Un Ange en Cadeau

Chapitre 1

Fantine

La musique rythmée de Poker Face de Lady Gaga résonne dans ma chambre et agresse mes oreilles. Je me réveille. Il fait nuit, il est trop tôt ou il est trop tard, bref, ce n'est pas l'heure. Ce n'est pas humain de déranger les gens en pleine nuit, merde ! J'essuie le délicat filet de bave qui s'échappe de ma bouche d'un revers de la main. Charmant.

Je repousse ma couette en grognant. Je tends le bras jusqu'à la table de chevet, tâtonne et prends l'objet du délit. Mon téléphone.

Je décroche avant de connaître le nom de l'importun. Pas facile de lire les yeux fermés en fait.

— Allo, Fantine ? crie la voix féminine.

Une importune donc.

Une importune à la voix dynamique.

Une importune qui connaît mon prénom.

— Mmmmh...

Le contraire de moi quoi...

— Fantine ? Allô, t'es là ? Fantiiiiiine ! insiste t-elle.

— Bah non, je ne suis pas là, vous êtes sur mon répondeur. Laissez votre message pour que je ne vous rappelle pas, Biiiip! je grommelle. Elle va finir par me percer le tympan.

— Ah ah, très drôle. C'est Soïzic ! Réveille toi cocotte !

Mince alors, Soïzic Descieux qui m'appelle, il a dû arriver quelque chose de grave à sa sœur et accessoirement ma meilleure amie.

— Katell va bien ? Qu'est ce qu'il se passe ?

Je m'inquiète, le cœur manquant un battement.

— Oui, tout va bien. Katell va merveilleusement bien. Je t'appelle pour autre chose, ma belle, répond-elle.

Rassurée et intriguée, je m'adosse à la tête de lit et allume la lampe de chevet. La lumière agresse mes pupilles.

Ça pique.

Je tente de faire bouger mes paupières, certains cils restent collés. Du caca dans les yeux. Classe. A l'aide de mon pouce et de mon index, je frotte.

— D'accord, mais t'as vu l'heure ? Il est quelle heure d'ailleurs ? lui demandé-je.

— Oups !

— Comment ça « oups » ? Il est... trois heures du mat' !!!?! je m'exclame après un coup d'oeil au téléphone. Mais t'es une grande malade en fait, toi, tu sais ça ? Y'a des gens qui dorment et surtout ceux qui vivent en France, ton pays d'origine, tu te rappelles ? râlé-je. Je me suis couchée il y a à peine deux heures moi.

Je geins comme un chat en manque de caresses.

— Sorry, ici il est l'heure de l'apéro. Je t'appelle avant de passer à table, s'excuse t-elle. Après, je risquais d'oublier.

Soïzic vit en Amérique depuis plus d'un an, dans des montagnes au Nord des États Unis, dans le trou du cul du monde avec son chéri, un tatoueur de talent sous les aiguilles duquel je suis déjà passée.

Ça dégouline de vibes « La petite maison dans la prairie » chez eux. Genre, maisons en bois, cheminée qui fume, chevaux en liberté, enfants qui courent dans les champs....juste avec une version bad boy tatoué de Charles Ingalls. Trop d'amour. Le bonheur est dans le pré ? Très peu pour moi.

— Mouais, bon. Pourquoi ? l'interrogé-je, curieuse. Pourquoi tu voulais me parler ?

— Écoute, j'ai une amie qui bosse dans un magasin à New-York et ils recrutent pour les fêtes de fin d'année et...tadam ! J'ai pensé à toi ! son ton un peu trop enjoué devrait me faire tiquer mais je suis encore dans les vapes.

À suivre ...