La nuit commençait tout juste à tomber. L'air se faisait encore plus froid. La neige allait bientôt se recouvrir de gel. À l'intérieur du chalet, heureusement pour nous, il faisait chaud. La cheminée nous aidait beaucoup à nous réchauffer. Nous étions allés nous promener presque une heure près du lac. Nous avions pris des photos, et j'en avais même envoyé une à mes parents du paysage. Ils avaient trouvés ça magnifique.
- Une autre coupe de champagne pour monsieur ?
- Avec plaisir !
Alex vint vers moi, un verre dans la main, rempli de cet alcool pétillant. J'étais totalement avachi dans le canapé, un plaid reposait sur moi. Je m'assis correctement, avant de prendre la coupe entre mes mains, et bu une gorgée.
- Il est vraiment très bon. Je ne savais pas que tu t'y connaissais.
- À vrai dire, je ne m'y connais pas du tout. J'ai demandé à mon cousin de prendre le meilleur.
Je lui souris, avant de poser délicatement le verre qui devait coûter une fortune sur la table basse. J'avais passé une journée absolument incroyable, et je ne voulais pas rentrer. Il nous restait l'intégralité de la journée de demain. Nous avions prévu d'aller manger dans un des restaurants de la ville, qui se trouvait à vingt-minutes d'ici en voiture.
- Tu te sens en sécurité, ici ?
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Car tu m'as dit que tu ne te sentais pas en sécurité à Chicago. C'est pour ça que je t'ai emmené ici, pour te changer d'air, et pour que tu sois avec moi.
En sa compagnie, je me sentais tout le temps en sécurité. Mais, malgré ça, j'avais un instinct qui résistait au fond de moi. Un instinct que rien de tout ça n'était terminé. Je ne répondis pas à Alex. Au contraire, je retournai mon regard vers lui, les sourcils un peu froncés.
- Est-ce que tu penses que tout ça est réellement terminé ?
- Pourquoi tu dis ça ? Monsieur Ariston était celui qui a fait tout ça, bien sûr que c'est terminé.
- Qui nous dit vraiment qu'il a fait tout ça ? Les preuves qu'ils ont retrouvées chez lui ? Tout le monde possède un couteau de cuisine, tout le monde possède des cordes...
- Mais pas tout le monde a le téléphone qui a permis de vous appeler.
Je m'arrêtai. Il avait raison. Cette histoire était encore gravé dans ma tête, et cela pour un bon bout de temps. Je repris mon verre de champagne qui m'attendait, et bu une gorgée. Alex me regardait, mais ne disait rien. Peut-être qu'il pensait à la même chose, comme tous les autres.
- Max, tout ça, c'est derrière nous, tu le sais...
- Je le sais, mais regarde. Dans les films, la personne que tout le monde pense qu'est le coupable ne l'est pas réellement.
- Sauf que nous ne sommes pas dans un film, encore une fois. Des choses horribles arrivent, certes, mais ici, c'est la vraie vie. Le paysage qui s'offre à toi n'est pas un fond vert, tu sais.
Je me levai du canapé, et me rapprochais de la fenêtre. En effet, il ne s'agissait pas d'un fond vert. Il commençait légèrement à neiger, par ailleurs. Je pouvais voir des maisons, un peu plus loin, éclairé. J'avais appris que nous étions en fait dans une sorte de grande résidence, et que le cousin avait acquis ce chalet suite au décès de son père. Au moins, il y avait de la population près de nous. C'était rassurant.
- Je serai toujours là pour toi, Max. Pour ta sécurité.
Je me retournai, pour faire face à Alex, qui se tenait debout. Il avait posé son plaid sur ses épaules, et m'invita à l'intérieur de ses bras. Je lui souris légèrement, avant de m'agripper à lui. Pourquoi j'avais vécu ça ? Pourquoi essayer de faire tant de mal à mes proches, à moi ? Un adolescent ne devrait pas passer par cette étape. Il devrait vivre sa vie de jeune adulte normalement. Malheureusement, j'avais dû sauter une case trop vite.
- Tu penses que je pourrai passer au-delà de ça, un jour ?
- Tu es quelqu'un de fort, Max. Toi et moi le savons. Tout le monde le sait. Tu as su sauver deux de tes proches, je te rappelle.
- Mais j'aurais pu en sauver deux autres...
- Tu n'étais pas au courant de ce qui se passait ! Tu ne savais pas qu'un malade mental était à tes trousses.Je pleurai. Je pleurai, car je pensais à Maddy, à Tom. Ils avaient eu le malheur de tomber avant moi sur monsieur Ariston. J'aurais pu les sauver, ils pourraient être à côté de moi en ce moment même. Alex prit ma tête entre ses mains, et essuya les gouttes qui avaient roulé le long de mes joues à l'aide de ses pouces.
- Tu ne dois pas t'affliger cette souffrance, Max. Maddy et Tom sont très fiers de toi.
- Je l'espère...
Je savais qu'il était sincère dans ses propos, et qu'il essayait tant bien que mal de me remonter vers le haut. De me faire comprendre que je n'étais pas à l'origine de tout ça. Mais, sans moi, mes amis n'auraient pas connu ça. Il n'y aurait pas eu tant de morts dans mon entourage. Alex avait beau me dire ce qu'il voulait, j'avais une part de culpabilité au fond de moi, et qui allait rester ici un bon moment.
XXX
Je me trouvai dehors, j'avais repris un peu le sourire. Nous avions joué au Uno avec Alex, afin de me changer les idées. J'avais gagné, et il était un très mauvais perdant. Je ne savais pas ça de lui, par ailleurs. Il essayait d'inventer des règles, me disant qu'on pouvait aligner plusieurs "+2" à la fois, tout comme les "+4". Les personnes qui avaient inventé ces foutues règles étaient tout simplement des mauvais joueurs, et voulaient à tout prix gagner la partie. Or, c'était moi, le vainqueur.
- Mon chéri ! Enfin, tu nous appelles, on commençait à se faire du souci.
J'entendais ma mère à l'autre bout du téléphone, heureuse comme ci nous nous étions pas parlé depuis plusieurs jours. Or, je l'avais simplement quitté en début d'après-midi, et seulement pour quelques jours.
- Je vais bien, je tenais simplement à t'appeler comme prévu.
- Je suis contente d'avoir ton coup de téléphone. Papa est en train de regarder son match de foot, comme à chaque fois, alors je cuisine.
- Tu cuisines quoi de bon ?
- Des haricots à l'eau avec du lapin !
Une moue dégoûtée se dessina sur mon visage. Heureusement que je n'étais pas resté à la maison ce week-end. J'avais horreur du lapin, comme j'avais horreur des haricots à l'eau. Ca n'avait pas de goût, c'était tout simplement fade. Comme une impression de manger de l'air. Mais ma mère essayait d'entamer son cinquième régime, qu'elle avait vu sur YouTube. Le nom de la chaîne ? "Maman et Maigre". À croire qu'une mère ne pouvait pas avoir des rondeurs.
- On a vu les photos avec papa, c'est magnifique dis moi.
- Oui, c'est très beau. Je t'y emmènerai un jour, ce n'est pas très loin.
- Oh, attends, l'eau est en train de bouillir, je vais mettre mes haricots.
Elle déposa le téléphone sur le comptoir de la cuisine. Plus personne au bout du fil. Je pouvais simplement entendre mon père crier en arrière-plan, hurlant sur un des joueurs de son équipe favorite. Je me rapprochai de la fenêtre, et je pouvais distinguer Alex derrière les fourneaux. Au moins lui était en train de me préparer quelque chose de bon pour ce soir. J'étais à l'extérieur, voulant un peu plus de calme pour parler à mes parents. Même s'il faisait extrêmement froid, je profitai de la vue qui s'offrait à moi. Tout simplement splendide.
- Je suis de retour ! Excuse moi Maxou.
- Pas de soucis. Tout le monde va bien sinon ?
- Écoute, pas de nouvelles bonnes nouvelles ? Et toi, comment va Alex ?
Je m'arrêtai net, alors que j'étais en train de faire les cent pas sur le perron du chalet. J'ouvris grands les yeux, ainsi que la bouche. Comment savait-elle que j'étais avec lui ? M'avait-elle espionné à travers les fenêtres de la maison ? Malgré le froid glacial, je pouvais sentir mes joues qui devenaient toutes rouges.
