Chapitre 12 - Vendredi

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 « Qu'est-ce qu'il se passe à la fin ?! »

Tout le groupe en avait après Sora, ils voulaient savoir ce que la FunGirl avait pu lui raconter pour l'inquiéter à ce point. Sora commençait à sentir d'où, de quelle direction venait son angoisse et voulu se retourner, regarder par dessus leur cachette. Mais elle le lui avait interdit, non ?

« Sora ! »

Il entendait Oka mais ne la regardait pas, réfléchissant. Avant de se décider pour de bon.

« Surtout, quoi qu'il arrive, ne regarde pas, commanda-t-il.

— Quoi ?! Pourquoi ?!

— Je vais jeter un œil.

— Quoi ?!?

— Si ça tourne mal, tire-moi par terre ou fuis.

— Sora !...

— Fais-le !! »

Il la regarda dans les yeux si sévèrement qu'elle préféra ne pas poser de question, même si elle-même commençait à partager la même peur. D'autant qu'il lui donna le SaiKom. Sora ne voulait surtout pas que ce qu'il puisse voir, soit aussi vu par tout le club à cause de la caméra. Et pourquoi Alrune avait-elle cessé les injures à leur encontre, proférant des menaces envers quelque chose d'autre ? Sora pivota, se mettant accroupi pour regarder derrière eux, se levant doucement pendant qu'Alrune paniquait : « Si je te trouve espèce de glaire, je t'arrache les yeux et je te les... »

Sora ne l'écoutait plus. Il voyait quelque chose. Ce n'était pas du tout invisible. C'était tout l'inverse. C'était juste loin. Ça se rapprochait, et vite. Ça allait droit sur Alrune. Son estomac se retourna.

Ce n'était pas laid, pas gore. L'image elle-même n'était pas plus extraordinaire que ce que le cerveau humain pouvait inventer. Une simple photographie aurait rendu la scène presque banale, pour un public fantaisiste.

En fait, à cette distance, il voyait une jeune fille aux tons gris : tant pour la peau que pour son uniforme d'étudiante ; elle n'avait pas tant l'air cadavérique, plutôt sortie d'un film noir et blanc, comme si le temps l'avait érodée au point de lui voler toute couleur.
Les bras écartés, les jambes tendues et serrées tel une crucifiée, lévitant au dessus du sol ; la silhouette adolescente se rapprochait rapidement de sa cible dans cette position atrocement figée. Elle ne faisait aucun mouvement, son corps se déplaçait tout simplement dans cette position, droit vers Alrune. Qui ne regardait pas dans la bonne direction.

Encore une fois, le problème n'était pas l'image, mais le concept. Terrible. Insupportable. Parce que irréel. Impossible. Impossible.

L'image aurait été gênante dans un film, plus ou moins terrifiante dans la réalité, mais c'était encore pire. Pire qu'un cauchemar. Pire qu'une hallucination. Pire qu'un sort. Pire qu'un pauvre démon. Son cerveau, son esprit ou autre chose, savait que ce qu'il avait senti approcher, que ce qu'il voyait maintenant arriver : était un bug. Une effraction des lois de l'existence. Et son esprit ne pouvait l'endurer.

Oka vit les yeux de Sora s'écarquiller, ses iris pâlir et ses veines commencer à noircir autour de ses yeux : Elle n'attendit pas pour l'attraper et l'asseoir de force. Ses yeux reprirent alors rapidement leurs couleurs mais il tremblait si fort que c'en étaient presque des spasmes. Elle commença à croire qu'elle l'avait perdu, qu'il était brisé de l'intérieur mais peu à peu ce genre de pensées n'eut plus de place :

Elle entendit d'abord le hurlement déchirant d'Alrune, un hurlement à lui glacer le sang, un cri effroyable qui la fit frissonner autant sinon plus, comparé à toutes les frayeurs qu'elle s'était faites ces derniers jours.
Un hurlement plus terrifiant que tout ce qu'Alrune avait pu faire.
Un hurlement de pure terreur.

Le Coeur des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant