Chapitre 10 - If I seem dangerous, would you be scared ?

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Huit jours. Il restait huit jours avant la pleine lune.

La peur me tenaillait le ventre à chaque instant, je ne trouvais pas le sommeil. Si je ne faisais rien, la Chose allait tuer des innocents et je risquais de me faire repérer. Je ne pouvais pas la contrôler, tout comme je ne pouvais pas l'enfermer. Je ne connaissais aucune pièce qui puisse contenir sa puissance durant une nuit entière. Je ne pouvais pas me tourner vers quelqu'un, Askel ne devait pas voir cet aspect de mes pouvoirs. Et plus la lune grossissait, plus elle se réveillait. J'avais du mal à garder le contrôle de mes émotions, mes pouvoirs dérapaient et elle parlait de plus en plus. Par moment sa voix envahissait ma tête, elle était réveillée, et elle le montrait bien.

C'est donc le cœur serré et les sens en alerte, que je me dirigeai vers le lycée ce matin-là. Pour une fois, le ciel était dégagé et un grand soleil brillait. J'arrivai devant les grilles, m'arrêtant à la limite de l'entrée. Les gens souriaient en retrouvant leurs amis, puis filaient en discutant vers leur prochain cours. Mon ventre se noua. Et si je les blessais ? Et si la Chose prenait le contrôle ? Je savais qu'elle ne pouvait pas totalement le faire tant que la pleine lune n'était pas encore là, mais cela n'arrangeait pas mon stress. Je me sentais comme un loup dans une bergerie, un monstre au milieu de personnes innocentes.

Ma tête se mit à tourner, les bruits venaient de partout et m'entouraient, m'oppressaient. Mon souffle s'accéléra, et mon cœur s'emballa. Je sursautai violemment en sentant tout à coup une main s'abattre sur mon épaule. Je bondis sur le côté, les yeux ronds.

— Wow, fit Vic avec la main toujours en l'air. J'ai une tête si affreuse que ça ?

Elle me lança un regard interrogateur et fronça les sourcils.

— Toi, ça va pas, dit-elle en me détaillant.

— Si si, j'ai juste...

Une migraine ? Pas assez dormi ? Aucune excuse ne pouvait expliquer mon comportement de parano.

— Fais pas genre, t'es tendue comme pas possible.

O.K., je ne pensais pas que cela se voyait autant. J'étais vraiment nulle pour ce qui était de cacher mes émotions.

— Tu commences dans cinq minutes ? demanda la brune.

Je hochai la tête, la gorge nouée.

— Par quoi ?

— His... histoire, articulai-je.

— O.K. ça va. Viens.

Quoi ?

Victoria tourna les talons en faisant un signe de tête pour que je la suive. Hésitante, je lançai un regard vers le lycée tandis qu'elle s'éloignait. Je ne savais pas à quoi elle jouait, mais si elle voulait m'emmener ailleurs, je n'allais pas dire non.

Tout, sauf le bahut.

Je rattrapai la brune en trottinant, l'air semblait mieux passer dans mes poumons à chaque pas.

— Tu veux aller où ? questionnai-je.

— On va se poser au parc, c'est pas loin et c'est tranquille, répondit-elle simplement.

— Mais... pourquoi ?

Ses yeux bleus se tournèrent vers moi, m'observant de la tête aux pieds.

— Je sais pas ce que tu as, mais tu frôles la crise d'angoisse. Me dis pas que tout va bien.

— Et... et les cours ?

— Ça sera ni la première ni la dernière fois que je sèche.

N'ayant plus d'arguments, je me tus. Je n'avais jamais beaucoup parlé avec Vic, j'étais étonnée de ce qu'elle faisait pour moi. Quelques minutes plus tard, on arriva enfin dans le parc de verdure. On s'assit à l'ombre d'un arbre, à l'écart des gens. À peine avais-je touché l'herbe que je m'allongeai sur le dos, les mains sur les yeux.

Ailes MortellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant