Chapitre 5

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Fantine


C'est enfin arrivé !

Après plus de huit heures de vol, j'atterris à l'aéroport JFK, un sourire accroché aux lèvres. On est vendredi. Il est dix-neuf heures.

New-York me voilà !

Dans l'avion, j'ai eu le temps de ruminer sur ma décision de partir. En effet, je n'étais plus si sûre d'avoir fait le bon choix. Mes parents n'ont pas sauté de joie mais, étonnamment, ils ne m'en ont pas empêchée non plus. Et puis, à moins de casser un hublot et de sauter en parachute au dessus de l'Atlantique, c'était un peu tard pour reculer. Alors, puisque je suis là, autant en profiter à fond et je ne sais pas faire de parachute.

D'abord, récupérer mes bagages et passer la douane. Easy.

L'avantage d'avoir des parents avec qui vous voyagez beaucoup, c'est que vous apprenez les langues étrangères à vitesse grand V. Du coup, je parle anglais couramment et c'est, je crois, ce qui a fait pencher la balance lors de mon entretien par Skype avec la chef de Zoe. Parce que, on ne va pas se mentir, mes talents de vendeuse...

Mon visa de travail, mon passeport, l'attestation de logement, un formulaire H machin truc, bref, toute la paperasse se trouve dans la poche intérieure de ma veste en cuir rouge fétiche. Mon sac à main en paille avec les coquelicots brodés est joli mais je n'y retrouve jamais rien.

Je sais que les Américains sont très pointilleux à propos de l'entrée sur leur territoire des étrangers. J'avance dans la file. C'est long, putain. Je trépigne d'impatience. Je suis fatiguée et excitée à la fois. Une vraie gamine. Soïzic avait raison. Ça va me faire du bien. Une énergie positive.

— Mademoiselle ! m'interpelle une voix cassante.

— Oui, oui. Je suis là ! Enfin, pfff...

J'avance sur mes talons de douze centimètres rouge cerise (super pratique quand on prend l'avion...nan je rigole mais je les adore) jusqu'au bureau de l'homme à l'uniforme. Il doit sourire quand il se brûle celui-là. Pas de bonjour, ni please, ni merde, mais une main tendue. Je la lui serre par réflexe. La sienne est moite, beurk.

— Saluuut! dis-je dans un sourire.

Et là, quand je vois ses yeux noirs qui me fusillent, je sais que mon sens de l'humour va encore se retourner contre moi...Mince...

— Mike ! Celle-ci. A la fouille ! crie t-il en me désignant du pouce.

Je me tourne vers le dit Mike et me fige. C'est un gag ou quoi ? Vous voyez Sinok dans les Goonies ? Ben, on n'en est pas loin. Une immense baraque à la gueule tordue m'invite d'un geste de la main à sortir de la file pour entrer dans un bureau fermé. Comme moi, son costume semble vouloir s'échapper. Il n'y avait pas sa taille en stock ou quoi ? Un autre homme est déjà derrière la table en fer. Ah non, en fait, c'est une femme. La vache ! Heureusement qu'elle (il ?) a des seins, sinon...

Mon Dieu! Mais qu'est-ce que je fais ici ?

— Asseyez-vous ! Nom ! Prénom ! Que venez-vous faire dans notre pays ?

Il (elle?) me mitraille, un crayon dans la main prêt à gratter le papier posé sur la table.

— Euh... alors, monsieur, madame, je ne sais pas...

— Vous ne savez pas quoi ? me demande machin.

Est-il politiquement correct de demander le sexe de la personne en face de vous ? En d'autres circonstances, je n'aurais pas hésité, mais là je sens bien que je n'ai pas affaire à des comiques en plein One Man Show. Les visages tendus sont un bon indice. Je crois.

J'inspire un grand coup et je réponds à ses questions dans un anglais parfait.


À suivre...

Un Ange en CadeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant