Chapitre dix

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J'ouvre brusquement les yeux, me redressant violemment en portant une main à mon cœur. La respiration saccadée, je sens à peine Jay qui se lève rapidement. Il passe sa main dans mon dos et il allume la lampe. Je remarque alors qu'il fait nuit.

— Combien de temps...combien de temps je suis restée là-bas ?

Ma voix est rauque, comme si je n'avais pas parlé depuis vraiment longtemps.

— Seulement vingt jours, c'est carrément le quart de mon temps.

— J'ai l'impression de n'avoir passé qu'une demi-heure seulement là-bas. C'était atroce.

— En fait, tu y es restée vingt minutes mentales. Chaque minute là-bas équivaut à une journée ici. C'était rapide.

— J'y suis morte.

— Une partie de nous meurt quand nous réussissons cette épreuve, c'est inévitable. Notre ancienne magie, du moins. Maintenant, tu utilises ta vraie magie, celle de ton noyau. Tu as eu une sorte de renaissance.

Je prends le temps de comprendre et je me rallonge aux côtés de Jay, qui passe un bras protecteur autour de ma taille. Je me blottis contre son torse et son odeur m'apaise.

— J'espère de ne plus jamais avoir à faire face à ce que j'ai vu.

— Je sais. C'est atroce et on ne pourra jamais oublier tout ce qu'on y a vu. On finit par s'y habituer mais ça a un prix beaucoup plus grand. La peur disparaît des émotions qu'on peut ressentir.

Je sens mes yeux se fermer tous seuls et je me laisse dériver vers le sommeil. Je me retrouve ailleurs, mon âme se faisant transporter dans un endroit que je ne connais pas. Des images se mettent à défiler devant mes yeux à une vitesse fulgurante et j'ai à peine le temps de voir un ciel, une lune bleue cachée par un soleil jaune et Amarick qui tue une personne.

Tout s'arrête soudainement et j'ouvre les yeux en sursautant. Il fait encore sombre, mais je décide de me lever. En posant les pieds au sol, je me sens différente, sans trouver cette sensation désagréable, comme si au fond je me sens plus moi-même que jamais. J'avale rapidement une collation et un grand verre d'eau et je sors de la maison. Je parcours les quelques mètres qui me séparent de l'endroit où Charlie dort.

Cependant, en arrivant, je prends un temps d'arrêt pour analyser ce que je vois. Ce n'est plus du tout le petit dragon que j'avais laissé avant de partir à la recherche de mon noyau magique qui se tient devant moi mais un immense dragon de plus de deux mètres de haut. Ses ailes sont encore plus grandes qu'avant et il se tient devant moi, m'observant lui aussi. J'ai l'impression qu'il scrute mon esprit dans ses plus infimes recoins. Il est plus massif et son visage semble plus adulte, ses écailles étant davantage prononcées. Je réalise qu'il est devenu adulte et qu'il n'est plus du tout le bébé qu'il était.

— Bonjour, Abigaëlle.

Je lève les sourcils, étonnée. Depuis quand communiquait-il avec de vrais mots ? Bien sûr, il ne parle pas vraiment, du moins, pas vocalement mais par l'esprit. Cela reste quand même stupéfiant. Je n'aurais pas cru que ça allait l'affecter aussi que j'augmente ma magie.

— Pour éclairer ta question, mon âme a grandi comme la tienne. Nous avons tous les deux atteint notre apogée de puissance. Une guerre se prépare et je suis heureux que Caal t'ai poussée à chercher ton noyau magique.

L'entendre parler ainsi, comme un sage, me perturbe. Mais après tout, moi aussi j'ai changé. Nous étions constamment en changement, à y penser.

— Je dois te montrer quelque chose.

L'espoir est une lumière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant