Chapitre 9

7 2 0
                                    




Fantine


— Quel est le sombre abruti qui a organisé une réunion un dimanche ? pesté-je.

Je baille bruyamment et me frotte les yeux. J'éteins le réveil de mon téléphone. Le décalage horaire encore dans les pattes. J'ai du mal à me caler. Et ce n'est pas la sortie au bar en bas de chez nous hier soir qui a remis les pendules à l'heure...

Je me force à me lever. Motivation. Motivation. Motiv... Je prends mon élan. Allez, je vais y arriver. Je sens mes aisselles. Pfiou, oui, un passage à la douche s'impose. J'attrape ma serviette et je me traîne jusqu'à la salle de bain. Je lance ma playlist « matin difficile » et Samaha des Shaka Ponk met le feu avec son subversif Sex Ball.

Ne pas se regarder dans le miroir.

— Aaaah ! crié-je devant mon reflet. Qu'est ce que je viens de dire ?

— Tout va bien Fantine ? me crie Daniel derrière la porte.

— Ça va, ça va, soufflé-je la main sur le cœur. Je me suis fais peur.

Je l'entends ricaner et marmonner qu'avec moi, ils ne vont pas s'ennuyer.

Bon, bilan : ce n'est pas une douche qu'il va me falloir. C'est carrément un coup de Kärcher. Les traditionnelles cernes noires accentuées par l'artistique coulée de mascara sont bien là. Les cheveux en pétard mais seulement du côté droit. C'est le côté où je dors, hein. Pour preuve, la belle marque de l'oreiller sur ma joue.

Je monte dans la baignoire. Je tourne le robinet et le miracle de l'eau chaude fait son œuvre.

Après une douche et un shampooing à la noix de coco, je me sèche et m'enduis de crème à la, ô surprise, suspense et roulement de tambour... noix de coco. Puis, ce ne sera pas du luxe, un coup de déodorant à la - raté les gars - vanille ! Oui, j'aime la noix de coco, la vanille, le monoï, ces parfums qui me rappellent les vacances, le soleil, les îles...

Et en retournant dans ma chambre, je me dis qu'il va falloir au moins ça pour combattre l'hiver ici. Brrr, je frissonne, une pluie glaciale coule le long des fenêtres. Et pourtant, il faut que je sorte aujourd'hui, pour cette satanée réunion. Daniel s'est proposé pour m'accompagner. Il a peur que je me perde. Je ne vois pas pourquoi mais comme il a un rendez-vous dans le coin, ça arrange tout le monde.

J'ouvre la penderie et comme je me sens d'humeur noire, je contrebalance par des couleurs vives. L'hiver vient ? Nooooon. Vous. Ne. Passerez. Pas!

Une culotte avec des tranches de pastèque. Pas de soutien gorge. Je suis adepte du No-Bra. Stop aux carcans. Une robe verte en coton style années 50 à bretelles avec des cerises imprimées et, en dessous, une chemise rouge à col Claudine. Les bas assortis. Des bottines vertes à hauts talons pour compenser ma taille mini. J'accessoirise avec des boucles d'oreilles cerises sur le seul emplacement vide que mes piercings ont laissé, j'ajoute mon ensemble collier et bracelet en grosses perles rouges.

Un peu de crème pour bébé sur le visage, je n'aime pas le fond de teint et tous ces trucs que mettent les nanas. Un coup d'eye-liner noir et de mascara, le tour est joué. Je lisse comme tous les jours mon carré très plongeant de cheveux noirs avec ma brosse chauffante. J'ajoute une barrette verte. Je passe ma main sur la nuque, c'est tout doux. Avant de quitter la France, je suis passée chez ma coiffeuse. Elle a tout tondu. J'adore.

Je sors de ma chambre attirée par l'odeur. Miam. Je m'installe au comptoir qui sépare la cuisine et le salon. Daniel est affairé devant la cuisinière.

— Oh Dan, tu m'as préparé le petit-déjeuner. C'est trop mignon..., dis-je d'une voix mielleuse.

— Ne t'habitue pas, darling, s'exclame t-il. C'est ton premier jour et tu vas avoir besoin de force pour affronter Iceman.

— Ne t'inquiète pas, je suis tout à fait capable de m'imposer !

— C'est bien ça qui me fait peur, chuchote t-il.


À suivre...

Un Ange en CadeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant