Le temps d'une faille [Ereri/Riren]

Chapitre 01 : Première rencontre

Point de vue externe :
- Livaï, peux-tu me rendre un service ?
          - Que se passe-t-il, mère ?
          - Je suis passée au marché, tout à l'heure, mais j'ai oublié d'acheter de la farine pour le pain. Sois gentil et va m'en acheter, s'il te plaît.
          - Tout de suite !
          - L'argent est dans le tiroir de la commode à l'entrée.
          - Oui, mère.

          Livaï est un jeune homme de quinze ans qui vit seul avec sa maman dans un village lointain. Son père est parti un soir et n'est jamais revenu. Livaï n'avait que huit ans et il portait déjà, sur les épaules, le poids de sa famille. Ses grand-parents étant décédés depuis des années, Livaï n'a connu que sa mère et son père. Son oncle et sa tante vivent loin d'ici, il ne les a donc jamais rencontrés. Toutefois, il aime la vie simple qu'il mène avec sa mère, car ils sont en sécurité et ont assez d'argent pour payer les factures. Néanmoins, Livaï va avoir seize ans et il devra chercher un travail ou faire des études pour en trouver un. Il ne sait pas exactement ce qu'il souhaite faire, il cherche encore et ça l'inquiète un peu.

          Livaï est un jeune homme maniaque et soigné. Sa prestance naturelle attire bien des regards lorsqu'il se balade dans la rue. Plus d'une personne se retourne sur son chemin. Son regard d'argent et perçant peut effrayer, mais une lueur mesquine séduit certaines femmes. Il a toujours l'air blasé et de s'ennuyer, car il ne montre jamais ses sentiments ou ce qu'il ressent. Rares sont ceux qui ont réussi à lui arracher un sourire ou un froncement de sourcils. Livaï est plus ouvert à sa mère, mais là encore, il garde une carapace bien solide.

          Son manteau sur les épaules, son petit foulard en place sur son cou et son sac pour les courses en mains, Livaï quitte le foyer pour se rendre au marché du village. Le vent s'est levé depuis ce matin. Ces cheveux couleur ébène valsent au rythme du vent, ce qui l'agace, car il avait passé un temps fou à faire une jolie raie légèrement sur le côté, mais assez proche du centre de sa tête.

          - Livaï ! Bonjour, le salue une femme enceinte.
          - Madame Jäger ! Que faites-vous dehors dans cet état ? s'inquiète-t-il en s'approchant pour l'aider à porter son panier de course.
          - Je n'ai pas le choix, je dois me débrouiller toute seule. Mon mari travaille beaucoup et je n'ai pas l'argent pour payer quelqu'un pour m'aider à la maison. Nous avons économisé pour que je puisse accoucher en toute sécurité à la maison avec un spécialiste.
          - Laissez-moi vous aider ! Vous êtes bientôt à votre terme non ?
          - J'aurais dû accoucher la semaine passé, mais il refuse de sortir du petit cocon, sourit-elle en caressant son ventre.
          - Je souhaite sincèrement vous venir en aide, sans argent ! Ne me payez pas.
          - Livaï, tu es un jeune bien élevé, je te remercie. Je souhaite tout de même te payer d'une manière ou d'une autre.
          - Non, non ! Je serai gêné. Je vous aiderai jusqu'à la venue du bébé.
          - J'aurais probablement besoin d'aide après également.
          - Je n'y connais rien en enfants, rougit Livaï.
          - Moi non plus, rit-elle.

          Livaï esquisse un petit sourire en coin, puis il s'arrête devant le stand de farine pour en acheter. Il accompagne Carla chez elle afin de s'assurer qu'elle aille bien. Une fois à la demeure des Jäger, elle lui propose de boire une tasse de thé. Il ne refuse pas. Livaï adore le thé, si bien qu'il a longtemps hésité à ouvrir une boutique de thé spécialisé.

          - Oh ! Livaï ! crie Carla en prenant les mains de Livaï pour les poser sur son ventre. Il bouge ! Sens !

          Il voudrait retirer ses mains, car il est extrêmement gêné par la situation, mais il n'en fait rien, par politesse. Il attend quelques secondes, puis à l'instant où il souhaite retirer ses mains, il sent quelque chose bouger dans le ventre. Son regard croise celui de Carla, puis il retourne sur le ventre.