12. Brittany

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Trois ans plus tôt

Brittany sautait dans sa chambre, chantant les paroles de sa chanson préférée à tue-tête. Le casque sur les oreilles, elle avait l'impression d'être à nouveau dans la foule en délire du concert qu'elle avait vu la semaine passée.
-Britty? Britty!
La jeune-femme brune sourit en voyant sa fille et posa sa pile d'habits propres pour surprendre sa princesse alors que cette dernière rigolait.
-Va me chercher tes vêtements trop serrés au grenier s'il te plait, je passerai à l'association aujourd'hui.
L'adolescente se mordit la lèvre en se souvenant qu'elle avait pris trois kilos le mois passé.
-Désolé.
-Pourquoi t'excuses-tu? Je préfère avoir une fille avec un bon coup de fourchette qu'une petite qui se sent mal dès qu'elle mange trois grammes!
Elle se baissa pour embrasser le front de sa Britty et s'assit sur le lit avec un regard complice.
-Et... Alors? Avec Joshua?
-Il ne m'a même pas regardé!
-Alors, il ne sait pas ce qu'il perd, répondit-elle en faisant un clin d'œil alors que Brittany croisait les bras sur sa poitrine.
En voyant le petit air déçu de sa fille, Caroline Fricht s'avançaient pour embrasser son front et passer une main délicate dans ses cheveux. Elle savait que sa jolie petite fille commençait à grandir, qu'elle aurait du la reprendre en main, l'inscrire à un sport. Brittany n'était pas grosse, mais elle aurait pu facilement le devenir en continuant sur sa lancée. Ce Joshua n'était certainement qu'un hypocrite de plus qui n'avait de yeux que pour les filles minces.
Mais elle n'avait pas le courage d'entamer cette discussion aujourd'hui.
-Je te laisse, je vais ranger le linge.
-Je t'aime maman!
-A l'infini et au-delà, lâcha celle-ci en s'éloignant déjà dans le couloir.
Brittany sourit et monta rapidement les escaliers jusqu'au grenier. Pendant quelques minutes, elle essaya de retrouver le fameux carton et, en voulant rattraper celui-ci, elle en fit tomber un autre.
Lorsqu'elle s'abaissa pour ramasser les objets éparpillés, ses doigts accrochèrent un papier blanc crème.
Un acte de naissance.

***

Je partis dans ma salle de bain, ouvrant brutalement mes tiroirs et soupirai lorsque mon poignet fut à nouveau recouvert par cinq bracelets.
Je me sentais mal. J'avais ce poids sur le cœur, écrasant.
Ma main droite touchait nerveusement mes bracelets, comme pour s'assurer qu'ils étaient bien là. Comme pour s'assurer qu'ils n'avaient pas disparu à nouveau. Un, deux, trois, quatre... Je les comptais pour m'assurer qu'il y en avait suffisamment pour cacher mes plaies.

Gossom savait....

Il avait vu mon plus grand secret, ma honte, ma faiblesse. Il venait de briser ma carapace à coups de bulldozer et de découvrir l'être misérable que je cachais bien au fond. Un, deux, trois, quatre....

Mon corps tremblait alors que je tournais en rond dans ma chambre, les mains sur ma tête.

Qu'est-ce que j'avais fait? Mon Dieu, mais qu'est-ce que j'avais fait?

Je l'avais humilié sans remord l'année passée et il avait désormais le moyen de me détruire entre les mains. Il pourrait me briser comme une vulgaire brindille de bois et je n'avais rien contre lui.
Gossom était un monstre qui n'avait jamais hésité à blesser. Il allait le dire à tout le lycée.

-Et merde, hurlais-je.

Je pris mon coussin et le jetait sur mon lit, me laissant tomber au pied de celui-ci, les mains contre mes yeux.
Je ne voulais pas voir de psychologues. Je n'étais pas folle, je n'en avais pas besoin. Ces cicatrices.... Ce n'étaient rien.
Je ne voulais pas mourir. Je voulais juste.... Ce n'était rien. J'avais arrêté depuis. Réellement.

Fragiles (sous contrat d'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant