Mardi 15 septembre

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Mardi 15 septembre :

Cette fois-ci, ce fut Isaac qui sonna en premier chez Agathe. Elle songea qu'elle ferait mieux de ne pas lui faire remarquer, sans quoi elle craignait que cela ne parte dans une sorte de concours entre eux et qu'ils se retrouvent à se lever toujours plus tôt. Il en était bien capable. Alors elle se tu, et se contenta d'attraper ses affaires.

- Alors quel est le chocolat du jour ?, demanda Isaac en guise de bonjour.

Elle haussa les épaules :

- Je n'ai pas eu le temps d'ouvrir, un mec bizarre est venu toquer à la porte.

Sans s'offusquer de l'adjectif, il entra dans la maison et entraîna Agathe à sa suite.

- Ah non, je veux savoir moi ! C'est beaucoup moins drôle de le découvrir le soir, enfin.

Une nouvelle fois, elle songea à le contredire mais elle savait que ce serait se lancer dans un combat inutile.

Le chocolat était particulièrement beau : sa forme était celle d'une boule de Noël et les détails avaient été confectionnés avec soin.

Elle s'en émerveilla pendant 5 bonnes minutes avant qu'Isaac, impatient, ne lâche un :

- On le mange ou tu en fais une statue ?

Elle eut un petit rire et coupa la boule en deux avant de déguster sa partie. Ensuite, il s'intéressèrent à la citation :

"Si tu ne peux pas être gentil, sois silencieux" - Inconnu

Cette citation anima littéralement toute leur journée. À chaque fois que l'un taquinait l'autre, celui-ci lui répliquait de "rester silencieux". Les pauvres Carmen et Oscar, perdus, ne demandèrent pas plus d'explications et se contentèrent d'échanger des regards entendus lorsque la complicité entre Agathe et Isaac devenait un peu trop évidente.

Agathe trouva absolument fascinant la vitesse avec laquelle défila la journée. Les pauses midi passaient plus vite que l'éclair maintenant qu'elle les savouraient à rire ou à avoir des conversations profondes sur des sujets de société. C'était d'ailleurs incroyable de voir la facilité avec laquelle chaque membre du quatuor était capable de passer du sérieux à l'humour et inversement.

Ce soir-là, alors qu'Isaac prenait innocemment le chemin du retour, elle ne le suivit pas.

- Tu ne rentres pas ?, Demanda-t-il avec étonnement.

- En vérité, nous ne rentrons pas.

Contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, il ne lui demanda pas plus d'informations. Il prit un air théâtrale et s'approcha lentement d'elle avant de poser ses mains sur ses épaules et de déclarer d'une voix dramatique :

- Non Agathe ! Je le sais ! Je sais que tu rêves que nous nous échappions loin de tout, rien que tous les deux ! Un Roadtrip endiablé aux travers des montagnes du Zimbabwe où nous dériverions sans autre but que celui d'échapper aux dures règles de nos familles ! Mais nous ne pouvons pas ! Pas aujourd'hui.

Elle leva sérieusement les yeux au ciel :

- Tu me ..., Commença-t-elle.

Il l'interrompit en posant son doigt sur sa bouche avant de répéter :

- "Si tu ne peux  pas être gentille, sois silencieuse"

Elle le frappa gentiment mais ne termina pas sa phrase. À la place, elle consulta sa montre et lui expliqua la vraie raison de son refus de rentrer :

- Je nous ai inscrits au Christmas Project !
- Le truc pour les primaires ?, rit -il, songeant sans doute qu'elle se trompait.

Elle acquiesça, son sourire se figea :

- Tu es sérieuse ? Avec nos examens qui arrivent tu as trouvé le moyen de nous enlever toutes nos soirées pendant une semaine ?

Agathe acquiesça simplement. Elle aurait aimé trouver quelque chose à répliquer, mais la description était plutôt proche de la vérité.

C'est ainsi qu'il fit mine d'être contrarié toute la soirée, alors qu'Agathe savait pertinemment que son âme d'enfant était au paradis. Et qu'il finirait par la remercier. Ça lui suffisait.

Savoir son ami heureux était la seule récompense dont elle avait besoin.

Elle dû cependant avouer que l'expérience était plutôt surprenante : se retrouver assis en tailleur au milieu de petits tous plus jeunes que 10 ans face à un professeur qui tenait des coloriages n'était pas une expérience habituelle.

Aujourd'hui était le jour d'ouverture du projet : D'abord, les consignes et règles et ensuite, ils décoreraient le sapin.

Isaac se plaignit du programme mais s'amusa en réalité plutôt bien en répétant chaques consignes en ajoutant le prénom d'Agathe à la fin.

- Tu écoutes bien, j'espère ? Tu n'as pas le droit de manger de la peinture Agathe, ne tapes pas sur tes amis Agathe, ne crache pas dans les pots Agathe, si tu veux aller au toilettes, tu demandes à un adulte Agathe....

Les réflexions auraient pu rapidement l'énerver mais ce ne fut étrangement pas le cas, elle se contentait d'essayer de ne pas faire trop de bruit en riant : elle s'était donné trop de mal pour les inscrire pour ne pas vouloir se faire virer dès le premier jour.

A la fin, ils sortirent tous les cartons de décorations et allèrent dans la salle du sapin. Salle où ne se trouvait aucun sapin.

Le professeur leur indiqua qu'il était en chemin, et leur assigna des décorations en attendant. Isaac et Agathe échangèrent un regard complice lorsqu'ils furent chargés de placer les boules de Noël. Le chocolat.

- Elles ont l'air fragiles, c'est sans doute pour ça qu'ils nous les ont confiés à nous, les plus vieux, songea Agathe en détaillant les boules.
- Ils ne te connaissent pas, ça se voit, répliqua Isaac.

Mais Agathe n'eut pas le temps de répliquer, parce que le sapin arrivait dans la pièce. Et il n'était pas seul. Logan.

Il la salua immédiatement avant de s'étonner de sa présence dans un tel lieu :

- Tu aides aussi l'école primaire ?, Demanda-t-il.

Lui était venu apporter le sapin avec son père. Elle acquiesça, avant de changer d'avis et de faire non de la tête. Autant être honnête :

- On participe au Christmas Project.

Il eut un sourire amusé avant de demander qui était "on".

Isaac apparut alors comme par magie dans son dos.

- Le duo gagnant, s'enquit Logan avant d'ajouter, je dois y aller, amusez vous bien.

Agathe sourit, voulut se donner du charme en jouant avec la boule qu'elle tenait, rata son coup. Logan la rattrapa et lui tendit avec un petit clin d'œil.

Puis il disparut au coin de la porte.

Agathe détailla la boule de Noël qu'elle tenait dans les mains comme le plus grand des trésors. Une nouvelle fois, Logan était lié au chocolat.

Isaac la fixa avant de lâcher :

- Sérieusement ? Ça marche vraiment le coup du clin d'œil alors ?

Le théorème des papillotesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant