Chapitre 25 : Quand je te sens t'éloigner de moi

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X

LAUSANNE

Villanelle se réveilla le lendemain matin en sentant sur ses paupières, en plus du soleil, un regard scrutateur. Son bras gauche sous son oreiller, son corps sur le côté, elle ouvrit les yeux. Elle les cligna de saisissement, en voyant Eve dans la même position, lui sourire, en lui disant tout simplement d'une voix moelleuse :

« Bonjour »

Elle s'était endormie à un moment donné et la femme aux boucles noires aussi l'avait fait, en restant toute la nuit à ses côtés. Elles avaient dormi, ensemble et elles se réveillaient, ensemble et leur position actuelle, lui fit un étrange effet dans le corps.

Un petit effroi se répercuta sur la marque de son abdomen, en picotant légèrement. Elle lui répondit dans une légère timidité, en ne pouvant s'empêcher de poser le bout de ses doigts dessus :

« Bonjour »

Elle vit Eve estomper progressivement son doux sourire, en virant ses yeux noirs sur ses doigts. Elle l'entendit déglutir, et vit ses yeux se relever, sa main n'étant pas sous l'oreiller, se lever, ses doigts s'écarter, en lui disant dans un humour déplacé :

« Mes mains sont exempt de couteau, je promets »

La blonde fronça les sourcils bizarrement, en l'entendant rire dans une tension visible de sa mâchoire, avant que ses traits ne s'affaissent, ses yeux ne se baissent, en soufflant.

Ses lèvres s'étirèrent rapidement dans un sourire charmé et un petit souffle de son nez. Eve, maladroite, Eve, penaude, Eve, bizarre, gonflait son corps d'amusement, en retirant ses doigts de sa marque pour la poser sur sa hanche. Elle lui dit, ensuite, en voulant la rassurer et faire revenir son sourire sur ses lèvres, son sourire qui lui plaisait bien :

« C'est juste un réflexe que j'ai »

Elle ne vit pas la femme aux boucles noirs lui sourire, mais porter au contraire, un voile douloureux dans ses yeux, touchant le haut de sa poitrine, en la frottant, comme une démangeaison l'ayant gagné. Elle vit ses doigts s'immobiliser, en relevant les yeux dans les siens et l'entendit lui dire, d'une voix grave fissurée :

« J'en ai aussi »

Elle n'arrivait plus à quitter ses doigts, à quitter ce qu'elle n'avait pas regardé de la nuit, en étant privé maintenant de le faire, d'aimanter ses yeux dessus, jusqu'à ce qu'ils lui brulent.

Elle se sentait prête à le faire, elle se sentait prête à affronter SA deuxième marque. Elle sortit sa voix, dans une longue inspiration et expiration, faisant monter sa poitrine, en déplaçant la main de sa hanche et la laissant en l'air :

« Puis-je ? »

Elle la vit virer immédiatement ses yeux noirs sur sa main se rapprochant, entrouvrant les lèvres, en entendant un souffle court passer entre elles. Elle avait peur de ce non, elle redoutait ce non, alors qu'Eve avait accepté hier de tout lui montrer et était toujours entièrement nue devant elle.

Sa respiration se bloqua dans sa gorge, en attendant, en ne bougeant pas sa main d'un centimètre. Mais ses yeux se surprirent à la voir ne pas hésiter longtemps, retirer sa main, l'avancer vers la sienne, la prendre et la poser délicatement, en la tenant toujours, sur cette forme rose creusée dans sa peau.

Elle exalta un souffle, en sentant une décharge électrique traverser le bout de ses doigts. Elle savait déjà que celle-là n'était pas aussi linéaire que celle sur son omoplate. Elle l'avait déjà eu sur le bout de ses doigts, elle l'avait déjà senti.

L'Immuable est-il Pardonnable ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant