Je tape nerveusement du pied, observant les autres candidats autour de moi. Nous sommes une vingtaine dans la salle d'attente, unis par le même rêve : entrer dans cette prestigieuse école qu'est l'Institut Mozart. Une académie qui peut nous faire décoller en un claquement de doigts, que ce soit pour devenir musicien renommé, chef d'orchestre ou compositeur de musique de films.
Je veux rentrer dans la section composition depuis que j'ai dix ans, un des amis de ma mère m'en ayant parlé d'une manière si forte que j'ai eu envie de tenter l'expérience.
J'ai travaillé sans relâche ces huit dernières années, bataillant avec le solfège, apprenant plusieurs instruments, puis une fois le lycée approchant de sa fin j'ai postulé.
J'ai rempli un gigantesque dossier contenant mon dossier scolaire impeccable, une lettre de recommandation de mes professeurs de piano et violon, ainsi une composition crée spécialement pour l'occasion.
Et j'ai intensément la trouille, car j'ai l'impression de détonner dans le paysage. Tous les garçons à mes côtés se regardent avec un air hautain, endimanchés dans leurs costumes de pingouins. Pour ma part j'ai préféré faire simple et me contenter d'un jean bien taillé, d'un débardeur blanc uni et de bottes classiques. Même si au vu de la canicule de juillet, j'aurais rêvé de venir en tongs et short. Le jeune homme en face de moi, dont les cheveux sont parfaitement gominés et la peau sombre brille, me fixe d'un air méprisant. Celui à ses côtés, aux yeux en amandes et pâle comme un lavabo, à exactement la même réaction.
Je me touche discrètement le côté de mes yeux et regarde mes doigts. Visiblement mon maquillage n'a pas coulé, je ne comprends donc pas pourquoi ils me fixent comme ça.
Je serre les partitions dans ma main pour me donner du courage et pense à ma mère. Elle m'a toujours poussée à accomplir mon rêve, en me prévenant que ce ne serait pas chose aisée.
Je veux réussir, pour moi, mais aussi pour ne pas la décevoir. Je sais qu'elle attend les résultats aussi impatiemment que moi.
Brusquement, la porte de la salle d'examen s'ouvre, et le petit gars roux qui était rentré il y a une dizaine de minutes en ressort, les larmes aux yeux. Je grimace. Ça n'annonce rien de bon pour la suite. Il s'enfuit et un homme en costume sort à son tour, relevant ses petites lunettes sur son nez crochu.
— Ache Frustéine, énonce-t-il d'une voix plate.
Je me lève, retenant une grimace.
— On dit Asche Fürstein. C'est allemand.
Je me sens obligée de préciser à chaque fois. Evidement, grâce au solfège, les musiciens sont moins choqués par l'italien, mais quand il s'agit des langues germaniques... Et pourtant, leur école d'appelle Mozart. Comme quoi.
— Peu importe, entrez.
Je m'exécute et il ferme la porte derrière moi. Il part s'asseoir de l'autre côté du bureau, à côté d'un homme de la cinquantaine ayant un fort embonpoint, et d'un autre dans la trentaine aux cheveux blonds parfaitement gominés.
— Vous êtes Asche Fürstein ? énonce avec étonnement ce dernier.
— Hum, oui, dis-je en restant polie.
— Surprenant. C'est pourtant un prénom de garçon.
Je retiens à grand peine un soupir.
— Oui, on me le dit souvent.
J'amorce un mouvement pour m'asseoir mais l'homme à lunettes me retient d'un claquement de langue agacé.
— Vous pouvez rester debout mademoiselle, ce ne sera point long.
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Mission Cendrillon
Teen FictionAsche est une musicienne de génie. Violon, batterie, guitare, accordéon... rien ne lui résiste. Sauf l'école de ses rêves qui lui refuse son accès avec le pire prétexte possible : elle est une fille. Et, une fille, ça n'a rien à faire dans une grand...