Chapitre 5 - Surveille tes partenaires de jeu

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C'est la boule au ventre que j'arrivai au lycée le jour suivant. Le geste d'Askel tournait en boucle dans mon esprit. Je n'avais pas compris ce qui l'avait poussé à se comporter ainsi. Mais ce que je redoutais surtout, c'était qu'il ne s'arrête pas là. Mon mensonge qui niait les faits en bloc avait marché hier soir, mais il n'avait pas eu l'air d'y croire. Il allait tenter un nouveau coup, peut-être moins directement cette fois, mais je devais faire attention.

Après être passée au casier, j'attendis que la cloche sonne pour aller en classe de philosophie. Je détaillai la cour ainsi que tous ceux qui y étaient, les regardant marcher, rire, se disputer... J'avais l'impression de ne pas appartenir au même monde qu'eux. La séparation que je ressentais me noua l'estomac, et me mit mal à l'aise. J'essayai de me détendre, respirant calmement, et vidai mon esprit pour quelques minutes. J'avais presque atteint mon but lorsque je sentis quelque chose tomber vers moi, éveillant tous mes sens. La chair de poule recouvrit mes bras tandis que je me décalai brusquement d'un pas. Pile à l'endroit où je me tenais la seconde d'avant, une gerbe d'eau s'écrasa dans l'herbe. Confuse et le souffle court, je relevai la tête. Au deuxième étage du bâtiment qui me surplombait se tenait Askel, une bouteille d'eau à moitié vide dans la main. Un sourire en coin étirait ses lèvres en un rictus amusé. Je fus troublée de le voir un tant soit peu sourire.

— Oups, je ne t'avais pas vue, dit-il simplement.

Je serrai le poing, la mâchoire contractée. Ce connard m'avait bien eue. Il comptait tester mes réflexes, et j'avais visiblement répondu à sa petite expérience haut la main. Askel me lança un regard suffisant, puis recula, disparaissant de mon champ de vision. La peur que je ressentais quelques instants plus tôt s'était maintenant muée en énervement. Contre moi-même et envers celui qui m'avait piégée si facilement.

Une main se posa soudainement sur mon épaule, me faisant sursauter. Je m'écartai d'un bond, me dégageant de la poigne d'un coup sec. Je croisai alors le regard surpris d'Alisha qui avait toujours la main en l'air.

— Merit... ça va ?

Et merde.

— Oui j'étais... perdue dans mes pensées ! Je ne t'ai pas vue venir, tu m'as surprise, désolée.

— Il n'y a rien de mal, me rassura-t-elle avec un sourire.

— Je... on va en cours ? proposai-je pour changer de sujet.

La sonnerie retentit à cet instant.

— On dirait qu'on doit y aller, oui.

Je suivis Alisha dans les couloirs. Je jetai un dernier regard en arrière, mais Askel n'était plus au deuxième étage.

***

La pause de la matinée me permit de souffler après ce cours de philosophie qui nous avait demandé beaucoup trop de réflexion. Dans la cour, je suivis naturellement Alisha pour aller rejoindre Swan et Victoria. Malheureusement pour moi, Max, accompagné d'Askel, était avec elles. Ignorant le regard du tatoué, je saluai les autres avant de m'asseoir sur le banc. Maxence démarra immédiatement la discussion, casant le plus de vannes possible à tel point qu'il réussit à me faire vraiment rire. On apprenait mutuellement à se connaître sans trop aller dans les détails que je voulais éviter.

Mon cœur s'était presque allégé, quand Askel décida alors de bouger et de se hisser sur le muret derrière moi. De là où il était, je ne pouvais plus le voir sauf si je tournai franchement la tête. Alors que lui pouvait me détailler à sa guise.

— Merit ?

— Oui ? fis-je en fixant à nouveau mon attention sur Swan.

— Ça fait deux fois qu'on t'appelle, me dit la blonde.

Ailes MortellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant