L'espoir est une lumière.

Chapitre huit

J'assimile rapidement la situation et je me lève à toute vitesse pour courir vers Jay, qui est inconscient au sol. Je m'agenouille près de lui et je ramène son corps sur mes genoux. Je passe une main au-dessus de lui pour voir s'il va bien. Normalement, un simple coup ne fait pas perdre connaissance à quelqu'un, mais peut être que oui, je ne m'y connais pas trop. Heureusement, tout m'indique qu'il est correct et l'ombre de son sourire amusé flotte encore sur ses lèvres. Je jette un regard à Eden, qui est impassible malgré la situation.

— Que vient-il de se passer ?

Eden détourne le regard et le pose sur Jay avec un certain dédain. Il hausse négligemment les épaules et il fait demi-tour, repartant vers la forêt sans que je puisse prononcer un mot de plus. Maélys, Éléanore et Laen arrivent en courant. Le garçon se met à rire et Éléanore lui donne un coup de coude dans les côtes pour qu'il arrête. Je regarde Maélys qui a l'air vraiment inquiète.

— Tu sais où je peux l'amener afin qu'il puisse se reposer et reprendre des forces ?

— Tu peux l'accompagner chez lui, il habite près d'ici, je vais venir avec vous.

Je me lève et je soulève magiquement Jay dans les airs en attendant que mes amis remettent leurs vêtements secs. Maélys prend les devants et elle me guide à travers la forêt. Nous pénétrons dans le village mais, heureusement, il y a peu de gens présents à l'extérieur et personne ne nous porte attention. On arrive devant une maison un peu à l'écart, semblable aux autres et Maélys m'ouvre la porte. Je la remercie et elle me fait un clin d'œil. Elle s'en va et je m'introduis dans la maison de Jay. J'observe un moment les lieux. Tout est très sobre, sans vraiment de décorations. Je le pose magiquement sur son lit et je vais chercher une chaise pour le veiller.

Il allait bien finir par se réveiller un jour ou l'autre alors aussi bien attendre. La pièce prend soudainement une température beaucoup plus chaude et je me penche vers Jay, sourcils froncés. Il est couvert d'une fine pellicule de sueur et probablement que sa magie réagit en conséquence. Je me lève et je tente de trouver de l'eau afin de faire baisser sa température. Je trouve une carafe près de la table où j'ai pris ma chaise. Je la prends et je reviens près du lit. Je trempe un bout de mon chandail dans l'eau et je me mets à lui éponger le front. À peine une seconde après que ma peau soit entrée en contact avec la sienne, la température redevient normale.

Rassurée, je tente de me rasseoir sur ma chaise mais la main gauche de Jay est agrippée à mon chandail. Je tente un moment de défaire l'emprise de ses doigts mais je n'y arrive pas et je soupire bruyamment. J'assume ma défaite jusqu'au bout et je m'allonge sur le lit à ses côtés. Il le remarque, son inconscient tout du moins, parce qu'il lâche son emprise sur mon chandail et sa main glisse sur mon ventre pour s'accrocher à mon corps cette fois. Je rougis en souhaitant à voix basse qu'il se réveille bientôt mais tout ce qui me vient à l'esprit, c'est notre nuit sur la plage et le baiser que je lui ai volé dans la forêt le jour de la fête de maman. Je me mets à réfléchir sérieusement à la question et je me dis avec une certaine gêne que je n'ai pas trouvé cela désagréable, au contraire. En fait, j'ai l'impression de toujours l'avoir connu et que notre constante proximité est normale. Bien évidemment, je suis embarrassée à chaque fois mais l'énergie qui s'échappe de lui apaise mon âme. Je repense alors à Noah. Lui et ses grands yeux bleus trompeurs. Le fait de me dire qu'il ne m'aimait pas vraiment tourne sans cesse dans ma tête et c'est énervant. J'ai eu tellement confiance en lui, je l'aimais tellement fort. Ce temps où j'étais seulement Abby me manque terriblement et ça m'obsède. Tout le monde ici est tellement gentil et je me suis même fait des amis, mais ce n'est pas pareil, rien ne pourra jamais être pareil. Personne ne pourra exister en étant comme Emma et ses cheveux bleus, personne ne pourra remplacer les deux adultes qui m'ont élevée, personne ne pourra être mes professeurs, mes amis, ma maison.