Chapitre 7 : Bras de fer

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Mardi.

Même Sora manquait de sommeil, à force.

« À ce rythme, commenta la FunGirl, c'est pas sept jours mais sept mois qu'il vous faudra pour mettre au point votre stratégie.

— Oh ta bouche, hein... toi non plus t'avances pas. » grommela-t-il, mangeant un bentô avec un livre russe sur les genoux. Sora dérogeait ce midi à la règle selon laquelle tous les membres du club, lui compris, ne devaient jamais être seuls, au moins à l'école. En effet, il n'y avait aucun autre occultiste avec lui sur le toit, mais c'était exceptionnel. Et puis Sora n'était jamais vraiment seul grâce à Funny.

Il se concentrait donc sur sa lecture, écoutant la traduction en essayant de rester concentré, mais quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas la fatigue de devoir lire encore et toujours plus de livres, ni le petit mal de tête à force d'être rivé sur des pages et des pages, non, quelque chose clochait et ça lui donnait une impression désagréable. Parcouru d'un frisson, Sora cru tout d'abord qu'une nouvelle araignée se baladait à côté de lui, ça aurait expliqué son impression mais... il réalisa. Un son si faible qu'il ne l'avait pas perçu jusqu'à maintenant. Un son si faible qu'il n'avait pas réalisé l'urgence.

Midori, la seule élève actuellement avec lui sur le toit. Essayant de crier. Une main décharnée sur sa bouche l'en empêchait, une multitude d'autres immobilisait le reste de son corps... et ces membres cadavériques aux ongles longs, qui provenaient du sol ou de la rambarde derrière elle, semblaient vouloir la jeter tout en bas du bâtiment.

Son bentô avait à peine touché le sol que Sora avait déjà rejoint Midori et, malgré le dégoût et la peur, il agrippa un bras au hasard pour le tirer. Mais Sora tomba en arrière, surpris par la plaie à vif sur sa main. Deux incisions. Il su qu'il n'avait aucune chance de la sortir de là. Midori s'était mise à pleurer avec un air suppliant. Il n'arrivait même plus à réfléchir.

Quand soudain la cavalerie arriva : Shin et les autres membres du club se jetèrent à cinq sur les bras sombres : ceux-ci ne semblaient tenir Midori qu'assez maladroitement en fin de compte. En les voyant tirer de toutes leurs forces et commencer à libérer Midori : Sora se releva et tira de toutes ses forces sur la jeune fille pour l'extraire. Ensemble, ils purent la libérer et l'éloigner précipitamment du danger, presque en la traînant, et tombant tous ensemble assis par terre.
Les bras décharnés, dépouillés de leur proie, disparurent alors dans le sol et la rambarde d'où ils étaient ancrés, comme des plantes hideuses qui replongeraient dans le sol. Plus rien, ni aucun bruit étrange.

Éreintés, assis par terre, chacun reprit son souffle en essayant de réaliser ce qui venait de se passer, regardant autour d'eux pour voir si une récidive s'annonçait. Mais le calme semblait revenu, à priori... Midori se releva, titubante, hagarde, quittant la sécurité du petit groupe... elle sortit son téléphone et pianota sur son clavier tactile.

« Non ! Ne fais pas ça !... »

Shin s'était levé et couru l'arrêter, de peur qu'elle n'ébruite ce qu'il venait d'arriver mais, voyant ce qu'elle écrivait, il fronça les sourcils dans une expression qui témoigna d'abord de son incompréhension, puis de sa surprise, avant de la laisser tranquille.

« On s'en va... dit-il simplement aux autres, le visage rouge.

— Quoi ? Mais e-e-elle va prévenir quelqu'un ! Non ?... s'inquiétait Sora en le suivant.

— Non, elle ne contacte personne. » assura Shin d'un air toujours aussi embarrassé, continuant de marcher.

De leur côté, les autres occultistes prévenaient Oka par téléphone que tout allait bien et tentaient de joindre les succubes pour les tenir au courant.

Le Coeur des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant