Fantine
Sa poêle dans la main, il se retourne pour me servir et se fige, les yeux écarquillés. Son sourire s'agrandit.
— Quoi ? J'ai un bouton sur le nez ?
— Non, mais tu as des cerises aux oreilles.
— Mmmh, bah oui. Et ?
— Et rien. Je voudrais juste être petite souris pour voir la tête d'Iceman, ricane t-il.
— C'est trop coloré ? Je dois me changer ?
— Surtout pas ! Reste toi-même. Seulement, il faut que tu saches que J&J's c'est le haut de gamme, la classe, un magasin pour les riches quoi.
— Oui, ben je ne vais pas faire semblant d'être quelqu'un d'autre et m'habiller comme une mémé à chihuahua juste pour me fondre dans le décor, rétorqué-je. De toute façon, je n'ai que des habits de ce style.
— Et ça te va très bien. Ne change rien, me dit-il avec un sourire sincère. Et ces yeux...
— Bon, on les mange ces crêpes ? éludé-je.
— Des pancakes, ma chérie, des pancakes.
— Erf, un jour je vais te montrer comment faire de la vraie cuisine Dan.
Il rit.
Trois pancakes, un verre de jus d'orange, un café et un pipi plus tard, on enfile nos manteaux. J'ai remis mon cuir préféré. J'ai mis un rouge à lèvres pétant.
Il est déjà neuf heures et la réunion est fixée à dix heures. Daniel m'a dit d'arriver un peu à l'avance.
Un plan du métro affiché sur mon téléphone, il m'explique les différentes lignes et le changement à effectuer.
Au détour d'un couloir, un musicien entame Get Lucky à la guitare. C'est joli. Je lui pose une pièce dans son étui. Il y a du monde, c'est bruyant, gris, odorant. Pas très différent de tous les métros du monde.
Quand on sort à l'air libre, des trombes d'eau s'abattent sur nous. Dan m'indique le magasin d'un signe de la main et me dit qu'il faut sonner à la porte rouge sur le côté. Mon parapluie-grenouille d'une main et mon téléphone de l'autre, je sautille entre les flaques d'eau. Heureusement, la pluie est en train de se calmer. Les yeux fixés sur le trottoir, je ne peux pas empêcher la collision avec l'homme vêtu d'un long manteau noir qui croise ma route. Le choc me fait rebondir. Il est en quelle matière ce mec ? En pierre ? Je me rétablis sur les talons de mes bottines. Dans le mouvement, j'en lâche mon parapluie qui s'enfuit. Un autre homme se met à courir pour le rattraper au vol. Il me le ramène avec un grand sourire.
— Tenez Miss, me dit-il charmeur.
— Merci beaucoup.
Je lui souris en retour.
— Vous ne pouvez pas faire attention plutôt que d'essayer d'éborgner quelqu'un avec votre foutu animal vert ? gronde une voix derrière moi.
Quoi?
Je me retourne, énervée.
— Non mais dites donc, la Montagne ! Oui, vous ! l'invectivé-je. Je ne vous permets pas d'insulter mon parapluie d'abord. Et pourquoi, vous, vous n'auriez pas pu faire attention où vous marchiez ? Hein ?
L'autre homme à côté de nous ricane. Je relève lentement les yeux sur l'objet de ma colère. Et je monte, et je monte. Putain, il est grand, super grand même.
— Waouh, vous mesurez combien? lui demandé-je.
— C'est une vraie question ?
Je jette machinalement un œil à mon téléphone. Je vais être en retard.
— Je dois y aller. Bye, lancé-je avec un signe de la main.
Je m'approche d'un pas vif jusqu'à la porte rouge. Je sonne. Des pas résonnent dans mon dos. Le vigile m'ouvre.
— Bonjour Messieurs Johnston.
À suivre...
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Un Ange en Cadeau
RomanceLes anges se sont peut-être chargés de les réunir, mais leur passion promet d'être aussi chaotique que culottée... Fantine Qu'est-ce que je fiche à New-York déjà ? « Un vent de fraîcheur pour retrouver l'inspiration » qu'elle disait. Ouais, je t'en...