Chapitre 3 : Meet the FunGirl

11 2 0
                                    

Sora avait la gorge nouée. Jamais on n'avait piraté son ordinateur de cette façon et sa solide expérience des jeux-vidéos ne l'aidait pas. Il n'était pas assez crédule pour croire qu'une ado aux cheveux noirs allait ramper hors de son écran, mais savoir qu'une hackeuse avait pu prendre le contrôle de l'intégralité de ses appareils avec une telle facilité l'inquiétait énormément. Il voulu rationaliser, après tout ce n'était pas comme avoir un cambrioleur chez soi ! Si elle décidait de détruire ses appareils de l'intérieur, il savait que Saiko ne l'en blâmerait pas, ils s'excuseraient même de la gène occasionnée ! Après tout c'étaient eux qui avaient garanti la sécurité totale de tout l'équipement ! Mais d'un autre côté, le souvenir de l'ancienne chaîne de Frite, détruite par un hackeur, et l'idée d'être coincé sans téléphone ni traducteur dans un pays étranger le mettait particulièrement mal-à-l'aise.

« Qui... t'es qui ? articula-t-il avec peine.

J'arrive vraiment pas à comprendre le truc... » se réjouissait l'intruse alors que la vidéo de la disparition d'Oka tournait en boucle à l'écran, sans que Sora n'aie rien commandé.

Sora avala sa salive, voulu la questionner mais se ravisa. Elle ne semblait pas l'écouter et c'était peut-être mieux pour lui, il n'avait pas forcément intérêt à engager le dialogue. Il finit même par reprendre son calme en réalisant qu'il suffisait de débrancher l'ordinateur pour mettre fin à cette mauvaise plaisanterie. Toutes ces histoires de paranormal l'avaient secoué, il ne fallait pas mettre ce piratage au même niveau. Il devait juste débrancher la tour et appeler SaikoCorp immédiatement pour...

« Je ne ferais pas ça si j'étais toi. »

Lui qui avait pris la direction de la multiprise, il se ravisa. Elle devait le voir à travers un ou plusieurs objectifs. Après tout, pourquoi se contenter de pirater les micros et les hauts-parleurs... Mais il n'abandonna pas tout de suite, contrarié :

« Sinon quoi ? »

Ce fut le silence. Pendant quelques secondes, Sora n'entendit plus que le son étouffé de la vidéo du SaiKom, qui tournait et tournait, encore et encore, affichant en boucle le visage terrifié d'Oka au moment de sa disparition, puis il n'y eu plus aucun bruit dans la chambre. Aucun, à part celui du ventilateur de l'ordinateur.

« Sora, regarde ton écran s'il te plaît.

— Hein ?

Viens me voir. »

Quoi ? Elle voulait faire une face-cam ?

Dans d'autres circonstances, Sora aurait accepté mais cette façon qu'elle avait eue de lui dire de venir la voir, cette intonation joueuse et malsaine dans sa voix ne lui plaisait pas. Mais Sora n'avait pas peur ! Et puis qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui faire ? Détruire des données informatiques alors que SaikoCorp le couvrait sur toute la ligne ? Eh ben ! Essaye, ma grosse !

Sora voulu donc se relever pour voir le dessus de son bureau, se déplaçant lentement, et lorsqu'il commença à voir l'écran noir de son ordinateur, il changea brutalement d'avis :

« Ah mais non, en fait, non ! Hors de question !

Hein ?

— Me prends pas pour un imbécile, t'as le contrôle de tous mes appareils, y'a bien neuf chances sur huit pour que tu me balances un gros screamer des familles, j'te fais pas confiance une seule seconde !

Mais Maxiiiiiiime ! se plaignit-elle. C'est pas du jeeeuuu ! Alleeeez ! »

Elle avait l'air moins effrayante tout à coup, mais Sora était catégorique : « Tu peux courir !! »

Le Coeur des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant