Chapitre 22 - Acceptation

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Lorsque j'ouvris les paupières, la première chose que je vis fut un dessin.

Non, pas un dessin. Un tatouage.

Surprise, j'écarquillai les yeux et eus un mouvement de recul. J'étais dans l'appartement de Maxence et Nessah, Askel dormait paisiblement à mes côtés. Nous étions dans le salon, étendus sur le canapé déplié, tout était silencieux. Mon regard se posa sur le tatoué.

Il était allongé sur le ventre, bras relevés et mains enfouies sous son oreiller. Son tatouage sur l'avant-bras formait une tache d'encre qui contrastait avec la blancheur des draps. La couverture s'arrêtait au milieu de son dos, dévoilant sa peau nue parcourue de quelques grains de beauté. C'était la première fois que je voyais son visage si apaisé. Ses traits n'étaient plus crispés, il paraissait plus jeune. Ses cheveux bleus étaient la seule touche de couleur. Ses mèches tombaient sur ses paupières closes, et ses lèvres pleines étaient entr'ouvertes. Je ne voulais pas faire le moindre mouvement, de peur de briser cet équilibre de tranquillité. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, mais sûrement assez tôt pour que personne ne soit réveillé. Je pouvais peut-être partir et rentrer chez moi sans qu'ils s'en rendent compte...

Chez moi...

Cette pensée me fit un pincement au cœur. Qu'allais-je dire à oncle Henri ? Comment allait-il réagir ?

Refoulant la boule qui me serrait la gorge, je me redressai, presque au ralenti pour ne pas faire de bruit. Je constatai avec soulagement que j'étais toujours vêtue de mon jean et de mon pull noir. J'avais cruellement envie de prendre une douche, je n'osais même pas ne fut-ce que passer ma main dans mes cheveux sales et emmêlés. Je devais avoir une tête affreuse.

Lentement, je posai un pied sur le parquet glacé et me levai en retenant mon souffle lorsque le lit grinça. Je me figeai, mais la respiration régulière d'Askel n'avait pas changé. Soulagée, je repérai mes chaussures et m'en approchai en silence. Jamais les enfiler ne m'avait pris autant de temps. Mon genou cogna contre la table, et je serrai les lèvres pour ne pas laisser échapper une plainte. Je finis par me diriger vers la porte d'entrée. J'abaissai la poignée, mais le battant ne bougea pas.

C'était fermé à clé.

Et merde ! Où sont ces fichues clés ?!

— Dans le panier à côté de la télé.

Je sursautai et fis volte-face vers Askel, toujours allongé, mais qui me fixait de ses yeux grands ouverts.

— Je... je ne voulais pas te réveiller.

— Le moindre bruit me réveille, dit-il en roulant sur le dos.

Je l'observai malgré moi s'étirer, et mes yeux s'égarèrent sur son ventre musclé.

— Tu comptais déjà t'enfuir ? fit-il en me détaillant.

— Je ne veux pas déranger.

Il ne dit rien pendant un instant, puis détourna le regard.

— Mange un truc, je te ramène après.

— Tu en as déjà assez fait. Je peux me débrouiller.

— Max et Ness ne se lèveront pas avant au moins dix heures, continua-t-il comme s'il ne m'avait pas entendue. Prends ton temps, j'ai appelé ton oncle hier.

Mon corps se crispa tandis qu'il se levait. Son jogging gris lui tombait sur les hanches et ses cheveux étaient en bataille.

— Pourquoi as-tu fait ça ?! m'exclamai-je.

— Je l'ai simplement prévenu que tu allais bien et que tu rentrerais aujourd'hui.

Une partie de moi était soulagée qu'oncle Henri soit rassuré de mon état, mais une autre avait peur d'affronter l'inquiétude que mon départ avait laissée.

Ailes MortellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant