Le théorème des papillotes

Jeudi 10 Décembre

Jeudi 10 Décembre :

Cette fois-ci, c'est fièrement qu'Agathe s'installa seule à la cafétéria. Elle avait réussit à avoir une place à côté d'un radiateur et ça, ça valait bien plus que tout l'or du monde. Surtout que le matin même, elle avait réussit à se motiver assez pour préparer un sandwich différent. Il se révéla finalement ne pas être si bon que ça, mais ce n'était pas grave : c'était le changement qui était bon. Elle passa son repas à penser à Isaac. C'était bien beau de partir du principe que sa présence faisait déjà une différence, mais elle voulait trouver un moyen de lui changer les idées, et elle n'y arrivait pas. Rien de ce à quoi elle ne pouvait penser ne lui semblait être suffisant. C'était Isaac pourtant, elle le connaissait assez pour trouver quelque chose qui lui ferait plaisir!

Ce fut les seules pensées qui lui occupèrent l'esprit toute la journée. En rentrant, elle ouvrit machinalement la case du jour et découvrit un chocolat en forme de Père Noël. Elle fut surprise qu'il n'ait pas été réservé pour le 25. Elle se demanda alors quelle forme pouvait se cacher derrière ladite case et, après un regard en arrière pour vérifier que son grand-père ne la surveillait pas, tenta d'ouvrir le 25. Elle ne réussit littéralement pas. La case semblait bloquée. Même constat avec toutes les autres. Elle s'y attarderait plus tard, en attendant, ses yeux se posèrent sur la citation et ses pensées s'envolèrent : elle avait enfin trouvé : 

"Noël n'est pas un jour, ni une saison, c'est un état d'esprit" -Jean Calvin Coolidge

C'était ça. Voilà ce qu'Isaac aimait par dessus tout : Noël ! Elle se souvint que sa chambre n'avait même pas été décorée et se résolut à tenter de régler ce problème. C'est ainsi qu'elle se retrouva dans les magasins de décorations de la ville, à acheter des Pères Noël de toutes formes et couleurs. La vendeuse lui proposa un kit DIY pour faire leur propres décorations et Agathe accepta joyeusement. Elle dû emprunter un cadis pour aller jusqu'à la maison d'Isaac avec tous ses achats.

Ce fut son père qui ouvrit et il resta un instant interdit devant la vision qui s'offrait à lui.

Agathe, couverte de flocons, un bonnet bancal sur la tête, un sourire stupide aux lèvres et surtout, un immense cadis remplit de décorations dans les mains.

- Tiens, tu passes par la porte toi-maintenant ?, chanta la voix d'Isaac qui arrivait derrière son père. 

A son tour, il se stoppa net face au cadis.

- J'étais un peu chargée, vois-tu ? Je me suis dit que ta fenêtre était trop haute.

Son père la laissa entrer sans un mot et ils réussirent à monter les décorations avant de ramener le cadis au plus vite. La vendeuse lui avait dit qu'elle avait la semaine, mais Agathe avait l'impression d'avoir volé quelque chose et que la police allait débarquer pour l'arrêter à chaque instant. En bref, elle n'aurait pas l'esprit tranquille tant que le chariot ne serait pas retourné à sa place. Et puis, une balade ferait le plus grand bien à Isaac. L'air frais avait toujours été sa source de paisibilité. Il était le genre de personne que la chaleur tropicale fatiguait et qui ne pouvait sortir sous le soleil plus de 10 minutes sans en ressortir plus rouge que le bonnet du Père Noël.

Elle lui expliqua son projet : décorer sa chambre et faire des DIY de Noël. Il fit mine d'être embêté par la perspective de l'après midi qui les attendait : il avait bien trop de travail à rattraper.

Cependant, son sourire montrait qu'il n'en pensait pas un mot.

Le porte-monnaie d'Agathe devait encore lui sembler trop léger puisque, voyant que le magasin vendait des chaussettes de Noël personnalisables, en profitèrent pour en acheter aux prénoms des différents membres de la famille d'Agathe. Cela leur fera une bonne surprise, d'autant plus qu'Eudes adorait cette fête autant qu'Isaac.

En revenant du magasin, Agathe fit en sorte de faire les choses en grand : musique de Noël, petits sablés, sachet de papillotes... Si avec tout ça, son ami ne retrouvait pas son esprit de Noël, elle ne savait pas ce qu'il lui faudrait.

Celui-ci poussa sa chance en vissant son bonnet en forme de cornes de renne sur la tête d'Agathe :

- J'adore te voir avec ce truc, s'amusa-t-il.

Elle leva les yeux au ciel mais ne le retira pas. 

Ce qu'elle ne ferait pas pour son ami.

 Ils commencèrent par décorer entièrement la chambre avec les différents achats.

- Tu as peut-être vu les choses un peu trop en grand, sourit Isaac alors que la chambre ressemblait déjà à un dépôt et qu'il restait toujours la moitié du sac à déballer.

- Mais non ! C'est ta chambre qui est trop petite.

Comme ils n'étaient pas sûrs que Lya apprécierait les décorations dans la maison qui était dorénavant aussi la sienne, c'est la chambre d'Agathe qui se retrouva attaquée.

Ensuite, ils s'installèrent sur la table du salon et entreprirent de faire des DIYs. Leurs boules de Noël étaient si mal-peintes qu'elles semblaient avoir plus leur place dans une galerie d'art abstrait que sur un arbre de Noël. Quant à leurs bougies qui était supposées avoir des formes de bonhommes de neige, c'était peine perdue : celle d'Isaac était une énorme boule avec un chapeau et celle d'Agathe était verte. Elle ne comprenait même pas comment ça pouvait être possible.

Ils terminèrent tout de même sur une réussite : leurs chaussettes de Noël ressemblaient à des chaussettes de Noël. En beaucoup plus cheap que celles qu'ils avaient achetées pour le reste de la famille certes, mais c'étaient des chaussettes de Noël.

Ils enfournèrent tout dans un grand sac qu'ils montèrent dans la chambre d'Alice pour libérer la table. 

- Tu reviens au lycée demain ?

Isaac hésita avant de faire non de la tête. Elle n'insista pas : s'il ne se sentait pas prêt, elle n'avait rien à dire. Elle n'avait aucune envie qu'il déprime toute la journée bloqué dans ses pensées. 

Cependant, elle fut ravie de voir qu'il allait bien mieux ce soir : la magie de Noël marchait réellement sur lui.