Le temps d'une faille [Ereri/Riren]

Chapitre 07 : Première nuit

Point de vue d'Eren :
          J'ai froid... Mes dents claquent sans que je puisse les arrêter. J'essaie de me mettre en position foetale, mais on m'a enchaîné pour dormir. Ils ont si peur de moi que je n'ai pas le droit à un bon traitement de faveur. Peut-être que je le mérite. Tout de même, une toute petite couverture, un matelas inconfortable et des chaînes glaciales pour dormir, ce n'est franchement pas le luxe. Même dans ma petite maison de pauvre, je dormais plus paisiblement. J'essaie de remonter la couverture sur mes épaules, mais elle glisse jusqu'au sol, car elle est fine. Il n'y a que la housse et non le duvet à l'intérieur. Quand je me tourne sur le côté pour saisir la couette, ma chaîne m'empêche de l'atteindre.

          - Non ! Pas ça ! dis-je désespéré. J'ai assez froid comme ça ! Allez ! ALLEZ !

          Je tire fortement sur la chaîne, mais rien n'y fait, elle est solide. Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter de dormir ici avec personne pour me venir en aide ? On ne me surveille même pas ! Et cette couverture qui tombe... Je ne suis pas un monstre ! Je tire sur les chaînes, en vain. J'essaie de voir s'il y a un garde, mais il fait trop sombre dans le couloir devant ma cage. Je choisis la seconde option : réessayer de me mettre en position foetal, mais je n'arrive pas à me coucher de façon confortable. Mes dents claquent à nouveau et mon corps tremble.

          - Je vais finir par tomber malade si ça continue !

          Si je crie, je vais réveiller tout le monde. Je ne peux pas me le permettre. Je vais tout de même tenter de parler à voix haute, mais pas trop fort. On ne sait jamais.

          - Hey ? Dites... Il y a quelqu'un qui me surveille ?
          Pas de réponse.
          - S'il... S'il vous plaît ? J'ai... J'ai froid, ici !

          J'entends un bruit au-dessus de ma tête, mais il s'estompe aussi rapidement. Bon sang, il n'y a donc personne qui me surveille la nuit ? À quoi bon m'enfermer ici comme un animal, si c'est pour ne pas faire attention à moi ?

          - Ce n'est pas vrai... Brrrr...
          - Hé, Eren ! Je t'entends claquer des dents jusqu'à ma chambre ! se plaint le caporal-chef Livaï.

          Il a l'air d'aller beaucoup mieux. J'essaie de me redresser, mais j'ai fini par emmêler mes chaînes. Je ne suis pas très futé, il faut l'admettre. Il marche comme s'il n'avait pas de blessure et s'appuie contre les barreaux, dos à moi...

          - C'est quoi le problème ?
          - J'ai f-froid !
          - Hum ?

          Il se retourne pour me voir en t-shirt et sous-vêtement. L'envie de me cacher me vient, mais je n'ai pas de quoi le faire. Ça me gêne qu'il voie ma maigreur. Il a beau être plus petit que moi et plus mince, il est largement plus musclé que moi.

          - Ma c-couverture est tombée et j-je n'arrive pas à-à l'atteindre. Mes m-menottes sont glacées et j-je n'arrive pas à d-dormir sur le lit qui est in-inconfortable.
          - Je dors bien sur une chaise et je ne m'en plains pas.

          Je ne savais pas. Je ne suis pas lui, je n'ai pas le même mode de vie. Dois-je lui dire ? Je ne risque pas de perdre grand-chose. De plus, il est trop faible pour me frapper - enfin, je crois. Il ne va pas risquer de se blesser. Si ?

          - Navré de v-vous répondre, ca-caporal-chef, mais... j-je ne suis pas v-vous.
          - Sacré bleu, mais tu es littéralement en train de crever de froid.
          - J'ai l'air de f-faire semblant ?
          - Attends moi une minute, gamin.

          Comme si je pouvais me rendre quelque part ! Idiot ! Il s'éloigne un peu, puis je l'entends revenir avec un trousseau de clefs. Il ouvre ma cage, puis il entre à l'intérieur pour récupérer la couverture.