L'espoir est une lumière.

Chapitre douze

Elle arrive comme une évidence, fleur fanée, le dernier pétale qui tombe au sol. On s'y prépare inconsciemment toute notre vie. Quoique lorsqu'elle arrive, on ne s'y attend jamais. Lorsqu'elle pose le deuil sur toutes les fleurs proches de celle qui ne peut plus vivre, lorsqu'on doit fermer les yeux pour ne pas s'y noyer et s'y perdre, la mort est perçue différemment.

C'était la fin. Amarick n'est plus, Esteban non plus. La lumière avait vaincu le mal et tout le monde était sauf. Tout le monde, excepté Leily... et Jay.

Avec une infinie douleur, je pose mes lèvres sur celles de Jay, une dernière fois. Je regrette tous ces moments où j'ai douté, tous ces moments où je ne lui ai pas dit que je l'aimais, ce moment où je n'ai pas répondu à sa déclaration d'amour, ces moments où je n'ai pas assez senti son odeur contre mon cœur. Il me manquait déjà terriblement et j'avais envie de le rejoindre.

— Je t'aime, je suis tellement désolée de ne pas te l'avoir dit avant.

Ma voix est brisée alors que ma vue est floutée par les larmes amère qui coulent sur mes joues, traçant des sillons de douleur contre mes joues pâles comme la mort. J'aurais voulu pouvoir remonter le temps, pouvoir avoir prévu ce geste injuste d'Amarick mais c'est impossible, on ne peut pas remonter dans le temps. Soudainement, une bulle dorée nous enveloppe et lorsqu'elle disparaît, je n'entends presque pas l'expression étonnée et ponctuée de larmes de maman parce que les yeux de Jay se sont ouverts à nouveau et qu'il me regarde. Mon regard se voile davantage de larmes et je tente de me rapprocher encore plus de lui en riant, comme libérée d'un deuil que je sais que je n'aurais jamais pu supporter. Je ne comprends pas ce qu'il se passe mais je l'aime lui et c'est tout ce qui compte. Cependant, quelque chose m'y en empêche et je baisse les yeux vers l'obstacle physique qu'il y a entre nous deux, confuse. Jay se retrouve également confus lorsqu'il aperçoit à son tour le petit bébé enveloppé dans une magnifique couverture dorée piquée de petites étoiles bleu ciel. Mais qu'est-ce qu'un enfant fait là ? Perdue plus que jamais, je dévisage le nourrisson avec un jugement craintif alors que celui-ci gazouille joyeusement. Maman s'agenouille près de nous en souriant.

— Ce n'est qu'une preuve d'amour et un désir complet d'être avec la personne qui peut créer un enfant magique entre âmes sœurs.

— Des âmes sœurs ?

Jay, qui semble avoir compris, sourit avec bonheur. Je me sens dans une autre réalité, mes idées sont embrouillées. Jay, un enfant magique, des âmes sœurs ? Ça ne veut rien dire pour moi.

— Pour avoir un enfant magique, il faut que ce soit avec votre âme sœur. Ils ne peuvent pas naître dans d'autres conditions. Les âmes sœurs sont portées à se connaître et à s'apprécier, même s'ils ne le savent pas immédiatement. Vous avez probablement toujours eu une confiance aveugle l'un envers l'autres et vous avez dû être attirés par l'autre sans le vouloir et plus rapidement que les gens sans magie. Jay t'a toujours protégée, ma petite étoile, et inversement. Tu as vaincu Amarick pour te venger de la mort de Jay. Ce n'était pas un hasard.

Maman pose sa main sur le duvet caramel de mon enfant alors que je comprends que ce qui nous a réunis, moi et Jay, c'est un amour si puissant qu'il a créé un être vivant. Ce qu'il nous arrive est la chose la plus belle qui aurait pu m'arriver, nous arriver. Le fait que nous soyons devenus parents aussi subitement reste un choc pour nous deux mais nous savons que nous pourrions être heureux maintenant. La guerre est finie, nous sommes les deux vivants et nous partageons quelque chose d'encore plus grand que l'amour. C'est incroyable à quel point la vie apporte parfois des cadeaux inattendus à ceux qui pensaient qu'il ne restait plus rien. L'espoir permet d'avoir de merveilleuses opportunités et même si j'ai jadis douté, je ne doute plus désormais, je suis enfin heureuse.

— Mais revenons à ce bout de chou, comment allez-vous l'appeler ?

Jay et moi partageons un regard amusé et je réponds, un sourire sincère accroché aux lèvres.

— Ethan.