Douze ans plus tôt...
Gabriel sourit à la fillette, âgé de six ans à peine. Il bougea le coussin rose de son lit pour l'ajuster sous sa tête, prenant garde de ne pas accrocher ses longs cheveux blonds en chemin. Elle était si fragile.
-Tu as appris à lire aujourd'hui?
-Oui, mais tu es trop petite pour comprendre,Evangeline.
-Mais non, Gaby, j'ai quatre ans, protesta-t-elle en montrant quatre petits doigts, si petits que le garçon les aurait brisé d'une main.Il ébouriffa ses cheveux de blé alors qu'elle déformait légèrement les phrases, ne prononçant pas suffisamment les lettres sifflantes. Il aimait Evangeline. C'était incontestable et profondément ancré en lui. Impossible, pour un enfant d'un tel âge. Mais Gabriel avait depuis longtemps comprit que rien n'était réellement impossible. Alors, il lui promit de lui expliquer sa leçon le lendemain soir, parce qu'après tout, il lui avait déjà appris à écrire son prénom et celui de sa poupée. Elle était trop curieuse.
-Dis, Gaby, ma maman sera là demain?
Son cœur se tordit alors que lui aussi, il voulait voir sa maman. Il voulait la prendre dans ses bras et qu'elle l'emmène
très loin d'ici. Ils partiraient à trois, avec Evangeline, et mangeraient des glaces sur la plage. C'était un rêve qu'il faisait la plupart des nuits.Toutefois, il n'était pas bête, même si son père le lui répétait souvent le contraire. Il savait que parfois, les grandes personnes s'en allaient.
Et parfois, elles ne revenaient plus.
Il ne voulait pas dire cela à son Evy. À la place, il prit Carla, sa poupée fétiche, et détourna son attention des pensées sombres qui la guettaient.Evangeline n'avait que quatre ans, c'était si facile pour elle d'oublier. Gabriel en avait deux de plus et pourtant, il avait l'impression d'être déjà un adulte.
Il attendit patiemment qu'elle s'endorme et alors, il glissa hors du lit pour rejoindre sa propre chambre. Il n'aimait pas la laisser seule, mais il savait aussi qu'elle ne risquait rien pour l'instant.
Il marcha sur la pointe des pieds, prenant garde de ne pas glisser à cause de ses chaussettes et d'éviter les trois planches grinçantes du parquet. Avant de refermer la porte et de se fondre dans l'obscurité du couloir, il se tourna une dernière fois sur la petite masse endormie dans les draps. Lui-même avait du mal à atteindre la poignée de la porte.
-Si personne ne vient nous chercher, moi je serais là. Je t'amènerais avec moi et on partira loin, très loin. Au pays imaginaire pour rencontrer Peter Pan, dans la forêt avec Blanche Neige ou dans l'océan d'Ariel pour danser avec elle et Sébastien. Je te protègerais quoiqu'il arrive et tu verras, on sera super heureux à deux.
C'était des paroles lourdes pour une petit garçon et plus encore, c'était une promesse.
Mais Gabriel ne savait pas, à l'époque, qu'il serait incapable de la tenir....
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Fragiles (sous contrat d'édition)
RomanceBienvenue dans le monde des beautés déchues et des masques fissurés. Elle se pensait détruite, il se savait brisé. Elle se sentait couler, il connaissait bien les abysses. Elle se sentait laide mais, lui, savait qu'elle était belle à en crever C...