Le temps d'une faille [Ereri/Riren]

Chapitre 12 : Une paix possible ?

Point de vue d'Eren :
          Il m'a fallu une seule nuit pour me relever et marcher correctement sans avoir la tête qui tourne. Mais... Il me faut encore du temps pour oser approcher le caporal. Chaque fois que je l'entends, un frisson s'empare de moi. Quand je l'aperçois au loin, je me débrouille pour ne pas le croiser, quitte à faire le tour du château pour éviter de traverser le même couloir que lui. Je serais prêt à faire tous les détours du monde. Il n'essaie pas de venir vers moi pour faire la conversation. Il a écouté les conseils de Hansi, visiblement. Cela dit, je n'ai pas manqué ces nombreux petits regards vers moi, ni son visage qui a changé d'expression depuis ce soir-là. Est-il désolé au moins ?

          Aujourd'hui, je dois m'occuper de l'écurie, ce qui m'enchante, car je suis seul et le caporal n'est pas là à me surveiller. Habituellement, il reste dans son coin, l'épaule appuyée contre le mur, les bras et jambes croisées et il m'observe. Je déteste quand il fait ça, car il ne m'aide pas. Lui qui est maniaque, je me demande si s'occuper des chevaux serait trop difficile, car rien ne sera jamais parfait. Il vérifie toujours chaque recoin de la pièce, jusqu'à toucher le dessous des tables pour vérifier si c'est bien nettoyé ou non. Un vrai malade.

          Des bruits de pas attisent ma curiosité. Quand je sors pour vérifier, je découvre mes camarades de promotion dont mes meilleurs amis Armin et Mikasa. Après avoir demandé l'autorisation, je salue mes amis et nous discutions brièvement avant qu'ils reçoivent leur nouveau costume. Je suis à la fois ému de les voir ainsi, mais également terrifié à l'idée qu'un ami ne soit plus de ce monde. Nous ne sommes pas tous des titans... Il n'y a que moi, et encore, Jean a raison quand il dit que je suis même pas capable de maîtriser cette force.

          Je me trouve à nouveau seul, car ils ont tous une réunion. Comme à mon habitude, je retourne à mon travail et nettoie l'écurie. On m'écarte toujours des réunions et on me la résume ensuite. On attend de moi que je devienne leur espoir, mais ils ne me font pas confiance. C'est à n'y rien comprendre. S'ils ont si peur de moi, pourquoi me laissent-ils seuls actuellement ?

          - Concentre-toi pour ne pas penser, gamin !

          Depuis quand est-il là ? Je ne l'ai même pas senti arriver. Mon coeur bat si vite et si fort que j'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine ! Je n'ose pas relever la tête et me concentre à nettoyer le dernier enclos. Mes mains commencent à trembler sous la terreur qui émane de lui. J'entends ses pas se rapprocher de moi. Mes mains se resserrent autour du manche à balais. Je peux le briser si je ne contrôle pas ma force. Respire Eren. Ce n'est qu'un nain qui se croit plus intelligent que toi.

          - Gamin...
          - Eren !
          - Comme tu veux, souffle-t-il. Écoute, je viens m'excuser de t'avoir amoché. Je ne voulais pas en arriver là.
          - Tu as quelque chose contre moi ? Ma tête ne te revient pas ?
          - Ce n'est pas totalement ça.

          Qu'est-ce que c'est alors ? Ne me dis pas que c'est encore mon comportement, car je fais tout mon possible pour ne pas te provoquer. Ce n'est vraiment pas facile !

          - Je suis un Ackerman, Eren.

          La manière dont il a prononcé cette phrase me fait prendre conscience qu'il a raison. Lui et moi sommes faits pour ne pas s'entendre ! J'avais peut-être raison avec le fait que son pouvoir contre les titans est la cause de notre querelle ! Eren... Il m'a appelé par mon prénom, est-ce un hasard ou sa manière de faire le gentil pour avoir gain de cause ?

          - Et moi, je suis un titan, je le sais. Cela dit, tu crois vraiment que c'est la cause de notre désaccord perpétuel ?
          - Je l'ignore.
          - Tu veux quoi, Livaï ?