Chapitre 14 - Tippi's

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Les mains croisées sous ma nuque et les yeux fermés, j'étais coupé du monde par la musique de mes écouteurs. Le volume poussé à fond, le rock envahissait ma tête et me transportait vers un autre univers. Une brise fraîche soufflait doucement, et l'herbe sous moi me chatouillait les avant-bras.

Ma bulle fut brusquement brisée lorsqu'on m'arracha un écouteur. J'ouvris un œil noir sur Maxence assis à côté de moi.

— Ça a sonné, m'avertit-il.

— J'suis pas prête, je ne vais pas réussir ! se lamenta alors Swan.

— Bien sûr que si, ça fait deux semaines que tu révises pour ce DS, la rassura Alisha.

Mais la blonde ne semblait pas vraiment l'écouter, essayant de relire pour la énième fois son cours avant d'aller en classe.

— Fais comme Askel, il est détendu, lui.

— C'est parce qu'il s'en fout de tout ! rétorqua Swan sans lever le regard.

Je roulai des yeux avant de me redresser. En tournant la tête je vis Merit toujours assise en tailleur, penchée au-dessus de ses notes. Elle se mordait la lèvre inférieure en triturant une de ses mèches noires, visiblement stressée elle aussi.

— Pourquoi est-ce qu'ils nous mettent ce truc ?! fit à nouveau la voix aiguë.

— C'est juste un contrôle d'économie, Swan, soupira Victoria.

— Tu peux parler toi ! Vous n'avez rien avec Max !

Las de l'entendre se plaindre, je remis mon écouteur en place et me levai. Tous les terminales ES avaient un devoir surveillé de trois heures, et les L en avaient un en langue étrangère. Swan en faisait tout en plat, tandis qu'Alisha et Merit se faisaient plus silencieuses, révisant dans leur coin.

— On mange ensemble, après ? demanda alors le rouquin.

Tout le monde approuva, je me contentai d'un hochement de tête avant de tourner les talons, une blonde stressée sur mes pas.

***

L'horloge fixée au mur m'indiquait que cela faisait deux bonnes heures que je n'avais pas bougé mon cul de cette chaise inconfortable. Survolant mes lignes et mes calculs des yeux, je finis par me lever pour rendre ma copie au prof d'économie, puis filai de cette salle. Au passage, je remarquai Swan qui était pleinement concentrée sur son travail.

Il n'y avait que très peu de monde dans les couloirs, le ciel nuageux donnait un air maussade. Je sortis par les grilles ouvertes et me hissai ensuite en haut du muret qui longeait le lycée pour m'y asseoir. J'avais de longues minutes à attendre avant que les autres ne me rejoignent. En soupirant, je pris mon téléphone dans ma poche ainsi que mon paquet de cigarettes. Enfonçant mes écouteurs dans mes oreilles, je vis du coin de l'œil une silhouette féminine s'approcher de moi.

Je ne réagis pas lorsque Rebekka se hissa sur le muret à mes côtés, me contentant de souffler la fumée vers le ciel. Je me crispai néanmoins quand elle retira mon écouteur gauche et le mit dans son oreille, un petit sourire collé aux lèvres.

— Tu écoutes toujours ce groupe, remarqua-t-elle.

Je ne répondis rien, reprenant une autre taffe de nicotine. La fausse blonde posa alors sa tête sur mon épaule. Elle savait pourtant que je n'aimais pas les contacts physiques.

— Bek... l'avertis-je d'un ton dur.

Elle soupira et se redressa.

— Ça ne te gênait pas que je fasse ça, avant, dit-elle avec une pointe d'amertume.

Ailes MortellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant