Chapitre deux

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J'ouvre brusquement les yeux, faisant sursauter ma mère qui est assise près de moi. Je fronce les sourcils en regardant autour de moi et je réalise que je suis à l'hôpital. Mon père me dit que tout est correct, que je me suis évanouie après ma crise de convulsion et qu'ils m'ont amenée ici, sous l'ordre de l'infirmière de l'école, mais je ne les regarde pas. Je me redresse sur mes coudes. Il y a quelque chose de différent dans l'air, je suis beaucoup plus sereine et calme. J'entends des bruits auxquels je n'aurais pas porté attention à l'habitude et soudain, je sens une énergie bienfaitrice me parcourir le corps, telle une vague de lumière. Je la sens couler dans mes veines, nourrir mon cœur, ce qui me fait sentir encore plus vivante qu'à l'habitude. Cette magie, ma magie, que j'avais éteinte il y a bien longtemps, vient de se rallumer et son feu me parcourt dans tous les pores de mon âme. Elle me fait du bien et pour la première fois depuis bien des années, je me sens vivante, enfin complète. Je passe mes mains dans les couvertures, revivant une deuxième fois toutes ces sensations qui m'avaient pourtant parues banales. Maintenant, ma part de moi qui était éteinte revivait tout avec une exquise satisfaction.

Je me lève sans rien dire et je marche pieds nus vers le miroir au fond à gauche. Je me mets à sourire en voyant mon reflet. Je suis beaucoup moins pâle qu'à l'ordinaire, ma peau paraît en santé et surtout, ce qui me fait frissonner, ce sont mes yeux, qui ont recouvré leur couleur dorée. Ils brillent de puissance et de détermination. Je peux enfin respirer et vivre de ma vraie nature. J'ai le sentiment de redevenir enfin moi-même.

— Mon poussin ?

J'en ai presque oublié leur présence. Je ricane intérieurement et me tourne vers eux. Ma mère pousse un petit cri et mon père fronce les sourcils.

— Mais qu'as-tu fait à tes yeux ?

— En ce moment, ils ne sont que le reflet de mon âme. C'est avant que je leur imposait une autre couleur. Maintenant, ils peuvent reprendre leur vraie couleur. De toute manière, je sais que si je les éteins à nouveau, je mourrai.

Ma mère me regarde comme si j'étais folle. Quand j'y pense, ce n'est pas nouveau. Je sais qu'elle est vraiment inquiète et qu'elle veut juste mon bien mais parfois, j'aimerais vraiment qu'ils comprennent.

— Tu nous fais une blague, c'est ça ?

— Oh oui, bien sûr. Que c'est drôle de se mettre des lentilles de contact dorées dans le but de faire peur à ses parents. Je ne rigole pas, maman. En ce moment, le monde est en jeu et personne ne semble s'en préoccuper outre mesure.

Mon père se lève et se poste devant moi.

— Tu devrais cesser cela tout de suite, Abigaëlle. Le monde n'est pas en jeu, personne n'est en danger et tu délires. La psychologue va venir dans quelques secondes pour parler avec toi, voir si tu es correcte. Tout le monde était inquiet pour toi et il semble qu'ils avaient raison.

Je ricane, moqueuse. Mes parents échangent un de ces regards de parents inquiets.

— Dites-moi, que s'est-il passé depuis que je suis ici ?

Je sens que la couleur de mes yeux perturbe mes parents plus qu'ils ne voudraient l'avouer.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, il ne s'est rien passé depuis que tu t'es évanouie. Maintenant, enlève tes lentilles de couleur s'il te plaît.

Je soupire et je m'approche de lui en posant ma main sur sa tête. À mon grand désarroi, il ne sait vraiment rien. Alors tout s'est passé à l'insu des gens. Perturbée par l'immense puissance magique qu'a dû dégager Amarick pour tout dissimuler, je m'éloigne de mon père.

— Je m'en vais.

— Tu ne bougeras pas d'ici, Abigaëlle. Tu es encore instable à la suite de ta crise de convulsion, c'est dangereux pour toi de faire trop d'efforts.

L'espoir est une lumière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant