L'espoir est une lumière.

Chapitre cinq

Comme si les flammes n'existent pas, maman sort du feu et ses pieds touchent le sol en même temps que son corps se solidifie, concrétisant ce que je vois. L'ahurissement des Zenath se ressent facilement mais ce n'est pas ce qui me préoccupe. Après tout, je n'en suis pas bien étonnée et ce n'est pas la chose qui me saute le plus aux yeux. En d'autres circonstances, j'aurais trouvé amusant qu'autant de personnes à la fois soient ainsi étonnées par ce spectacle, mais je suis probablement celle qui est la plus fébrile devant cette apparition. Voir cette femme que je n'ai pas vue depuis tellement longtemps fait battre mon cœur encore plus fort qu'à l'habitude et je sens une immense joie m'envahir à mesure que la situation se cristallise dans mon cerveau. Maman est vraiment là, devant moi ! Moi qui me demandais comment je réagirais si elle me voyait, je ne sais même pas comment identifier ce que je ressens. C'est comme un grand tourbillon qui produit des papillons dans mon cœur.

— Oh, tu es tellement jolie, ma petite fleur.

Le sourire qui fend mes lèvres doit être le sourire le plus heureux que je n'ai jamais eu de toute ma vie. Je cours vers elle et elle ouvre ses bras quelques secondes avant que je ne m'y jette. Sentir cette énergie apaisante aussi près de mon cœur me fait l'effet d'un feu d'artifice. Son odeur me parvient aux narines et je la respire avec adoration, me disant que c'est probablement l'odeur la plus merveilleuse que je n'ai jamais respirée.

— Tu m'avais manquée, ma petite fée.

— Toi aussi, maman, J'ai cru toute ma vie que tu n'étais plus là et maintenant, tu es en chair et en os devant mes yeux et ça me rend vraiment heureuse. Tu me manquais à tous les jours de ma vie.

Ma voix est étranglée par l'émotion. Heureuse, elle rigole en posant ses lèvres sur ma tête. Son rire fait remonter des souvenirs dans ma tête et je souhaite ne plus jamais oublier ce son extraordinaire. Même si je m'étais attachée à ma mère adoptive, rien ne pourra jamais remplacer maman.

— Dis-moi, sais-tu si Charles est ici ?

— Il l'était avant, mais il a quitté son apparence vivante pour rejoindre Adélia et avoir une meilleure place de protection en cas d'urgence.

— Je suis heureuse pour lui, je n'étais pas au courant. Nous n'arrivons à communiquer que très rarement.

Elle prend un air plus sérieux et elle me couve d'un regard maternel.

— Et toi, comment vas-tu ?

Je jette un regard autour de moi vers tous les Zenath qui nous regardent avec admiration. Je n'ai rien contre eux mais... je ne veux pas qu'ils entendent ce que j'ai à répondre. J'ai déjà de la difficulté moi-même à comprendre ce que je ressens, alors devoir l'expliquer ainsi devant toutes ces oreilles attentives est intimidant.

— Je reviens, je ne serai pas longue, je dois parler à ma fille.

La fierté dans ses paroles me fait davantage sourire et les Zenath reprennent leurs activités festives, se rendant compte de l'impolitesse de leur silence. Je les comprends, j'aurais probablement réagi de la même façon si j'avais été à leur place et que la déesse de l'univers apparaissait ainsi. Maman me prend doucement par la main et m'entraîne plus loin, à la lisière de la forêt.

— Honnêtement, je ne sais pas trop comment je vais. J'ai l'impression que tous mes souvenirs ne m'appartiennent pas réellement, comme si ce n'était pas moi qui les avais vécus. Lorsque je me remémore tout ce qu'il s'est produit, je ne souffre pas, je ne suis même pas vraiment triste, comme si tout m'était impossible d'accès.

— C'est normal, c'est ma faute. Je t'ai enlevé la douleur et la tristesse associée à tes souvenirs. Pour l'instant, du moins. Lorsque ton esprit sera prêt, la tristesse et les autres émotions liées à la gravité de ce que tu as vécu te reviendront. Vivre en essayant d'ignorer la douleur est une bonne méthode, mais seulement à court terme. Même s'il est difficile de vivre avec elle, elle reste en nous et nous en avons besoin pour faire correctement le deuil de ce qu'il s'est produit.