nez à nez sur Malik. Je suis restée immobile et lui aussi. Je savais pas quoi faire ni quoi dire. On est resté quelques secondes à se fixer dans les yeux puis j'ai réalisé que de base, il passait et que j'ai bloqué sa route en ouvrant la portière donc je la referme et il continue sa route. Je le suis du regard en sortant de la voiture et il se retourne vite fait pour me regarder. Mais aucun de nous deux ne fait rien de plus. C'est comme si on était tout les deux choqués de voir l'autre. C'est vrai que ça me fait bizarre. Il a changé, ses yeux sont vides, il a le teint jaune, ses lèvres sont violettes. Il me fait de la peine. Bref, il continue sa route et moi je prend mes affaires et je rentre chez moi avec Hawa et ma mère.
Je trace directement dans ma chambre où je trouve Djaffar sur mon lit. Il a entre ses mains un dessin et sur lequel il y a marqué « Bon retour Anissa » dessus.
Qu'est ce qu'il est chou mon amour.

Moi : « Mon bébé »

Il vient vers moi et il saute dans mes bras. On se fait un long et gros câlin et je lui fais plein de bisous partout.
Comment j'ai pu avoir voulu laisser ce petit bout de chou. C'est un sujet sur lequel on a beaucoup discuter avec la psy et sur lequel j'ai encore besoin de discuter.
Bref.

Djaffar : « Tu m'a manqué Anissa »
Moi : « Toi aussi tu m'a manqué, tu m'a tellement manqué »
Djaffar : « Tout les jours je demandais à Hawa quand t'allais revenir »
Moi : « Hawa elle venait ici tout les jours ? »
Djaffar : « Oui et même que je suis allé dormir chez elle une semaine »
Moi : « C'est bien mon coeur, moi je pensais à toi tout les jours. On est enfin ensemble »

Je continue à lui faire plein de bisous partout. C'est l'amour de ma vie.
Il me montre son dessin et il me raconte ce qu'il a fait durant mon absence. Quand il a fini, il est essoufflé tellement il a parlé.

Moi : « Bon moi mon coeur, je vais sortir faut que je me prépares »
Djaffar : « Ooh, tu va où ? »
Moi : « Je sais pas encore. Mais t'inquiètes pas, vu que cette semaine j'ai pas cours, on va bien profiter et on va faire plein de sorties okay ? »
Djaffar : « Ouaaii. On pourra aller au Quick ? »

Je rigole.

Moi : « Oui si tu veux. Bon, va maintenant »

Je lui fais un bisou avant qu'il ne se lève pour partir.

Moi : « Attends, pourquoi t'es pas à l'école enfaite ? »
Djaffar : « Maman elle s'est réveillée en retard du coup elle m'a pas ramené »

Sans commentaire.

Moi : « Hmm. Vas-y, bisou »

Et il sort. Je regarde autour de moi, tout est parfaitement rangé et propre. Mais ça n'empêche pas que ça me rend malade. J'en ai tellement marre d'être ici, dans cet environnement violent et malsain qui ne me rappelle que des mauvais souvenirs, des souvenirs tellement douloureux.
Ces trois dernières semaines passées à l'hôpital m'ont fait réaliser toutes les choses qui c'était passé ici. J'ai l'impression que ces dernières semaines, j'ai ressassé toute ma vie entière. De mes souvenirs les plus lointains à ceux les plus récents. Et ce que j'en ai conclu c'est qu'il faut que ça cesse parce que c'est plus possible et ce qui c'est passé pour que je finisses à l'hôpital le prouve très bien. Mais il faut pas que ça cesse de la manière dont j'ai essayer de le faire. Je mérites pas de vivre cette vie mais je mérite de vivre. J'ai vécu des choses de merde mais c'est pas pour autant qu'il faut que ça dure. Je suis déterminée à m'en sortir et encore plus qu'avant. J'ai eu un moment de désespoir où j'ai penser que mourir était la seule façon d'arrêter de souffrir mais maintenant j'ai réalisé. Ces trois semaines où j'ai ressassé mes souvenirs, je me suis souvenue de tout les bons moments passés avec les gens que j'aime et qui m'aiment et ça me laisses croire que j'ai une place ici, aux côtés de mes proches. La mort de Jedda et la douleur qu'elle a engendré chez sa famille et moi-même m'a fait réaliser que je ne voulais pas faire engendrer cette douleur à mes proches. Certes, viendra un jour où la mort viendra. C'est inévitable. Mais en tout cas, c'est pas moi qui viendra à elle.
Mais bon, restons réaliste. C'est pas parce que je veux que ça cesse que ça va s'arrêter. Mais je promets de rester patiente, d'endurer, d'encaisser et de ne plus jamais me faire du mal, plus jamais. En me disant ça, je regarde mes bras et je n'ai que des cicatrices sans croûtes.
À ce moment-là, je suis fière de moi.
En repensant à Jedda, je regarde par ma fenêtre son bâtiment qui est en face du mien. Les volets de son appartement sont fermés. Elle vivait seule Jedda.
Je me lève et je fouilles dans ma boite à bijoux pour trouver un bracelet qu'elle m'avait offert. Il vient d'Algérie, il est en plaqué or avec des gravures. Il a été fait main. Malik et Camélia ont le même. C'est dommage qu'il est trop petit pour mon poignet maintenant mais ça me fait plaisir de le voir. En fouillant encore, je tombe sur le collier qu'elle m'avait ramené de la Mecque, c'est ce que je cherchais. La chaîne est doré et le pendentif c'est une pierre noire orné de petits diamants. Je le met autour de mon cou direct. Je sers fort le pendentif entre mes mains et des larmes coulent. Mais je suis pas mal, j'ai accepté maintenant.
Franchement, Jedda c'était la meilleure. Elle m'aimait tellement et elle le montrait si bien. C'était elle, avec Hafida, mon exemple maternel. Avec elle, je me sentais toujours bien et aimée. Elle me traitait comme sa petite-fille. Je me souviens en été quand on était petit, Malik, Camélia et moi, on allait toujours prendre des glaces chez elle qu'elle faisait elle même. Elle nous appelait les trois mousquetaires.
Je soupire.
C'est la vie, on se reverra de toute façon si Dieu le veut.
En parlant de Dieu, je me suis trop éloignée de Lui. Depuis que je suis à l'hôpital, je ne pries plus. Je sais que justement, c'est dans ces moments là qu'il faut être assidu mais après ce grand péché, je ne me sens plus digne.
Camélia me manque aussi. J'ai aucune nouvelle d'elle, je sais même pas si elle est chez elle ou pas. Elle répond à aucun de mes messages. J'espère qu'elle va bien, c'est tout ce qui compte pour moi.

K, sois ma paixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant