Chapitre un.

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Je n'aime pas les ombres. Elles me font me sentir triste. On peut bien les effacer avec de la lumière mais, quelquefois, nous n'en avons pas le courage. Parfois, les ombres sont dans notre cœur ou dans celui des autres. Tout le monde a quelques ombres, peu importe le sourire qu'ils abordent ou bien les rires émis à chaque phrase. Je les sens occasionnellement, les ombres intérieures, lorsqu'elles sont omniprésentes. Je les sens s'emparer avec mesquinerie des nuages blancs dans le cœur des gens. Mais je sais que je ne ferais que les effrayer si je voulais les aider, ou même si je me mettais à leur parler sans les connaître ni connaître ce qu'ils ressentent. La plupart des gens ne croient pas en la magie. Ni en rien d'autre, d'ailleurs. Surtout quand ils sont grands, ou quand ils ont perdu espoir. Les enfants y croient, eux, avant que leurs parents ne leur disent que ce n'était qu'un songe innocent. Pourtant, la magie est partout, sous toutes les formes. Elle est en moi, la magie qui crépite dans l'air, qui s'exprime et qui explose, faisant rire et pleurer. Mais les gens ne la voient pas et ne veulent pas la voir. Au fond, on a tous quelque chose, une étincelle, et lorsqu'on y croit, lorsqu'on a espoir, elle se met en marche.

Je viens d'en haut. Pas de l'au-delà ou quelque chose dans le genre, mais de l'autre
« Terre ». En tout, il y a douze planètes. Avec de la magie, la déesse-mère de l'univers a réussi à superposer chaque planète l'une dans l'autre sans pour autant que les dimensions ne changent. Nous sommes comme son noyau, elle est le noyau d'une autre Terre et ainsi de suite, pour l'équivalent de douze fois. Je n'ai pas vécu assez longtemps dans mon monde natif pour tout apprendre, même si je me souviens de quelques histoires que mes parents me racontaient, lorsque j'étais une enfant. D'où je viens, chaque personne exploite sa magie, mais d'une façon différente. La magie diffère dans chaque être, c'est ce que maman disait. Je crois qu'un jour, la déesse-mère a eu des enfants, douze filles à qui elle aurait donné une planète chacune pour qu'elles les protègent en les faisant prospérer comme bon leur semble mais je n'en suis encore une fois pas certaine.

S'il y a autant de superstitions dans le monde où je suis maintenant, c'est peut-être parce qu'il y déjà eu de la magie, il y a longtemps mais qu'elle aurait disparue parce que les gens la craignaient trop. C'est sans doute ainsi que la crainte de la différence s'est instaurée. La magie fait peur à l'humain et nous sommes représentés comme des monstres, alors que nous avons seulement un don. Ironique, non ? Je n'ai jamais vu personne hurler à la lune ou voler, couvert d'un drap blanc ridicule, comme les humains décrivaient les monstres des anciennes légendes. Ce sont des sottises. Je ne sais pas comment c'est dans les autres mondes mais ici, personne ne possède de magie, et elle est représentée comme étant mauvaise. Il y a même des tas de gens qui font des rituels pour bannir la magie de leur maison. Il n'y a que les enfants qui y croient et heureusement qu'ils le font, même si ce n'est que sur une courte période de temps. Sur la planète où je suis née, tout le monde était magique et il n'y avait rien d'anormal dans le fait d'avoir des pouvoirs, au contraire. Ma famille était plus puissante que les autres, je m'en souviens vaguement mais je ne savais pas pourquoi et je me demande si je vais le savoir un jour. Au fond, ce n'est pas important. Chacun naît avec des dons différents de ceux des autres et il faut accepter le fait que nous n'ayons pas le même niveau de puissance que les autres.

Bref, je vis sur cette planète depuis mes cinq ans. J'en ai 18 maintenant. Mes parents m'ont envoyée ici pour me protéger de toute la noirceur qui a ravagé les mondes plus hauts. C'est la guerre qui se joue entre la lumière et la noirceur qui a fait en sorte que je sois devenue habitante d'un peuple ne croyant pas en la magie. Des êtres de noirceur ont détruit mon monde pour atteindre plus facilement tous les autres, de ce que je me souviens. J'aurais voulu affirmer que je savais ce qui se passait là-haut, mais c'était faux à cette époque. Je n'en avais aucune idée. J'étais jeune et je ne comprenais pas la teneur des évènements. Je me souviens clairement d'une enfance joyeuse, avec mes parents et ma maison, mais sans plus. Je n'ai presque pas de souvenirs clairs et je m'en veux de ne pas arriver à m'en rappeler. J'étais jeune, je sais, mais j'aurais tant voulu me rappeler de tous les détails avec maman et papa, de la maison dans le champ de fleurs multicolores, de l'ambiance joyeuse qui y régnait constamment. Je me souviens d'un moment très précis de mon enfance, la Terre avait semblé hurler et je l'avais entendue parce que je suis quelqu'un de très sensible et que je sens chaque émotion des gens. Mais cette fois, c'était atroce. C'était profond, douloureux et j'avais l'impression que sa douleur me traversait. Elle criait, comme si son âme se déchirait en deux. Elle se brisait peu à peu et c'est une des raisons pour lesquelles mes parents m'ont envoyée ici. Ils le sentaient, eux aussi.

L'espoir est une lumière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant