Chapitre trois

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Je me réveille dans ce qui me semble être un lit de paille. Je papillonne des yeux plusieurs fois avant de réussir à les ouvrir sans me procurer un mal de crâne. Je tente difficilement de me redresser mais une douce main se pose sur mon front en me forçant à reposer ma tête sur l'oreiller de plume. Je sursaute mais mes forces ne sont pas toutes revenues, alors je n'ai pas le choix que de me recoucher. Tout est flou dans ma tête et je tente de remettre le peu de souvenirs que j'ai dans l'ordre mais mon esprit est rempli d'un brouillard qui m'empêche de réfléchir. J'ai les membres cotonneux, je n'ai pas totalement l'impression d'être réveillée et je pense pendant un instant que quelqu'un m'a peut-être droguée.

— Doucement mon enfant, laisse ta magie se regénérer. Ton bras est encore blessé alors ne fais pas de gestes brusques.

Ma magie ? Des brides de souvenirs apparaissent dans ma mémoire et je me redresse brusquement en faisant sursauter la femme d'un certain âge, assise près de moi. Ma tête se met à tourner brusquement et la nausée me prend mais je l'ignore, concentrant toute mon attention sur la femme à mes côtés.

— Où est Amarick ?

— Il est retourné là-haut après que tu sois tombée ici et que tu aies détruit son épée.

— Où suis-je ?

La vieille femme ne répond pas immédiatement et je remarque son regard mauve. Comment se fait-il qu'il soit mauve ? Je regarde autour de moi et je vois de grandes couvertures qui tapissent les murs. Mais que s'est-il passé ? La pièce se remet à tourner autour de moi et j'ai de la difficulté à garder les yeux ouverts, comme si une force supérieure me forçait à me rendormir

— Tu es sur la terre des Zenath, adorateurs de la déesse suprême.

***

Il fait nuit lorsque j'ouvre les yeux pour la deuxième fois. Cette fois-ci, je me souviens de tout et mon cerveau n'est pas obstrué par cette désagréable sensation de vide. Le feu, la chute, la mort, la destruction, les regards colorés, la vieille femme et le nom de leur terre. Zenath. Je ne sais pas trop comment le dire, cela sonne comme une autre langue, mais j'imagine que je vais m'habituer. Mon regard s'habitue rapidement à l'obscurité ambiante de la pièce et je me relève prudemment, de peur d'être reprise de vertiges et de devoir me recoucher. Mais cette fois, aucun mal de tête ne s'empare de moi et je sors mes pieds du lit pour les poser au sol. La vieille femme de la veille est assise sur une chaise de bois à bascule et elle semble dormir. Je la regarde un moment et son visage doux me rappelle vaguement celui de Marie. Mon cœur se serre. Marie n'est plus, tuée dans le carnage de la veille. Des images terribles arrivent dans ma tête et je ferme les yeux violement pour les faire fuir. Je ne veux pas me rappeler la terreur qui vivait dans les cœurs de tous ces gens innocents, je ne veux pas me rappeler la tristesse de ceux qui ont perdus des proches devant leurs yeux, tués par les monstres. Étonnamment, je réussis à faire fuir tous les sentiments négatifs en quelques secondes. Mon regard s'attarde un moment sur la main de la femme refermée sur une statuette. Je sors de ma douleur intérieure et j'ouvre grand les yeux de surprise. Elle tient au creux de sa main une petite figurine de bois rouge, la même que celle que maman m'avait donnée jadis. Comment est-ce possible qu'elles ne viennent pas de la même terre et pourtant, qu'elles soient autant identiques, excepté par leur couleur ? Je ne fais rien mais je me jure mentalement de lui poser des questions le lendemain. Je sors silencieusement de la chaumière et je m'étonne de la température chaude. Chez moi, les températures la nuit étaient toujours froides et humides alors qu'ici, elles sont douces et chaudes. J'allais de surprises en surprises et encore, je ne connaissais absolument rien d'eux.

— Ellie s'est endormie ?

Je sursaute et manque de peu de menacer une petite fille de mon épée. Une enfant d'une dizaine d'année se tient devant l'entrée de sa maison, d'après ce que j'en déduis. Pieds nus et vêtue d'une petite robe blanche, elle me dévisage de son magnifique regard vert clair.

L'espoir est une lumière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant