Chapitre 9.

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J'ai passé toute mon après-midi dans ma chambre, allongé. Mes gars ont essayés de me joindre mais j'ai préféré ne pas répondre. Après tout, je trouverais bien une excuse.

Pendant le dîner, Enzo nous a raconté qu'il a enfin conclue avec la petite Charlotte ; elle est gentille cette petite. Mamie nous a raconté les potins du marché et moi j'écoutais.

- Je suis trop fatigué ! Mat, tu m'avais pas dit que c'était épuisant de draguer.
- De draguer ?
- Enzo arrêtes de raconter des bêtises, l'interrompt mamie.
- Mais c'est vrai !

Je lève les yeux au ciel et débarrasse. Enzo court dans sa chambre et mon père se rend sur le balcon.

- Cet enfant me tuera, reprend ma grand-mère.
- C'est le début, il est excité.

Elle lève les yeux au ciel et s'installe sur le canapé devant lequel ma chienne est allongée.

- Alors toi, elle la caresse.

Je finis mes tâches et la rejoint pour l'embrasser sur le front.

- Je vais me coucher, bonne nuit.
- Bonne nuit mon fils.

Je caresse ma chienne, fait un signe de main à mon père - toujours dehors - et me rend dans ma chambre. Mais ma grand-mère m'interpelle avant que je referme la porte sur moi :

- Mathieu.
- Oui ?
- Tu as l'air malade, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Parles-moi.
- Je vais bien, je lui souris.
- Vraiment ?
- Mais oui, arrêtes de t'inquiéter. Tout va bien mamita.

Je pose un bisou sur sa joue et ferme la porte de ma chambre. J'attrape mon paquet de cigarettes posé sur mon bureau, j'ouvre la fenêtre où je m'installe et en allume une. Je n'ai pas la force de rouler un joint, même si ça me ferait du bien.

Ma grand-mère s'inquiète pour moi, je le sais très bien mais je ne peux pas lui parler. Pas parce que j'ai honte, non, mais tout simplement parce que ça me fait trop mal. Et malgré toute cette souffrance que je peux ressentir, elle est toujours au fond de ma tête, et ça à tout moment. Elle ne me laisse aucun répit. Et puis finalement, c'est sûrement tout ce que je méritait. J'ai souvent joué avec les filles et aujourd'hui c'est moi qui ai mal. Je ne mettais jamais rendu compte d'à quel point c'était douloureux et surtout, j'étais loin d'imaginer que notre propre estime de soi pouvait chuté à cause de ça : de l'amour.

Avant de la rencontrer, m'attacher à une femme c'était pas dans mes plans. Je n'y voyait aucun intérêt, mais avec elle c'était différent. Enfin, je croyais. Je me sentais bien, pour une fois. Je ne ressentais pas le besoin de me méfier et d'être sur mes gardes, pourtant j'aurais dû. Je suis tombé dans le piège parce que le cœur à ses raisons. Ça ne se passe pas que dans les mauvais téléfilms que ma grand-mère aime regarder l'après-midi, maintenant j'en ai conscience.

Je me déshabille et m'allonge sur le dos, sur mon lit de fortune. Je regarde le plafond.
Soudain, un coup sur ma porte me sors de mes pensées.

- Oui !

La porte s'ouvre doucement pour laisser place à la tête de mon petit frère. Il n'attend pas mon autorisation et entre directement suivi de ma chienne, puis referme la porte derrière eux. Enzo vient s'installer sur mon matelas, près de moi. Il commence :

- Mamie a dit que t'étais triste. Pourquoi ?
- Je suis pas triste, elle s'inquiète trop.
- Je te crois pas mais d'accord, il répond simplement.
Je me contente de soupirer et il reprend.
- C'est à cause de Salomé ?

Il ne me lâchera pas, je le sens.

- C'est à cause de moi.
- Mais non ! C'est elle la connasse !

Je le bouscule.

- Pardon.
- C'est ça.
- Je t'ai jamais vu être triste pour une fille, d'habitude tu t'en fou. Moi aussi je suis triste quand t'es comme ça. T'es mon grand frère, tu dois toujours être fort.
- Je suis pas triste, arrêtes d'être comme mamie et de t'inquiéter.
- Hmm, d'accord, il répond sans grande conviction.

On reste un très long moment à discuter de tout et de rien. Ça fait du bien parfois, de discuter avec son frère. J'aime aussi le faire avec ma petite sœur, mais quand je suis avec elle, c'est quelque chose d'automatique qu'il n'y a pas avec Enzo. On vit ensemble alors la routine est encrée dans nos quotidien et on prend moins le temps de se poser pour discuter, peut importe le sujet. Alors quand ça arrive, ça ne fait que du bien.

J'ai pu oublier mon chagrin quelques temps, même si au final je pense à elle jusqu'à l'aube...

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