Dimanche 13 Décembre

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Dimanche 13 Décembre :

La soirée s'était transformée en nuit et c'est ainsi que le lit de camp avait été monté dans la chambre d'Agathe pour Isaac. Il avait passé la nuit chez elle, ce n'était pas la première fois. Isaac savait parfaitement qu'Agathe se levait toujours à 4h du matin pour aller au toilettes et Agathe avait bien conscience qu'Isaac se mettait régulièrement à chuchoter dans son sommeil.

En bref, la nuit s'était déroulée sans rien d'inhabituel. Ils se réveillèrent assez tôt. Au final, ils s'empressèrent de descendre avec l'espoir de passer un petit déjeuner familial aussi agréable que celui de la veille. Avec surprise, ils se rendirent compte que seul Eudes était levé.

- Tes parents se sont fait beaucoup d'inquiétude ses derniers temps, ils ont bien besoin d'un peu de repos.

Agathe avait acquiescé, consciente d'être l'une des raisons de leur récent trouble. Consciente que son voisin l'était également.

Ils échangèrent un regard et se comprirent immédiatement. Isaac s'approcha du grand père d'Agathe pour l'inviter à s'asseoir dans le fauteuil le plus confortable :

- Nous nous occupons de votre bien-être aujourd'hui ! Vous n'avez rien à faire, déclara Isaac avec une petite courbette

Agathe, elle, sortait les casseroles. Elle espérait être assez rapide pour pouvoir offrir à ses parents un petit déjeuner au lit. Ils tentèrent des pancakes, crurent qu'ils avaient réussi, compris que ce n'était pas le cas quand Eudes les appela des "crêpes". Isaac voulut presser des oranges fraîches. Ce fut un vrai massacre. Ils décidèrent de remplir les verres de jus d'orange du frigo et terminèrent les oranges attaquées à la petite cuillère.

Ils voulurent placer le tout sur un plateau mais se rendirent vite compte qu'ils n'en avaient pas et utilisèrent donc des dessous de plat qui n'était pas assez solide pour être efficace. En bref, en les voyant débarquer dans leur chambre, les parents d'Agathe préferèrent étrangement se lever en vitesse pour éviter toute catastrophe et le petit déjeuner au lit se transforma en petit déjeuner à table.

Moins fun.
Moins dangereux aussi.

Voyant à quel point ils étaient fiers de leur cuisine, les parents d'Agathe insistèrent pour montrer à quel point c'était bon. Voyant les épluchures d'orange, Rodolphe, le père, crut bon de faire mine de savourer un bon vin avec son verre de jus d'orange et s'exclama :

- Quel bonheur un jus d'orange fraîchement pressées !

Isaac ouvrit la bouche, Agathe lui mit un violent coup de coude dans les côtes et, comprenant le message, il se contenta de sourire en acquiesçant. Sourire qui se transforma en rictus lorsque la mère d'Agathe appela également les pancakes des crêpes, et les mangea comme telles. Ils étaient vraiment trop plats.

Après toutes ses aventures, ils se rappelèrent du calendrier et se dépêchèrent de découvrir la case du jour.

- "Ne comptez pas les jours, faites que chaque jour comptent" - Mohamed Ali.

Après avoir lu la citation, elle la fourra dans les mains d'Isaac avec un regard déterminé :

- Elle est pour toi celle-là.
- Pourquoi ?, rit-il
- Parce que chaque jour compte et qu'en ce moment tu les laisses passer sans les vivre pleinement.

Il sourit. Puis relus la citation et exprima son opinion :

- Je pense que dans l'idée c'était surtout "bosse tous les jours pour atteindre ton objectif". Pour un sport ou quelque chose comme ça.

Elle claqua sa langue contre son palais en signe de réprobation :
- Chacun son point de vue.

- Quelle forme a le chocolat aujourd'hui ?, demanda son grand-père.
- Cela a-t-il vraiment une importance ?, rit Isaac alors qu'Agathe sortait le chocolat.

Eudes acquiesça :
- Ta grand mère a toujours dit que les citations avait guidé son chemin et les formes avait guidé son cœur.

Agathe haussa les épaules :
- C'est un sapin.

Isaac lança un regard à la pièce avant de demander :
- Où est le vôtre d'ailleurs ? Votre sapin ?
- On n'en a pas acheté.

Isaac ouvrit de grands yeux :
- Mais c'est une pure folie ! Que dis-je, un blasphème ! Agathe, tu as raison, on va faire en sorte que cette journée compte. Prépare-toi, on va vous trouver un sapin !

Eudes sourit en les regardant alors qu'Agathe se faisait entraîner vers sa chambre pour se préparer.

Adieu journée calme et paisible.
Adieu journée pyjama.

Quelques minutes plus tard, ils marchaient vers la ville. En cette période, un artisan du coin vendait des sapins sur l'une des places. Agathe n'y était jamais allée, mais en voyant l'enthousiasme d'Isaac, elle ne put que sourire. Il semblait que celui-ci connaissait l'endroit par cœur et il salua joyeusement le vendeur qui les accueillit. Il n'y avait pas énormément de sapins, mais assez pour avoir le choix. Agathe se perdit donc dans les allées à la recherche du sapin parfait.

- Mais c'est qu'on a une véritable experte, s'enquit une voix dans son dos.

Elle se retourna. Logan.

Elle resta un moment interdite, ne comprenant pas d'où il sortait. Il sembla comprendre son regard et expliqua :

- C'est mon père qui fait les ventes. Je l'aide le week-end. Alors, mademoiselle, me voici à votre service.

Elle sourit, il reprit :

- Alors ? Tu m'avais l'air d'être très concentrée, tu es à la recherche de critères précis ?

Agathe secoua la tête :

- A vrai dire, pas du tout, il me semble tous être exactement pareil.

Il eut un petit rire :

- Je suis bien de ton avis, mais si tu voyais les demandes qu'ont parfois les clients, c'est fou.

Isaac arriva dans son dos et salua Logan. Il fronça les sourcils en observant Agathe. Elle semblait troublée, pas tout à fait elle-même. Sans doute l'effet du popular guy. Parfois il aimerait bien provoquer ce type d'effet. Puis il réfléchit et se ravisa : il préférait largement connaître la véritable Agathe et pas cette pâle copie.

Finalement, ils se décidèrent pour un sapin plutôt petit et, sur le chemin du retour, Agathe déclara :

- Tu te rends compte ? Les formes des chocolats me mènent toujours à Logan, imagine si grand-père a raison !

Isaac fronça les sourcils et elle lui expliqua toutes les coïncidences du mois.

- Et aujourd'hui, un sapin, je vais en acheter un et je tombe sur qui ? Ça ne peut pas être du hasard à ce niveau là !

- Bien sûr que non ce n'est pas du hasard, il y travaille ! Et c'est moi qui ait eu l'idée du sapin...

Isaac n'aimait pas l'excitation dans la voix de son ami. Ni le sourire rêveur qu'elle avait maintenant aux lèvres. Mais une autre idée lui traversa l'esprit :

- Mais d'ailleurs, hier, la citation nous encourageait à aller à la gym ! Et j'ai parlé de chaussettes de Noël avec Ava. Si ça se trouve, le calendrier cherche à me guider vers elle !

Cette fois-ci, c'est le sourire d'Agathe qui se figea. Elle ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répliquer. Cependant, son estomac se tordit quand elle le vit sortir son téléphone en déclarant qu'il allait lui envoyer un petit truc pour lancer la conversation.

Le théorème des papillotesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant