20.Brittany

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Merci beaucoup à @IamTheDayAndTheNight pour son joli dessin! Mais dis-moi.... Tu n'avais pas parlé de Gabriel ;) ?

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J'avais accouru au SkatePark en quatrième vitesse après le coup de fil de Gabriel. Quelque chose dans sa voix, le grognement sourd, sa respiration hachée, m'avait convaincu que je devais lever mes fesses, et pronto.

C'est vrai que, depuis quelque jours, on avait un peu déserté notre rampe bien pourrie. En fait, c'était lui qui s'était éloigné. Au début, il m'avait annoncé qu'il avait entraînement de boxe. Puis, un gala de charité avec ses parents.

Puis, j'avais arrêté de demander son avis, parce que je n'étais clairement pas un petit toutou qui attendrait gentiment qu'il accepte de me lancer la balle.
Alors, j'avais pris du recul moi aussi. Il avait mangé en retrait de notre table spéciale les midis et sa chaise vide m'avait pincé le cœur. Je ne m'étais pas rendue compte que, sous ses airs bourrus, Gabriel animait autant nos repas.... Jusqu'à ce qu'il ne soit plus là, que Brian alterne un jour sur deux et que je me retrouvais entre Vanessa et Pamela.
J'avais bien voulu repousser les plats du self mais, étrangement, j'avais eu l'impression de le trahir. Je pouvais vraiment être idiote quand je le décidais, mais j'avais avalé quelques bouchées chaque midi, m'assurant qu'il le remarque. Bon, ok, peut-être que j'avais voulu lui montrer que j'étais une grande fille qui n'avait pas besoin de lui.

Parce que, vraiment, je me fichais pas mal qu'il change d'humeur comme de chemise. Enfin, mauvais exemple. Gossom avait une hygiène de vie plutôt spéciale.

Je m'étais bien résolue à lui mettre un beau gros râteau bien senti lorsque j'avais décroché. Puis, il avait paru... Étrange. Et je m'étais rappelée que peut-être, j'avais cherché cette distance.
Que peut-être, j'avais joué un peu trop. Et que, peut-être, je lui devais bien ça.

***

Je le trouvais assis sur notre rampe, les jambes pendantes dans le vide et son regard fixé sur les étoiles. Il semblait ailleurs et, en même temps, terriblement enchaîné au sol. Ainsi, avec une petite lampe grésillante pour seul éclairage, il ressemblait un peu à un ange. Malheureusement, sa mine grave lui attribuait plutôt le rôle du pauvre angelot qui s'était penché trop près du ciel et s'était royalement cassé la gueule.

Comme s'il avait chuté sur des dizaines de mètre et avait encaissé tout les coups. Il en avait heurté, des Satellites. Puis, son corps s'était consumé en se fracassant dans l'atmosphère. Et le petit ange avait fini écrabouillé comme une mouche sur un pare-brise lorsqu'on roulait à 120km/h sur l'autoroute.

-Tu nous fait une crise existentielle, Gossom?», le raillais-je d'une voix forte pour lui signifier ma présence.

Il inspira profondément pour seul réponse et ne darda même pas ses prunelles chocolats sur moi. C'était bête, j'aurais bien aimé voir la petite étincelle dorée. Cet éclat stupide me manquait.

-Tu vas me laisser monter toute seule? Je dois te rappeler que mes chaussures ne sont pas vraiment prévu pour escalader les bidules métalliques à neuf heures du soir?

Son regard se posa enfin sur moi et la noirceur qu'il y était enfermé me fit frissonner. J'avais déjà vu Gossom particulièrement en colère mais là, il semblait avoir dépassé ce stade. Je fus tentée, pendant un bref instant, de tourner les talons et de rentrer chez moi. Ok, j'aurais passé pour la petite peureuse mais au moins, j'aurais encore tout mes doigts le lendemain.
Puis, je me rappelais que c'était Gabriel. Juste Gabriel. Mon primate préféré.

Fragiles (sous contrat d'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant