2.Brittany

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Un, deux, trois, quatre, cinq, six....

J'enfilais un à un les bracelets sur mon poignée gauche, prenant bien garde à ce qu'ils recouvrent la totalité de mon poignet, associant les différentes couleurs avec mon vernis.

Je rentrais ensuite dans ma salle de bain, aspergeant mes yeux d'eau pour enlever la rougeur des larmes, cachant mes cernes et ma petite cicatrice avec minutie. C'était le même rituel chaque matin. Je passais deux longues heures à me rendre parfaite aux regards des autres.
Aucune faiblesse. Ces lycéens débiles avaient une tolérance qui frôlait le zéro.

Je chaussais ensuite mes talons aiguilles fétiches et observais une dernière fois ma tenue, scrutant le moindre défaut.
Mes cuisses étaient bien trop épaisses et je devais surveiller mon ventre si je ne voulais pas qu'il n'enfle à cause des sucreries.
Je soupirais en me demandant ce que je pourrais réduire pour le faire disparaître.

Je refermais doucement la porte de ma chambre, prenant garde de ne pas réveiller ma mère, et quittais ma maison en conduisant mon petit bijou, une jolie Volvo qu'on m'avait offert pour mon anniversaire.

Clac,clac, clac...
Le bruit de mes talons résonnaient légèrement dans un rythme soutenu et régulier. C'était le premier signe de confiance qu'une femme pouvait avoir: laisser ses talons taper le sol comme si elle emmerdait tout ceux qui trouvait que cela faisait prétentieux. C'était la première chose que je m'appliquais à faire en rentrant dans le lycée.
Je rejetais mes cheveux en arrière, le menton levé, le regard fière et un sourire arrogant sur les lèvres.

Vanessa m'attendait dans la cour, à notre place habituelle depuis deux petites années maintenant. Et cette année serait la dernière.

-Alors, Brittany, j'ai entendu dire qu'on s'était amusé avec Gossom hier....

J'ouvris un sourire arrogant à mon unique amie et changeais mon sac de bras. Mes bijoux brillaient face au soleil.

-Disons que depuis l'accident de la cafétérias, j'aime le taquiner.

Je ne regrettais pas d'avoir ridiculisé Gabriel. Après tout, il avait payé pour toute les filles qu'il avait entraîné dans ses filets. Ce n'était que justice, même si je l'avais rabaissé plus qu'on me l'avait demandé. Jason m'avait plu et j'avais cru.... Je ne savais pas, j'avais cru qu'il pourrait faire en sorte que je m'aime. J'avais cru comme une débile qu'un homme sur cette terre aurait pu être fait pour moi.

Mais j'avais oublié que je n'étais pas faite pour les histoires de cœur. C'était génétique.

Je savais que Vanessa aimait bien Gabriel. Et c'était rare, les personnes qui comptaient assez à ses yeux pour qu'elle les adopte. À ma conaissance, nous étions les deux seuls à avoir atteint son cœur.
Mais pouvais-je la blâmer, moi, qui n'en possédait aucun?

Une jeune-fille passa au même moment devant nous, des lunettes carrées sur le nez et les cheveux courts.
Vanessa me regarda et je lui rendis son sourire. Je savais que mon amie aimait bien taquiner les premières années. Un peu comme un baptême de la vrai vie. Elle leur apprenait à être fort, ou à se faire écraser.
Heureusement que j'avais appris à dissimuler mes faiblesses jusqu'à paraître totalement imperméable.

Je vis le regard de plusieurs garçons sur moi, glissant sur mes jambes et remontant jusqu'à mon décolleté. Je savais qu'ils aimaient mon physique. Ce même physique qui me complexait plus que n'importe quoi.
C'était maladif et je m'en rendais compte. Il fallait que je maigrisse, toujours un peu plus. Il fallait que je sois un peu plus belle chaque jour.
Il fallait que je paraisse plus hermétique. Plus forte.
Plus tout.

Fragiles (sous contrat d'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant