Chapitre six

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Jay, Caal. Les deux prénoms résonnent dans ma tête longuement, tentant de se mettre ensemble. Lorsqu'ils y arrivent, je prends vraiment conscience de ce que cela implique.

— Tu es...enfin, tu es le fils d'Amarick et de Marianne et je n'étais pas au courant...Alors c'est ce que tu me cachais.

Ma voix est plus brusque que ce que je croyais. Il baisse la tête mais il la relève quelques secondes plus tard.

— Je suis désolé de ne pas te l'avoir dit quand tu es arrivée.

Je pince les lèvres et hausse les épaules.

— C'est étrange, parce que j'ai eu confiance en toi dès les premières secondes où je t'ai vu mais en fait, tu n'as jamais vraiment été honnête.

— Attend, Abby, ce n'est pas...

Je fais un mouvement pour partir mais Jay court vers moi et attrape ma main en me retournant. Nos corps se rencontrent mais je suis trop déstabilisée par la nouvelle pour m'en rendre compte complètement.

— Ne me touche pas.

Je me dégage de sa main avec brusquerie et je tente de rejoindre maman et Charles mais ils sont tous figés, comme s'ils étaient devenus des statues.

— Qu'est-ce que tu leur as fait ? Libère-les !

— Il ne va rien leur arriver, j'ai seulement ouvert une faille dans l'espace-temps pour te parler calmement sans alerter le monde entier.

— C'est comme ça que tu te téléportes.

— Oui, maintenant, s'il te plaît, suis-moi.

Je croise les bras, déterminée à ne pas le suivre. Il soupire et se tourne en se rapprochant. La tristesse mêlée de crainte dans ses yeux attire malgré moi ma curiosité et je lève rageusement les yeux au ciel en le rejoignant. Satisfait, il ouvre de nouveau la marche et je lui emboîte le pas. Nous marchons quelques minutes et nous débouchons dans une clairière où la lumière de la lune éclaire assez bien. Il s'arrête et il se retourne pour me faire face. Il baisse la tête, évite mon regard.

— J'aurais dû te dire plus tôt que j'étais l'enfant de ce monstre, je suis navré. Mais si je te l'avais dit dès le début, tu m'aurais évité et tu te serais méfiée de moi. Je ne voulais pas que ça arrive parce que tous les autres se seraient demandé pourquoi et j'ai travaillé très dur pour me faire une vie ici, une vie où personne ne me connaissait. Si tu avais su que mon vrai nom était Caal, tu n'aurais même pas voulu m'adresser la parole et je ne voulais pas te le dire avant que tu saches toi-même qui tu étais en discutant avec Charles.

— Pourquoi tu ne voulais pas que ma mère te voie ?

— Parce que je suis censé être mort et qu'elle aurait tenté de me convaincre de revenir vivre avec elle étant donné que j'ai perdu ma mère. Je ne voulais pas qu'elle ait pitié de moi, je n'ai pas besoin de pitié. Je devais te protéger, je dois passer par-dessus la mort de ma mère, je n'ai pas besoin qu'Amélia ne me le rappelle en me demandant de venir avec elle...

Sa voix tremble un moment et il respire lentement en fermant les yeux. Il lève la tête et son regard embué rencontre le mien, me donnant l'impression d'un électrochoc.

— Tu ne dois probablement pas t'en souvenir parce que tu étais toute petite, mais je venais jouer avec toi presque tous les jours. Tu avais...une fascination pour mes yeux et tu pleurais à chaque fois que je partais. Même si j'avais le corps d'un adolescent à cette époque, nous avions environ le même âge alors c'est pour ça que je demandais toujours à ma mère de me laisser venir te voir. Nos parents trouvaient que c'était adorable alors ils ne refusaient jamais que je sois chez eux. Je me suis profondément pris d'affection pour toi, à la première seconde où je t'ai vue. Tu étais minuscule dans ton berceau et pourtant, tes yeux tentaient déjà de tout apprendre et tu étais toujours en train de tenter de t'échapper. Tu semblais tout comprendre et ça m'a déchiré quand j'ai dû partir, parce qu'Amarick était revenu. J'ai passé un pacte avec Cepheus, qui m'avantageait beaucoup et qui le rassurait lui. Il créait une illusion où je me faisais tuer et j'avais la paix étant donné que tout le monde allait croire que j'étais mort. En échange, je m'engageais à te protéger, coûte que coûte. Je t'ai protégée de loin, m'assurant que tu étais toujours correcte et lorsque tu t'es éprise de ce...de ce traître de Noah je...

L'espoir est une lumière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant