Alexander
— Mesdames, messieurs, vendons du rêve ! commence mon oncle. Nous sommes à deux semaines de Thanksgiving et du Black Friday. Les fêtes de fin d'année seront donc bientôt là. J&J's se doit d'être prêt. À New-York, on ne s'arrête jamais. État des lieux s'il vous plaît!
En véritable général de l'armée, John Johnston demande à ses troupes un point sur l'organisation de chaque étage du J&J's en matière de rotation de stock et de personnel. Let's go. Aucun manager n'y échappe. Pas même moi. Chaque responsable fait son laïus. Je suis toujours le dernier à prendre la parole.
— Alexander, à toi. Nous t'écoutons, m'invite t-il.
La responsabilité est immense. Je suis en charge du rez-de-chaussée, le passage obligé, la vitrine de tout le magasin, la première impression du client.
Entendons nous bien, j'aime ce que je fais, mais au grand désespoir du personnel qui se trouve sous mes ordres, je suis intransigeant et exigeant. Je ne leur passe rien. On dit que je suis austère, je dis que je suis professionnel, rien à voir.
Tout le monde se tait.
— L'ensemble de la décoration de l'étage est prêt en réserve. Tous les stands seront fournis. On attend encore un décorateur pour les vitrines ouest mais la décision va être prise rapidement, énuméré-je tout en tapant en rythme la table avec mon stylo plume.
— Bien. Concernant le recrutement ? me demande t-il.
— Pour les îlots de marques étrangères, nous avons décidé de prendre pour la période des fêtes, des personnes venant du pays d'origine de la marque que le stand représente. Ça donne un peu de classe et de cachet. On l'avait fait il y a deux ans, ça avait plu. Tous sont déjà venus sauf une personne. Ils arriveront le week-end après Thanksgiving. Ils sont vendeurs au sein de grands magasins situés dans des capitales mondiales, notamment en Europe. Ils sont aguerris, ont une solide expérience et ils ont de bonnes recommandations, et enfin, ils sont au minimum bilingues, enchaîné-je.
Tout le monde m'écoute religieusement. S'il y en avait, on entendrait les mouches voler.
— Super, je vois que tu gères de main de maître. Comme d'habitude...
Son ton me fait grimacer intérieurement.
— Oui, on ne change pas une équipe qui gagne. Les profits seront substantiels, notre chiffre d'affaire ne cesse d'augmenter pendant cette période, d'année en année. Et c'est bien ce qu'on veut, non ? dis-je un peu sèchement.
Je grince des dents.
— Oui, oui. Bien, mesdames, messieurs, si on en a terminé, je vous invite à prendre quelques minutes pour un café ou un thé tous ensemble avant de retourner à vos postes. Merci à tous, termine t-il.
Le bruit des papiers qu'on range, des capuchons de stylo qu'on replace, des fermetures de sacoches d'IPad, des chaises qu'on pousse, me fait prendre conscience que j'ai encore plombé l'ambiance. Personne n'ose me regarder ou m'adresser la parole. A croire que je leur fais peur.
Oui, je suis le neveu du boss, mais je suis au même grade qu'eux. J'ai grimpé les échelons petit à petit. Malgré mon MBA, j'ai voulu commencé au bas de l'échelle, soutenu par mon oncle. Alors que mon cousin, Jonah, trônait dans un bureau à foutre je ne sais quoi avec sa secrétaire, très certainement se faire tailler une pipe, je pointais les inventaires dans la réserve ou nettoyais les douzaines de vitrines des stands. Je mérite ce poste.
Mon père serait fier de moi.
À suivre ...
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Un Ange en Cadeau
Любовные романыLes anges se sont peut-être chargés de les réunir, mais leur passion promet d'être aussi chaotique que culottée... Fantine Qu'est-ce que je fiche à New-York déjà ? « Un vent de fraîcheur pour retrouver l'inspiration » qu'elle disait. Ouais, je t'en...