- Je... Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Tu penses encore nous prendre pour des lapins de trois semaines encore longtemps, Max ? Tu sais, je suis ta mère, je sais les... Merde ! En parlant de lapin, il est en train de brûler, ne quitte pas !
Je me mis à rire, alors que j'entendais ma mère crier des choses tout à fait indescriptibles. J'entendis la porte s'ouvrir, et la silhouette d'Alex se dessina. Il sortit un feu de sa poche, avant d'allumer sa cigarette.
- Bon, bah mon repas est raté pour ce soir, on restera sur des haricots verts. Bon, on en était où ?
- Je...
- Ah oui, Alex ! Ce fameux Alex ! On doit dire que tu as de bon goût, tout de même. C'est respectable à dire.
Je restais bouche-bée, alors que mon copain était en train de me regarder, un sourcil levé. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Et d'ailleurs, moi non plus. Moi qui craignais tellement leur réaction. Même si je savais qu'ils allaient l'accepter, je ne pensais pas que ma mère me balancerait tout ça, comme ci de rien n'était. Je n'arrivais pas à parler, beaucoup trop chambouler par la situation.
- Non, c'est vrai, tu as bien pioché mon fils. Comme quoi, tu tiens bien de ta mère !
- Mais... Comment tu sais ?
- J'ai l'œil. Comme je t'ai dit, je suis ta mère, je sais les choses. Comme la fois où tu m'as caché que tu avais fumé avec Athéna. Mais c'est une autre discussion. Le soir où tout le monde a dormi à la maison, je suis allé voir que tout allait bien pour vous dans le bureau. Et je t'ai vu dans ses bras. J'ai vite compris, tu sais.- Et papa... Il est au courant ?
- Bien sûr ! Je ne vais pas te le cacher, ça a été un petit choc pour tous les deux. C'est normal, mais quand on a vu ton sourire, quand tu invitais tes amis et Alex chez toi. On s'est dit que peu importe, que tu aimes les hommes, les filles, les chiens, les chats, tant que tu es heureux, on est heureux pour toi mon chéri.
Je croyais vraiment être dans un rêve. J'avais les larmes qui montaient, mais je me retenais. Alex s'approcha de moi, ne comprenant vraiment pas la discussion que j'étais en train d'avoir avec ma mère. J'avais beaucoup à lui dire ce soir.
- Bon, on en reparlera à la maison de toute façon ! Passe une bonne soirée mon chéri, et n'oublie pas de m'envoyer un SMS demain !
- Euh... Oui, promis. Bonne soirée maman.
Je raccrochai. Je regardai par terre, ne sachant pas quoi dire. J'étais plus qu'agréablement surpris. J'étais heureux. Un poids en moins qui se libérait. Je n'aurais plus à me cacher, à mentir à mes parents. Alex continuait à me questionner du regard, mais au lieu de lui répondre de vive voix, je me précipitai dans ses bras, et posai mes lèvres sur les siennes. Profiter du moment que Dieu nous donnait. Profiter de la personne qui faisait chavirer notre cœur.
- Je peux savoir ce qui se passe ?
- Ma mère m'a appelé, et m'a demandé comment tu allais. Mes parents savent pour nous.
- Et qu'est-ce qui se passe ? Tu vas devoir venir habiter avec moi du coup ?
- Je réagirai comme ça si mes parents auraient mal réagis, tête de nœud ?
Il se mit à rire, avant de me porter à l'intérieur. Ca sentait bon la nourriture, mais je n'eus pas le temps de regarder ce qu'il était en train de faire à manger, que monsieur me posa sur le lit. Il se rapprocha de moi, tout en m'embrasant, parcourant ses mains sur tout mon corps. Des papillons dans le ventre, des frissons qui parcouraient l'intégralité de mon corps. Pour la première fois de ma vie, je venais de faire l'amour avec Alex. Pour la première fois, je venais de faire l'amour avec un homme. Pour la première fois, je ressentais de l'amour pour un homme.
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911 : Mon ange gardien [BXB].
General FictionMax, 18 ans, possède une vie d'un adolescent tout à fait banale. En dernière année dans son lycée de Chicago, et futur étudiant à l'Université de du même nom, il vit une vie normale, aux côtés de ses amis et de sa famille. Mais son quotidien ne sera...